De nos jours...
Mon plateau m'échappe des mains et il tombe sur le sol. Le bruit des verres qui se brisent et du plateau qui résonne au sol fait revenir le silence dans toute la pièce. Seule la musique se fait encore entendre. Je reste pétrifier un long moment avant de relever la tête quand des applaudissements et des éclats de rire parcourent les clients présents. J'affronte le regard de ma patronne et la surprise de mes collègues, sans pouvoir faire taire mes émotions. Comment sait-il que je m'appelle Élisabeth, et pourquoi l'écrire sur ce papier ? Il était trop loin du comptoir pour entendre les gens m'appeler et je ne l'ai jamais vu de ma vie. Qu'est-ce qu'il me veut? Me faire peur, me ramener de là où je viens, me tuer ? J'ai baisser ma garde trop longtemps. Je suis souvent sortie, je suis exposée, et je n'ai jamais appris à me défendre alors évidement, je suis une cible trop facile.
-Eli, ça va ?
Je relève les yeux vers mon collègue qui s'est approché, et détache mon tablier.
-Il faut que je rentre.
Je n'entends pas ce qu'il me dit, je fonce dans les vestiaire et prends mon manteau. Je sors sous quelques regards de client, et sans faire attentions à tous les bruits qui envahissent ma tête. Une fois dehors, je me fige et regarde chaque détails de la rue, chaque ombres, chaque cachettes possible et chaque toits. Il n'est plus là. Je passe ma main dans mes cheveux bouclés, qui descendent jusque dans mon dos. S'il connaît mon prénom, que sait-il d'autre, à mon sujet ? Je ne me sens déjà pas en sécurité chez moi. Je respire l'air froid de la nuit en prenant le chemin habituel, sachant que c'est le plus court, pour rentrer chez moi. Je sais que c'est débile, mais je me suis trouvée un de ces spray au poivre, que je garde toujours sur moi. Même si ce n'est pas les petits voyous que je crains, je serre fort la petite bouteille dans mes mains en marchant. Je sursaute à chaque bruit, et regarde partout en essayant de repérer les mouvements. Il n'y a pratiquement personne, je ne vois que des volets fermés et des voitures garées, tout est silencieux.
Je respire mieux en voyant mon immeuble, avant de me dire qu'il m'attend peut-être chez moi. Je sors mes clefs avant même d'être de l'autre côté de la rue et me dépêche de monter les escaliers, en sursautant quand la lourde porte se ferme en bas des marches. La lumière au-dessus de moi ne marche plus et je suis plongée dans le noir, ce qui n'arrange rien, alors je prends mon téléphone pour éclairer la serrure. Pas d'effraction. Il n'est pas là. Etau bout d'une éternité, la porte s'ouvre, j'entre et la referme derrière moi. Je la verrouille aussitôt après avoir allumé et, ne pouvant plus tenir debout, je m'assois sur le sol pour reprendre mon souffle. C'est bon, j'ai réussi. Je suis chez moi, tout va bien. Je plis mes genoux contre ma poitrine et enroule mes bras dessus pour y poser ma tête. Quand je suis venu vivre ici, je n'avais pas imaginé tout ça. J'ai vu la beauté de la ville, avec sa nature et ses jolies endroits touristes, un vrai petit paradis. Je rêve de pouvoir profiter d'une vue sur la mer en buvant un verre sur le port, ou juste faire le tour de la ville avec un carnet de dessin et un crayon. Mais ça, c'est pas pour tout de suite. Je vais mieux. Et je sais que c'est grâce à ma vie ici, même si elle ne paraît pas génial. Mais rien a changer, je suis toujours celle que j'étais dans cette forêt. Et je déteste ça. Je devrais me remettre, c'est vrai, ça fait déjà plus de deux ans.
Je soupire en baissant mes mains pour regarder le couloir à ma gauche. Je commençais à l'aimer, cet appartement. Je me lève, retire mon manteau et mon foulard et les accroche sur le porte-manteau à côté, un peu plus petit que moi. Je retire mes chaussures et les laisse sur le sol avant de me tourner vers la porte et de vérifier trois fois, peut-être quatre, qu'elle est bien verrouillée. Je me rends dans la cuisine, sur la droite et allume la lumière aussitôt. La pièce est assez petite et pas très moderne mais vu ce que je mange, elle fait l'affaire. J'ouvre mon énorme frigo pour prendre une bière bien fraîche, balançant la capsule sur le comptoir gris. Ensuite, comme d'habitude, je vais dans toutes les autres pièces pour allumer la lumière. Une salle de bain, dont un des coins du plafond présente des traces noires de moisissure. Il y a une douche, un lavabo et des toilettes. Une serviette de bain grise est accrochée sur un sèche serviette au mur, et mes affaires de toilette sont posées sur le lavabo, sous le miroir. A part ça, c'est vide. En cas de besoin, je peux vider cet endroit en moins de 5 minutes. Non, ça, ça fait pas rêver. Mais je devais faire partie des gens qu'on ne remarque pas, cachée loin des endroits qu'on a envie de visiter. Je sors pour allumer aussi ma chambre, la porte presque collée à celle de la salle de bain, sans prêter attention au bazar qu'il y a à l'intérieur. Et une fois sûr que tout l'appartement est éclairé, je m'affale dans mon canapé. J'attrape mon ordinateur portable et commence mes recherches sur des villes qui pourraient faire mon bonheur. Je préfère rester dans le silence pour entendre ce qui se passe hors de cet appartement.
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Krystal
ParanormalElisabeth est une jeune femme traumatisée par son séjour en enfer, un monde cruel qu'elle arrive a fuir pour aller se cacher dans la ville de Edgewood. Serveuse dans un bar, elle tente de refaire sa vie malgré le danger qui règne autour d'elle, sa p...