Tout d'abord, je tenais à m'excuser pour cette longue attente depuis le chapitre précédent. J'ai eu du travail, la grippe aussi, et ça n'a pas aidé. Et pour ceux qui écrivent, vous savez à quel point l'inspiration peut parfois être très présente et d'autres difficile à trouver. Surtout là, c'était le dernier chapitre, je le savais, et pourtant j'écris cette histoire depuis juin, alors c'est forcément un peu difficile de la quitter. Bref, j'espère que cette fin vous plaira, qu'elle correspondra avec vos attentes, et je vous laisse en profiter.
_______________________________________________________________________________________________Dimanche vingt-et-un juillet :
Ce soir, Héléna se produit au parc du Cinquantenaire pour la fête nationale. Avec Yahima, elles viennent d'arriver sur les lieux pour répéter, quelques fans sont déjà présents et, come à son habitude, la blonde prend quelques minutes pour faire des photos et discuter avec eux. Yahima était toujours à ses côtés, veillant à que tout se passe bien et accueillant le succès de sa belle-sœur avec un grand sourire chaleureux. Elle finit malgré tout par lui dire qu'il est l'heure d'aller répéter sur la scène prévue pour l'occasion, elle est attendue, et notamment par Elvin, son pianiste sur ce genre d'événements.
Quand Héléna monte sur la scène qui surplombe ce parc emblématique, elle sent les larmes lui monter. Elle se revoit enfant, sur les épaules de son grand frère pour mieux voir la scène, elle avait ses mains agrippées à ses cheveux dorés, le menton posé sur sa tête, et elle se sentait bien. Il faisait bon, ses parents riaient à côté d'eux, Arnaud était parti un peu plus loin, boire des bières avec des copains. Elle, pour la première fois de sa toute petite vie, elle voyait et entendait en vrai les artistes qu'elle écoutait à la radio tous les jours, et elle adorait ça. Elle avait mis sa plus jolie robe d'été, une longue qui tournait, et c'est son frère qui la faisait virevolter « comme une princesse ». Quand le concert avait débuté, il l'avait hissée sur ses épaules pour qu'elle y voit mieux, et Héléna avait éclaté de rire. Sur les épaules de Mathieu, elle voyait bien la scène, les gens autour, sa mère qui chantait à tue-tête, et rien ne laissait présager que quelques semaines plus tard, son monde allait s'arrêter de tourner. Tout le long de la soirée, Héléna était restée en hauteur, même quand elle s'était assoupie avant qu'il ne la réveille doucement pour lui glisser que son artiste favorite du moment venait d'arriver pour les dernières prestations du concert du vingt-et-un juillet. Elle avait écouté les derniers chansons le sourire aux lèvres, ses yeux d'enfants pétillants. Avec la nuit qui tombait l'air se refroidissait, ses parents étaient alors blottis l'un contre l'autre que son père prit doucement sa petite main dans la sienne avant de lui glisser un gilet sur les épaules par peur qu'elle attrape froid. Mais, sur les épaules de son grand frère, ses petites jambes tombant sur sa poitrine, les mains toujours enfouies dans ses cheveux, et rassurée par l'odeur familière qu'il dégageait, elle se sentait en sécurité. Au milieu de toute cette foule d'inconnu, tant qu'elle était sur les épaules de Mathieu, près de lui, elle avait l'impression que rien ne pouvait lui arriver. En même temps, quand on a quatre ans, on est jamais préparée à voir notre vie basculer en une fraction de seconde, mais ce soir-là, elle se sentait particulièrement bien. C'était la première fois qu'elle assistait à un concert, la première fois que ses parents la laissait veiller aussi tard, et surtout la première fois qu'elle avait ce sentiment profond d'apaisement, d'être à sa place. À cet instant là, tout semblait allait pour le mieux éternellement, et pourtant, quand elle repense aujourd'hui à ce vingt-et-un juillet deux mille six, elle sait qu'après plus rien n'a jamais été pareil.
