Prologue

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Deux ans plus tôt...

Ne t'endors pas. S'il te plaît, ne t'endors surtout pas. Je me répète cette phrase en boucle dans ma tête. Et pour l'instant, ça fonctionne. L'air est glacial. Mes pieds nus s'enfoncent parfois dans la boue, je manque de trébucher mais je me tiens à tous les arbres qui ne sont pas recouvert d'épines pointues. Au début je courais. J'ai abandonnée car ce n'est pas une bonne idée dans cet endroit étroit. Je tremble de tout mon corps. Il faut que je sorte d'ici avant que la nuit ne tombe ou c'est fini. Mes dents claquent, de la vapeur s'échappe chaque fois que j'expire malgré le peu d'air que j'arrive à prendre. Je croise les bras contre ma poitrine pour essayer de me réchauffer, ce qui ne change rien. Mes doigts sont horriblement douloureux, je n'arrive plus à les bouger. Ma peau est froide, comme celle d'un cadavre. Ce que je serai bientôt si je ne sors pas d'ici.

Ma robe ne me couvre pas assez. Elle m'arrive jusqu'en haut des genoux, elle est légère et les bretelles glissent souvent de mes épaules. Je n'ai rien d'autre. Avant d'être couverte de boue, de taches vertes et de quelques gouttes de sang, elle était blanche. Ils ont dit que cela symbolisait la pureté. Je me souviens très bien du jour où j'ai dû la mettre.

Je continue de marcher, les pieds entaillés par les branches et les racines. Je ne sens pas la douleur, je suis anesthésiée par le froid. Je ne sais pas ce que je fais ici mais c'est une chance que je dois saisir. Cette forêt est terrifiante. Les arbres sont hauts, fins, couverts de branches pointues. Parfois il y a un court d'eau, des rochers, sinon rien d'autre que des arbres et ce silence. Le soleil se baisse dans le ciel bleu, et il arrive à me réchauffer un peu quand je passe dans sa lumière. Je décide de faire une pause contre un arbre quand ma respiration est trop difficile à reprendre. Mes poumons manquent d'air, c'est comme s'ils étaient devenus minuscules. Je décroise les bras et observe mes mains. Mes doigts sont bleus à cause du froid, je tremble, j'ai la chair de poule sur les bras. Je n'ai plus l'habitude d'avoir froid. J'avais oublier ce que ça faisait.

Soudain, j'entends une branche qui craque, et des oiseaux s'envolent de leurs branches. Je me redresse, les yeux grands ouverts et regarde partout autour de moi. C'est eux. Ils m'ont retrouvés. Pour eux, ce n'est qu'un jeu. Ils me relâchent, me traquent et me ramènent. Je reprends ma route, aussi vite que possible. La fatigue se fait de plus en plus ressentir. Cette forêt finira bien par déboucher quelque part. Je tends l'oreille, dans l'espoir d'entendre des voix humaines, le bruit d'une voiture, n'importe quoi. Mais rien. Mon estomac se serre; je prends peu à peu conscience que jamais je ne sortirais d'ici. Si je meurs, je vais y retourner. Et je ne veux pas. Hors de question d'y retourner. Je continue de marcher en regardant autour de moi et arrive à un autre court d'eau. Le son est apaisant, l'eau se faufile entre les arbres comme attirée par quelque chose. Je décide de la suivre.

Mes paupières sont lourdes, je peux sentir la nuit qui arrive. La forêt est de plus en plus sombre. Et c'est encore plus terrifiant. Je vais moins vite, en croisant de nouveau les bras. Mes dents claquent tellement que c'est un miracle qu'elles ne se brisent pas. Quand mon pied se prend dans une racine, je trébuche et atterrie sur le ventre, dans l'herbe et la mousse froide qui recouvre le sol. Je ne bouge plus, je n'en ai plus la force. La racine m'a entaillée la jambe, je le sens. L'eau continue sa route à côté de moi. Mes cheveux blonds et sales me recouvrent une partie du visage mais je suis trop fatiguée pour bouger. Je ne sens bientôt plus le froid, la fatigue prend le dessus et je me sens paisible. Peut-être que je me bats pour rien.

J'ouvre de nouveau les yeux au moment où j'entends des pas arriver vers moi. Je fais un effort surhumain pour bouger le bras. Je voudrais parler, hurler, mais aucun son ne sort. Je sens quelqu'un arriver tout près de moi mais je ne vois rien.

-J'ai trouvé quelqu'un !

C'est un homme. Des bottes marrons couvertes de boue viennent juste devant mes yeux.

-Qu'est-ce que tu fais ici jolie cœur ?

Ils sont deux. Une autre paire de botte arrive près de la première.

-T'es dans un sale état.

Il a l'air plus jeune que l'autre. Je suis incapable de répondre ou de bouger.

-Tu crois qu'elle a réussi à leur échapper ?

-Oh non, ça c'est impossible, regarde la.

Je sens deux grandes mains fermes m'attraper les bras. L'homme me tire jusqu'à ce que je sois debout. Je relève les yeux et découvre un visage sale, un sourire et des yeux sombres. Une barbe recouvre la moitié du visage de l'homme qui doit avoir une dizaine d'année de plus que moi. Enfin j'imagine, vu que moi, je ne sais pas quel âge j'ai. Ce sont des chasseurs. Leurs tenues le prouvent mais je vois qu'ils portent de simples pistolets, ce qui est étrange. L'autre, le plus jeune, semble m'étudier sous tous les angles. Je recule pour m'éloigner, en manquant de tomber.

-Laissez-moi.

-Si on te laisse toute seule, tu vas y rester. Soulève le jeune. C'est quoi ton nom ?

-Je...je ne sais pas je...

Le costaud s'approche un peu de moi alors je recule d'un pas.

-Je vais pas te faire de mal, jolie cœur. Comment tu t'es retrouvée dans cette tenue, au milieu de cette forêt ?

-Hé, on doit partir, Jeff. Lui dit l'autre en regardant autour de lui. Cette partie est dangereuse.

-On fait quoi d'elle ? Demande le dénommée Jeff en me regardant. Elle risque de parler. On a pas le droit de chasser ici, si on la laisse partir, elle va nous balancer.

-Alors on l'embarque.

-Mais si c'était un piège ? S'ils sont à ses trousses, on va les conduire sur nous.

-Et bien vois-la comme un appât.

Jeff hausse les épaules et m'adresse une sorte de sourire crispé.

-On va t'aider.

Ce n'est pas le genre d'aide que je voulais, mais je n'ai pas d'autres choix que de les suivre.



KrystalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant