XXVI.

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Quand Rosalie lui ouvre le médaillon pour lui montrer la photo à l'intérieur, Pierre est surpris de voir que, malgré tout, Héléna n'a pas changé la photo. C'est une photo prise par un ami photographe lors d'une soirée sur une plage d'Arcachon. On peut voir Pierre et Héléna les mains entrelacées, la main droite de Pierre caressant la joue de la jeune femme, leurs regards valant bien plus qu'un long discours et exprimant tout les sentiments qui les unissaient à ce moment-là. Et pour couronner le tout, un superbe coucher de soleil en fond. En revoyant cette photo, le jeune normand est pris d'un élan de nostalgie, il lève la tête pour voir la réaction d'Héléna, qui a les larmes aux yeux. Il referme le médaillon et regarde l'inscription au dos : « P & H - 21/06/2019 ».

Pierre : Notre rencontre. Ça fera bientôt 5 ans...

Murmure-t-il.

Héléna : Tu t'en souviens ?

Dit-elle dans un murmure également, pour ne pas mêler leur fille à tout ça.

Pierre : C'est vraiment une question ? Je te rappelle que c'est moi qui l'ai fait graver ce médaillon en plus...

Elle ne répond pas et se mord la lèvre inférieure, elle s'en veut d'avoir réagit comme ça.

Rosalie : T'as vu elle est belle la photo !

Il acquiesce.

Pierre : Tu sais ce qui a écrit au dos ?

Héléna lui fait signe de la tête que non, et elle montre bien qu'elle n'a pas tenu à le dire à sa fille.

Rosalie : Non, je sais pas lire.
Pierre : Et bien il y'a écrit nos initiales à ta maman et moi, P & H, et en-dessous il y'a écrit 21/06/2019...
Rosalie : Oh c'est la fête de la musique !

Le coupe-t-elle.

Pierre : Tu sais ça toi ?
Héléna : On y va tous les ans depuis qu'elle est née, elle adore ça, elle a tes gènes je te rappelle !
Pierre : Les tiens aussi hein, madame la demi-finaliste !
Rosalie : Mais pourquoi y'a la fête de la musique de marquée alors ?
Pierre : Parce que c'est le jour où on s'est rencontrés. Le 21 juin 2019.
Rosalie : Moi je suis née le 22 juillet 2020 !
Pierre : Ah oui ça je sais !
Héléna : Bon, t'as plus faim finalement ?
Rosalie : Si si, j'ai encore plus faim maintenant !
Héléna : Allez viens, on y va.

Elle commence à la guider vers leur table, Pierre se redresse pour aller se servir, mais à nouveau, Rosalie en a décidé autrement. Elle s'arrête net, stoppant ainsi sa mère, et se retourne vers son père.

Rosalie : Tu viens manger avec nous ?
Pierre : Ça, ça dépend de ta maman.

Dit-il avec un grand sourire et un clin d'œil pour embêter Héléna, ce qui la fait sourire.

Héléna : Bon, visiblement j'ai pas trop le choix. Allez va te servir et rejoins-nous !

Évidemment il s'exécute et rejoint rapidement Héléna et leur fille pour déjeuner. Rosalie mange avec beaucoup d'appétit, ce qui fait rire Pierre.

Pierre : Tu l'as pas nourrie depuis que t'es sortie ou quoi ?
Héléna : Arrête on dirait que je la maltraite après alors qu'elle mange 4 fois par jour comme un goinfre !

Voyant que la fillette est occupée par son petit-déjeuner et son carnet de coloriage, Pierre décide de poser à Héléna une question qui lui brûle les lèvres depuis plusieurs jours maintenant. Il se rapproche donc un peu d'elle pour ne pas être entendu par Rosalie et sourit.