Quand Héléna revient à elle-même, elle sent une larme rouler sur sa joue. C'est dans ce parc, il y'a dix-huit ans, qu'elle a vécu ses derniers instants heureux avant que la vie de son frère adoré ne s'arrête, quelques mois plus tard. Elle était trop jeune pour se rendre compte, mais maintenant elle sait qu'une partie d'elle s'est éteinte en même temps que son frère, et que depuis plus aucun vingt-et-un juillet n'a la même saveur, ce goût de fête. C'est finalement Elvin qui la tire définitivement de sa rêverie en lui posant une question sur la façon de jouer un passage de sa chanson, et la répétition se termine avant même qu'Héléna n'ait eu le temps de se replonger dans ses souvenirs toujours un peu douloureux. Elle se dirige ensuite vers sa loge du jour, et encore un fois tout va assez vite. On la laisse, certainement à tort, se faire manger à toute seule, et fort heureusement elle choisit des gnocchis, une des rares chose qu'elle maitrise en cuisine. Yahima s'assoit en face d'elle pour manger mais elles ne parlent pas beaucoup, profitant simplement du peu de calme qui leur est accordé avant la tempête nationale du soir. Après le dîner, la manageuse se lève pour aller retrouver son mari qui vient d'arriver au parc après avoir déposé Max chez des amis. Héléna regarde distraitement par la fenêtre quand elle voit sa belle-sœur enlacer son frère, et elle se dit qu'elle aussi elle aurait bien aimé avoir son amoureux à ses côtés ce soir. Malheureusement, contrairement à Yahima, le sien est désormais célèbre, et ils ont tous convenu d'un commun accord qu'il ne viendrait en Belgique que le lendemain, pour l'anniversaire de Rosalie. La jeune chanteuse finit par s'allonger sur la banquette de la loge, cherchant un peu de repos avant sa prestation du soir, qui, puisqu'elle est pour la fête nationale de son pays, la stresse plus que de raison, et certainement plus qu'un prime en direct ou une date de tournée. Ce soir, en plus de son frère et sa belle-sœur, ses parents seront là, et elle sait que ses tantes, ses cousins, et une grande partie de sa famille seront derrière leurs télés. Certains qu'elle n'a pas revu depuis sa sortie du château ou seulement à un mariage juste après la finale, et ça lui rajoute une pression supplémentaire. Elle a peur qu'ils n'apprécient pas la « nouvelle Héléna », l'artiste qu'elle est désormais, et une boule se forme dans son ventre. Elle imagine ces membres de sa famille qui la connaissent encore comme la petite étudiante sans grandes ambitions, derrière leur télé, à attendre sûrement beaucoup de cette prestation en l'honneur de leur pays, et sa plus grande crainte est qu'ils n'apprécient pas, qu'ils la trouvent pas à la hauteur. Quand elle s'est inscrite à la Star Academy, elle a eu le sentiment de décevoir sa famille, d'abord ses parents, puis tous les autres. Elle est la petite dernière, avant les enfants de son frère et de leurs cousins, et elle a toujours été la petite princesse de tout le monde. Déjà quand elle est tombée enceinte, elle a cru qu'elle allait décevoir toute la famille et s'est sentie immensément chanceuse quand ils ont accepté sa fille les bras et le cœur grands ouverts, mais là, une émission de télé-réalité pour devenir chanteuse, c'était encore autre chose. Encore un autre défi et un autre écart à sa petite vie bien rangée, toute tracée. Être chanteuse, artiste même, c'est le rêve intime de toute une vie, mais surtout la preuve pour sa famille qu'elle ne fait pas vraiment les choses comme tout le monde. Est-ce que c'est grave ? Franchement non. Surtout quand on voit comment sa famille s'est engagée dans sa carrière et à quel point ils sont fièrs d'elle, que ce soit pour ses textes ou sa fille. Et les autres, ceux qu'elle ne voit qu'à la Noël, eux aussi ils sont fiers et suivent sa nouvelle vie avec attention, même s'ils se voient trop peu pour le lui dire, ce soir ils seront évidement derrière leur télé à l'attendre impatiemment avant de l'applaudir les yeux brillants.
Mais ça, Héléna l'ignore, et comme depuis toujours elle se fiche une pression monstre par peur de décevoir ses proches ou ses fans, alors qu'au fond rien que de la voir cinq minutes derrière leur écran ou sur scène, de jolies boucles dorées tombant sur ses épaules, leur refera leur soirée. Elle tente de se calmer en faisant un tour dans sa galerie photos, tombant sur une vidéo de Pierre et Rosalie sur la plage, en Bretagne, le week-end où ils avaient décidé de se redonner une chance. Tout compte fait, c'était peut-être pas une si bonne idée de se replonger dans ces souvenirs, puisque maintenant les larmes lui montent alors qu'elle ne doit pas tarder à aller se maquiller pour aller donner des interviews dans le parc d'ici vingt minutes. Cette vidéo, du père de sa fille avec la prunelle de ses yeux rigolant sur le sable à côté d'un petit château bancale, elle a envie de se la tatouer sur le front tellement elle a le pouvoir de la faire sourire même dans les moments sombres. C'était il y'a trois mois seulement, mais c'est un peu devenu sa botte secrète contre les coups de blues. Cependant, aujourd'hui la botte secrète fait l'effet inverse, et son cœur se serre quand elle se rappelle que ce soir ni l'un ni l'autre ne sera présent, en grande partie pour des raisons médiatiques.
Après un séjour en Normandie tous les trois début juillet pour profiter de la simplicité des plages de la Manche et des potes de Pierre, ce dernier et Héléna s'étaient ensuite rendus tous les deux à Toulouse pour un festival en commun. C'était il y'a une semaine, et depuis, à part une nuit dans un hôtel toulousain et une dernière étreinte à côté de la portière entrouverte d'un taxi, ils ne s'étaient pas revus. Héléna était rentrée chez elle pour se poser un peu avant la fête nationale, et Pierre était allé fêter l'anniversaire de sa maman avec en surprise Rosalie, ce qui, il le savait, ravirait Émilie. Et ça n'avait pas manqué, puisque la jeune grand-mère n'avait pu s'empêcher de verser des larmes de joie à l'arrivée de son fils et de sa petite-fille l'après-midi de son anniversaire. Cette semaine, la fillette l'avait donc passée entourée de ses grands-parents, de sa tata-marraine, et bien sûr de Orel, le golden retriever, pour son plus grand bonheur pendant que Pierre retrouvait un peu les plaisirs simples des sorties entre copains, ou du studio avec Joseph, Daysy, Cobalt, et d'autres, sans l'enjeu de produire à tout prix.
Héléna finit par se ressaisir, il faut qu'elle se détente et se concentre, pour juste profiter d'une fête chaleureuse avec tout son pays adoré, où elle pourrait en plus faire ses preuves jusqu'en Flandre, puisque le concert sera évidemment diffusé partout. En plus, elle retrouvera Pierre et Rosalie demain, et cette longue attente ne rendra le moment que plus beau. Elle est prête, elle va pouvoir sortir de sa loge et se prêter au jeu des interviews au sein de ce lieu emblématique. Chanter pour le vingt-et-un juillet alors qu'il y a six mois elle était encore enfermée dans un château de banlieue parisienne, c'est un peu la consécration. Pour ce soir elle a choisi un ensemble lilas, sa couleur préférée, et juste avant de se noyer dans l'effervescence du parc du Cinquantenaire, elle saisit son sac à main kaki et en sort son téléphone. Elle retire la coque de l'objet, à l'intérieur de laquelle se trouve un trèfle à quatre feuilles, qu'elle retire, pour le glisser dans une poche de son sac. Et dans cette même poche, elle prend délicatement entre ses doigts un pétale de rose séché. C'est Pierre qui lui avait offert un bouquet de fleurs séchées la dernière fois qu'ils se sont vus avant leur rupture. Il les lui avaient offertes parce qu'il savait que son amoureuse n'avait pas particulièrement la main verte, et en plus il avait lu que les fleurs séchées pouvaient se garder plusieurs années. Il lui avait alors dit, sur le ton de l'humour malgré sa pensée très sérieuse « je t'offre un bouquet de fleurs séchées parce que le fleuriste m'a dit que ça pouvait tenir jusqu'à trois ans, alors quand tu les jetteras je t'en offrirais un pour t'épouser ». Elle avait éclaté de rire, lui aussi, mais au fond ils savaient tous les deux que c'était une révélation plutôt sérieuse, et ils espéraient très fort qu'elle se réaliserait. Quelques semaines plus tard, elle avait jeté le bouquet, comme pour matérialiser le fait qu'elle avait jeté Pierre de sa vie. Mais, au sol, juste à côté de la poubelle, elle avait retrouvé un pétale de rose. L'unique rose du bouquet avait laissé tomber l'un de ses pétales avant de finir aux oubliettes, et Héléna avait vu cela comme un signe. Elle qui avait toujours rêvé d'appeler sa fille Rosalie, à cet instant là elle est devenue persuadée d'attendre une petite fille, et elle savait qu'elle ne porterait aucun autre prénom que celui-là.
Depuis, Héléna a toujours gardé précieusement ce pétale avec elle, comme un symbole de sa fille, qui représentait invisiblement son amour perdu. En théorie, sur scène elle n'aura pas le droit d'avoir son téléphone, la moindre notification saurait la déconcentrer, et il ne faut surtout pas que ça arrive, pas ce soir. Pourtant, c'est ce qu'elle va faire. Elle le glissera dans la poche de son pantalon, juste pour avoir le pétale de rose contre sa peau, comme si c'était Rosalie qui était contre elle. Elle aurait aimé trouvé une autre solution, mais elle n'a pas de poche dans son haut, et dans seul dans celle du pantalon, son porte-bonheur pourrait se perdre.
Ça y est, Héléna est habillée, coiffée, maquillée, son téléphone est dans sa poche, et elle pose la main sur la poignée de sa loge pour aller retrouver Yahima et Arnaud. Au moment où elle actionne la poignée, elle entend que quelqu'un fait de même de l'autre côté. Un léger stress monte en elle, mais il disparaît vite quand l'individu ouvre la porte de l'extérieur. Deux yeux noisettes qui la fit fière la fixe, et quand elle baisse le regard pour en croiser un d'un bleu encore plus profond que le sien, elle a envie de pleurer. Pas maintenant, elle est maquillée, elle va bientôt aller voir des journalistes puis monter sur scène. Mais ça ne l'empêche pas de sentir une larme solitaire rouler sur sa joue, avant que Pierre ne la serre contre lui. Son odeur la rassure, et elle se surprend même à humer plusieurs minutes le cou de son amoureux, comme si ce simple contact, son parfum, suffisait à dénouer ce qui s'était former dans son ventre et dans sa gorge. Rosalie, juste à côté de ses parents, un brin vexée de ne pas être le centre de l'attention, décide de le redevenir assez rapidement.
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J'aimerai garder le meilleur de ceux qu'on était ☁️
FanfictionÀ tous les fans de la Star Ac et en particulier d'Héléna et Pierre, voici une fan fiction sur la promo 2023 et particulièrement sur eux, j'espère qu'elle vous plaira !