Chapitre 6

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Le sol sur lequel je suis allongée est très dur, et froid. Comme du bitume. Il est aussi sale, je sens des petits cailloux sous mon corps engourdis. Une odeur de sel et de poisson frais chasse les restes du produit qui m'a endormie de mes narines. C'est lui.

La terreur fait battre mon cœur à toute vitesse et réveille une douleur dans ma tête et mon bras droit sur lequel je suis couchée, plié sous mon ventre.

J'ai reconnu ses yeux noirs. Il avait une force surhumaine et il est entré chez moi, pour m'attraper, et m'emmener, sans que je puisse me défendre. D'ailleurs, m'endormir était inutile, je n'aurais rien pu faire quoi qu'il arrive.

J'ouvre les yeux lentement, en essayant de savoir où je me trouve. Je distingue des caisses en plastique empilées sur la gauche et une table, avec des chaises. Tout est très loin. La salle est immense; le plafond arrondis et le sol gris, le tout éclairé par les fenêtres rectangulaires en haut des énormes murs vides, sont accessible par différentes portes dont deux à double battants, et trois toutes simple tout au bout, en face de moi. Je n'entends rien d'autre que la pluie qui tape sur les fenêtres ayant ce qui semble être des carreaux en plastique. Je suis dans un espèce d'entrepôt. Et si j'en crois cette odeur, au port. J'espère que je suis toujours à Edgewood. J'ai été enlever par cet homme aux yeux noirs. Des larmes envahissent mes yeux quand j'essaie de me redresser, à cause de la douleur. Mais je m'assois et frotte mes yeux de mon bras le moins douloureux. Je ne suis pas attachée.

Je relève les yeux pour étudier la salle, plus en détail. Je m'aide du mur derrière moi pour me lever, tout en comptant trois petites camionnettes garées juste à cinq mètres sur ma gauche, devant une porte de garage fermée. Une des portes du fond est ouverte, mais je ne vois rien de là où je suis. Pourquoi je suis seule ? Pourquoi je ne suis pas attachée ? Est-ce que c'est un jeu, un piège ?

Je déglutis péniblement et fais quelques pas en avant, en me tenant le bras. Mais là je réalise que non, je ne suis pas seule. Un homme et une femme sortent de derrière les caisses empilées, pour me regarder dans les yeux avec des sourires féroces. C'est eux qui étaient avec lui, dans mon bar, ce soir là.

Je reconnais leurs visages, mais la différence c'est le sang qui couvre leurs vêtements. Je recule très vite jusqu'à heurter le mur, où je plaque mes mains. La peur m'étourdit et je déteste leur montrer que j'ai peur. Je devrais être courageuse. Me redresser, leur demander ce que je fais là et leur ordonner de me relâcher. Au lieu de ça, je ne dis rien, et mes yeux supplient. Les tortures en enfer, ce n'était pas réel, pour moi. J'étais morte. Là, c'est différent. Tout est différent, comme si j'avais oublié comment survivre.

-Vas lui dire qu'elle est réveillé. Demande l'homme à la femme. Il faut se dépêcher.

La rousse a coiffée ses cheveux d'une tresse, et elle se déplace avec une grasse étonnante, comme si le monde lui appartenait. Son copain me regarde intensément, et je sais ce qu'il voit.

-Tiens toi tranquille, sinon tu ne sera plus en mesure de parler.

Parler ? C'est qu'il  attend de moi ?

Je me redresse de tout mon corps quand la porte du fond s'ouvre et qu'il apparaît. A la lumière du jour, il me semble très différent. Et quand ses yeux noirs rencontrent les miens, c'est mon cœur qui se pétrifie. Je n'ose pas respirer, mais je ne baisse pas les yeux non plus. La jeune femme qui a été le chercher vient à sa droite, et me regarde aussi.

-Tu veux faire ça tout seul, n'est-ce pas ?

-Ce n'est pas une bonne idée. Dit l'autre homme en se retournant vivement. Je continue de le penser, et puis regarde-la.

KrystalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant