XVIII.

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Héléna à son grand étonnement n'a pas flanché, elle n'a pas bougé d'un cil, rien. Face à elle, Pierre, perdu, n'en revient pas. N'étant même pas vraiment sûr d'avoir bien compris la révélation de la blonde, il a un léger rire, avance un peu sa tête.

Pierre : Pardon ?
Héléna : Tu as très bien entendu.
Pierre : Donc... Rosalie, ta fille, qu'on a vu au prime à Noël, celle que t'appelles souvent... c'est la mienne ?
Héléna : Oui Pierre, j'en ai qu'une.
Pierre : Mais... Pourquoi tu me le dit que maintenant ?

Héléna ne sourit pas, mais elle n'a pas l'air énervée non plus. À vrai dire, elle a le visage le plus neutre possible pendant que Pierre, le regard perdu, se mordillant les lèvres et se caressant le menton, tente tant bien que mal de digérer les informations.

Pierre : Héléna ?
Héléna : Mmh
Pierre : C'est vraiment moi ?
Héléna : Pourquoi je te mentirais ?
Pierre : Je, je sais pas...

Elle sort de sa poche la fameuse photo de la fillette, la tend à son père. Il l'observe perplexe, alterne quelques fois son regard entre Héléna et la photo de Rosalie, puis ses yeux se figent sur la petite fille. Un sourire s'étire même sur son visage, ému d'apprendre qu'il est déjà papa d'une si espiègle et adorable enfant. Il réalise quand même qu'il a loupé les trois premières années de sa vie, mais qu'il en sera responsable jusqu'à la fin de ses jours, ce qui l'effraie un peu.

Pierre : T'es tombée enceinte la dernière fois qu'on s'est vu, en Belgique ?
Héléna : Oui.
Pierre : Et en quatre ans tu m'as rien dit ?
Héléna : Je voulais te protéger.
Pierre : Mais Héléna on a le même âge ! T'étais aussi jeune que moi je te rappelle !
Héléna : Oui mais c'est différent. Toi t'avais la musique, t'étais passionné. Déjà à l'époque c'était toute ta vie !
Pierre : Héléna, toi aussi t'avais des rêves, des passions. Tu kiffais la musique, t'adorais la danse, t'en faisais énormément, tu rêvais de découvrir le monde...
Héléna : La danse j'en faisais quinze heures par semaines, j'en pouvais plus, je crois que j'ai bien fait d'arrêter à ce moment-là. Et puis tout le monde à des rêves tu sais, c'est pas grave, je l'aime plus que tout ma fille... Et j'ai voyagé quand même, avec elle certes, mais on a voyagé !
Pierre : Mais je comprends pas pourquoi tu me l'as même pas dit.
Héléna : Je te le répète, je voulais te protéger, c'était pour ton bien.
Pierre : C'est absurde Héléna, tu sais très bien que je t'aurais aidé !
Héléna : Pourquoi t'as pas compris quand je t'ai montré la photo l'autre jour ?
Pierre :  Pourquoi tu changes de sujet comme ça ?

Elle le regarde avec insistance, il comprend rapidement qu'il vaut mieux qu'il réponde.

Pierre : C'était pas évident comme ça, sur le moment...
Héléna : Tu plaisantes ? Physiquement elle n'a que mes yeux, le reste c'est toi trait pour trait !

Il tient toujours la photo entre ses mains, y jette un rapide coup d'œil pour vérifier les dires d'Héléna.

Pierre : T'as pas tort, mais jamais je n'y aurais pensé, jamais j'aurais cru que ce soit possible que tu m'ai caché ça tout ce temps.
Héléna : Que tu n'ai pas compris ce n'est pas le plus grave, le pire c'est que tu ne m'ai même pas reconnu après tout ce qu'on a vécu.
Pierre : C'est pour ça que tu t'es mise dans cet état et que tu m'as engueulé ? Parce que je t'ai pas sauté dans les bras après quatre ans sans se parler ? Hélé, le pire c'est que tu m'ai quitté vulgairement par message du jour au lendemain alors que t'étais enceinte de moi, sans jamais me le dire.
Héléna : J'avais pas le choix.
Pierre : Si, bien sûr que si. On a toujours le choix.
Héléna : Non Pierre,  c'était le mieux. Pour toi, pour moi, pour nous, pour nos familles.
Pierre : Héléna, on est pas Roméo et Juliette, nos familles elles auraient accepté qu'on se débrouille tous ensemble, si elles avaient su.
Héléna : C'était mieux comme ça je te dit. C'est pas toi qui était enceinte et qui devait prendre une décision le plus vite possible, en sachant que dans tous les cas ça allait bouleverser ta vie.
Pierre : D'accord, et je ne dirais jamais que ça a été facile pour toi, mais c'est pas toi qui apprend quelques jours avant la fin d'une émission de chant que t'as une fille de trois ans et demi que t'as jamais vu, et qui ne connais même pas ton existence. Je sais que ça a été dur pour toi, mais tu peux pas savoir à quel point c'est difficile de revoir son ex après des années et de pas comprendre pourquoi elle nous repousse alors que, malgré tout, elle fait partie de nos plus beaux souvenirs.

J'aimerai garder le meilleur de ceux qu'on était ☁️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant