Sept heures du matin, un lundi d'octobre, une douce fumée s'échappait de la cheminée. Perséphone s'agitait dans la maison sous le regard las de Rémi. Même son frère avait renoncé à la suivre, c'est pour dire. Elle avait son sac à main de prêt, tous les contenants aussi et une liste. Tous étaient en ordre dans la voiture. Enfin, elle retourna dans sa chambre et se prépara. Une jupe et une chemise rouges enfilées plus tard, elle transporta la cage occupée dans le salon et libéra le canidé, après lui avoir retiré les scotchs.
- Va manger et reviens à mes pieds, annonça la propriétaire en enfilant ses bottines à talon.
Si tôt dit, elle emporta la cage dans la voiture et fit le point un café à la main. Les chiens mangeaient, les bocaux, sachets et contenants isothermes étaient dans la voiture, tous était prêt, sauf elle. Le marché commençait à huit heures, elle pouvait souffler et se préoccuper d'autres choses, comme ses mails. Et oui, lundi matin, marché, mails, surtout quand on ne les regardait pas la veille. Il y avait en tout cinquante quatre.
- Rémi ! Appolon ! Les gamelles ne se mangent toujours pas. Dans la voiture ! Et vous restez sages le temps qu'on arrive et au marché aussi !
La blonde rentra et se retrouva avec un chien aux pieds.
- Tu es autorisé à parler pendant que je te change, murmura la fériov en le déshabillant rapidement.
- Je suis votre propriété, votre chien, le numéro 981 123 321, dit Maximilien en essayant de rester éveiller.
Il reçut une tape sur les fesses avant qu'une combinaison grise ne le recouvre des genoux aux coudes. Retrouvant avec joie son ami de la veille, il atterrit dans sa cage dans le coffre. Devant son volant, elle se figea. Elle allait au marché, théâtre sociale des villages épargnés ou reconstruit. Elle y allait comme à chaque fois, comme chaque semaine, comme elle y était allée la première fois, sans que ses pieds ne sachent où ils la menaient, comme depuis plusieurs mois, comme les habitants lui souriaient, comme on pleurait à son passage, comme les détonations qui resonnaient, comme les clochers des temples, comme les rires des plus jeunes, comme les conversations des autres, comme le respect à son passage, comme le silence à son passage, comme le brouhaha vivant du village; comme à chaque fois ses pieds l'y menait sans sa tête et son âme perdait la raison mais son cœur battait quelques fois sans que ses bras ne sachent agir. Et comme à chaque fois, elle ne pouvait pas faire autrement . Comme elle voulait ne pas faire comme à chaque fois.
Elle démarra et se gara sur l'unique parking. Sac à main au bras panier sur la cage, elle fit sortir, d'abord ses deux compagnons à poil qui gambadèrent joyeusement aux alentours, puis fit difficilement descendre le chien très réticent à quitter la cage pour un milieu urbain inconnu. En l'état, il ne remarqua pas l'humiliation d'être le seul en laisse mais plutôt l'absence de vie du lieux. Pas un chat, pas un Feriov ne rodait. Les maisons se succédaient en un dédale de rues en pierres et de vieux volets colorés. Il tenta de la suivre correctement. Des fleurs ornaient les balcons et des enseignes flottaient dans l'air au dessus des boutiques. Maximilien ne comprenait plus rien. Les lieux ne ressemblaient en rien à ce qu'il avait connu. Le village ressemblait à une reconstitution moyenâgeuse; seuls les lampadaires qui évoquant ceux de l'ancien Paris du XIX ème siècle lui prouvait un semblant de modernité. Et le plan du village lui paraissait incongru, les rues s'entremêlaient sans sens malgré les quelques grands axes qu'il entrapercevait. Ainsi conçu, il ne pouvait pas deviner le nombre d'habitants. Et pourquoi le village était il désert ?
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Le destin de perdants
ParanormalUne grande guerre a séparé les deux grands peuples de la Terre: les Hommes et les Ferioves. Les deux prônaient deux idéologies inverses. Les perdants conaissent alors un destin terrible. Pour un public avertit