Le bureau était calme, apaisant. Tout était en ordre, rangé. Relisant encore et encore l'invitation, son café refroidissait et pourtant aucune goutte d'encre ne coulait sur le joli papier blanc. Le chien se tenait dans la position d'attente, sous l'ordre inflexible de sa maitresse.
- Position de rédemption. Met bien tes mains sur ta nuque.
Que pouvait - elle répondre à cette lettre. Elle était la dernière nominée, une réponse trop formel ou trop amicale nuirait à son statut. Elle se décida à répondre. Elle ne pouvait pas la laisser en suspens plus longtemps.
Dimanche 11 Octobre 3022 Chère Monsieur et chère collège,
Vous remerciant de votre invitation et de vos intentions vertueuses, je confirme ma présence lors de ce thé. Veuillez agréer Monsieur et chère confrère, l'assurance de mes sentiments les plus cordiaux.
Camille - Apolline SPHT Perséphone
- Position d'attente le chien !
Elle relut sa lettre et la trouva incomplète , trop rigide. Elle rajouta " et espère que cela sera fructueux". D'un geste sur, la militaire signa et plia la lettre, avant de la sceller puis de la mettre dans l'enveloppe. Finissant de la remplir, elle la posa au coin de son bureau.
- Position de punition 1 !
Le chien s'exécuta et devint rapidement tremblant, ses muscles avaient du mal à le faire rester ainsi. Sa jambe se balançait derrière lui, et il chuta quand Rémi le bouscula pour réclamer de l'attention auprès de Perséphone. Une pauvre sortie le matin ne suffisait pas pour un brack et un husky et Rémi aurait plus, il s'en assurerait.
- Que vais-je faire de toi ?, murmura la femme en le voyant chuter. Je vais devoir t'enfermer pendant des jours... Je ne peux pas l'emmener au centre, il n'est pas dresser, et encore moins au conseil, ça serait... Je tenterai de l'emmener demain et ce la me donnera ma réponse pour la semaine à venir, c'est la meilleur solution.
Elle se leva et, après lui avoir remis le deuxième collier, retourna dans la cuisine. Tous les bocaux vides finirent dans l'évier et un seau d'eau bouillante savonneuse fut préparé, avec une serpillère à l'attention du chien.
- Qu'attends tu? Des encouragements peut-être? Fais la vaisselle et passe la serpillère!
Le chien regarda le seau puis sa maitresse, le seau.
- A la main la serpillère, c'est logique, lâcha-t-elle en se dirigeant vers la buanderie, puis sa chambre les bras chargés. Il faut tous lui dire.
La gentillesse de sa maitresse demeurait insaisissable et incompréhensible. Elle lui faisait faire une tache normale, le torturait, l'habillait et le nourrissait correctement, le faisait patienter et le remettait amèrement face à sa condition. Le chien avait voulu effacé l'horreur précédente grâce à sa bienveillance lors du repas et l'ordre le mettait face à la réalité, sa réalité, être un chien, un esclave. Il avait voulut normalisé sa situation, il avait voulu oublier; il ne devait pas perdre de vue son objectif: fuir. Plus il restait, plus il serait en danger, ses motivations risquaient de s'effacer. Il devait retrouver la santé, gagner la confiance de la dérangée et disparaitre. Les bocaux propres s'empilèrent à coté de l'évier. En regardant le serpillère, Maximilien ne put retenir son rire. Il pouvait exceptionnellement se mettre debout, mais il devait passer la serpillère à la main. La femme était vraiment tordue... Il pouvait se mettre debout, mais il devait rester à quatre pattes. Avec un entrain évident, il prit la serpillère et le seau et commença dans le coin du salon. Frotter le sol en reculant à quatre pattes, plonger la serpillère en se brulant, essorer et recommencer; voilà son labeur jusqu'à revenir dans la cuisine puis dans le couloir. Il avait ramasser beaucoup de poils, un peu de poussière et quelques gravillons. L'animal commençait à remarquer la taille de la maison et de la propriété. Elle semblait immense et, il le supposait, il n'avait pas visité l'entièreté. L'humain avait toujours mal, la sensation d'écartèlement et de remplissage persistaient et ne voulaient pas le lâcher. En vidant le seau dans l'évier, l'extérieur lui parut apaisant. Quelques oiseaux et du vert à perte de vue, parsemé d'arbre; la guerre entre Humains et Férioves était finie. Celle entre son cœur et son cerveau, son envie de liberté et son devoir de militaire, la vie et la survie, ne faisait que commencer, et l'issu était incertaine. Et, dans cette cuisine, un acte de résistance, des plus anodins en apparence eut lieu.
- Je fais le serment de ne jamais abandonner... quitte à y passer ma vie.
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Le destin de perdants
ParanormalUne grande guerre a séparé les deux grands peuples de la Terre: les Hommes et les Ferioves. Les deux prônaient deux idéologies inverses. Les perdants conaissent alors un destin terrible. Pour un public avertit