Pierre : Pourquoi tu lui as donné le médaillon ? Enfin plutôt pourquoi elle le porte tout le temps depuis qu'elle est née, avec cette photo, alors que tu ne lui as jamais parlé de moi ?
Héléna : Mmh... Bonne question. En fait j'y tenais comme à la prunelle de mes yeux à ce médaillon.
Pierre : Ah bon ? Moi qui pensais que tu l'avais jeté ou mis au fond d'un carton à la cave !
Héléna : Jamais j'aurais fait ça. Je l'ai porté chaque jour de ma grossesse, et, naturellement, quand elle est née, je le lui ai donné.
Pierre : T'as pas perdu ton temps d'ailleurs !

Dit-il en sortant la photo qu'elle lui a donné.

Héléna : T'es bête. Et d'ailleurs moi je remarque que tu as toujours sa photo avec toi !
Pierre : J'ai loupé trois ans et demi de sa vie, donc j'avais besoin de m'habituer à sa présence en quelque sorte.

Elle baisse les yeux, mais il lui relève le menton et tourne son visage vers lui.

Pierre : Je crois que je t'en veux plus. Enfin je t'en voudrais forcément un peu toute ma vie, mais j'ai essayé de comprendre pourquoi t'as fait ça, et même si ça me parait fou, je crois que j'ai compris. Ce qui me fait de la peine c'est que je l'ai loupé les trois premières années de sa vie, qui sont souvent les plus importantes, et ça je pourrais jamais le rattraper...
Héléna : Je sais. Et moi aussi je m'en veux tous les jours depuis que j'ai appris que j'étais enceinte, et encore plus quand elle est née et que c'est devenu concret. C'est pour ça que je gardais le médaillon quand elle était dans mon ventre, c'était une façon pour moi de me dire qu'elle était connectée à toi d'une certaine façon...

Il la regarde d'une façon étrange.

Héléna : Me prend pas pour une folle ! Avec les hormones et tout, c'était pas facile...
Pierre : Je te prend pas pour une folle, je trouve ça mignon.

Il sourit, ce qui fait sourire Héléna à son tour.

Héléna : Et quand j'ai accouché, qu'ils me l'ont mise dans les bras, dès qu'ils ont eu le dos tourné, je lui ai mis le médaillon autour du cou. Moi je ne pouvais pas continuer à le porter, c'était trop étrange. Mais elle il fallait qu'elle le porte, j'en avais besoin. C'était pour moi aussi une façon de l'accepter, ça me faisait du bien de te savoir un peu avec elle tous les jours alors qu'à cause de moi elle ne te connaîtrais jamais...

Elle est au bord des larmes, mais se retient devant sa fille.

Pierre : Eh Hélé, tu pleures ?
Héléna : Non, non, t'inquiètes pas, c'est bon.

Ment-elle en essuyant les petites gouttes salées qui commencent à couler le long de ses joues.

Pierre : Je peux pas te prendre dans mes bras et t'embrasser sur le front parce qu'il y'a du monde autour, et que c'est déjà chelou qu'on mange tous les trois, mais sache que l'envie ne me manque pas. Comme je viens de te le dire, même si c'est difficile, je suis en train de pardonner, d'accord ?
Héléna : Je trouvais mon choix logique, mais maintenant...
Pierre : Héléna, c'était un choix difficile, dans tous les cas la décision était difficile. Certes je suis déçu que tu n'ai pas préféré me le dire et tenter de l'élever avec moi, mais maintenant le choix est fait, et ça ne servirait à rien de t'en vouloir à mort. En plus, je suis sûre que tu as été une maman extraordinaire pour elle pendant ces trois années, donc je ne peux pas t'en vouloir !

Encore une fois, un sourire illumine son visage, ce qui fait sourire aussi Héléna. Ça lui fait du bien de retrouver peu à peu leur complicité d'avant, quand elle pouvait pleurer pendant des heures sans s'arrêter, et qu'en un regard il la faisait rire aux éclats.

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La suite de la scène d'hier et de leur rencontre, j'espère que l'histoire vous plaît toujours !

Merci encore pour tous vos retours, ça me touche, le prochain chapitre devrait sortir demain ♥︎

Passez une belle journée <33

J'aimerai garder le meilleur de ceux qu'on était ☁️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant