Je me souviens encore de la première fois où j'ai vu la villa Grimes. L'endroit avait tout d'une forteresse, avec ses hautes grilles en fer forgé et son long chemin pavé menant à une immense demeure aux fenêtres étincelantes. C'était intimidant, bien sûr, mais je n'avais pas le choix.
C'était soit cette maison, soit continuer à me débattre dans les dettes que mon père avait laissées derrière lui, jusqu'à m'en noyer. J'avais vingt et un ans, et ma seule option était d'accepter n'importe quel travail qui pourrait me permettre de survivre. Baby-sitter chez un couple de milliardaires à Atlanta ? Ce n'était pas vraiment ce que j'avais imaginé pour moi, mais on ne peut pas faire la fine bouche quand on n'a rien.
Lorsque j'ai franchi les portes de la villa pour la première fois, j'avais l'impression d'entrer dans un autre monde. Les murs en marbre blanc, les vastes jardins entretenus avec soin, et cette piscine d'une clarté cristalline... Tout était impeccable, irréel. Ce genre de perfection que l'on ne voit que dans les magazines ou à la télévision. Mais une chose me frappa tout de suite : derrière cette perfection, il y avait une froideur, une absence de vie, comme si personne n'habitait vraiment ces lieux.
Lori Grimes m'attendait sur le perron, et dès que je l'ai vue, j'ai su que ça n'allait pas être facile. Grande, élégante, vêtue d'un tailleur qui devait coûter plus cher que tout ce que j'avais jamais possédé, elle me regarda de haut en bas, comme si elle évaluait ma valeur. Pas un sourire. Juste un regard distant, presque dédaigneux.
— Vous êtes Elyria Brightmore, n'est-ce pas ? dit-elle finalement, sa voix froide comme la pierre.
J'ai hoché la tête, essayant de paraître aussi neutre que possible. Elle n'attendit pas ma réponse avant de se retourner et de m'inviter à la suivre à l'intérieur. Elle parlait vite, sans se soucier de savoir si je suivais.
— Carl a sept ans, il est un peu turbulent, mais obéissant quand on sait s'y prendre. Judith a huit mois, elle fait encore ses nuits, vous n'aurez donc pas à vous en occuper la nuit. Mon mari et moi avons des horaires chargés, et je voyage beaucoup pour affaires. Votre travail sera de vous occuper des enfants, rien de plus.
Je n'ai pas eu le temps de répondre que déjà elle me dirigeait vers ce qui allait devenir ma chambre. Une petite pièce, loin des pièces principales, isolée, comme s'ils voulaient être sûrs que je resterais bien à ma place. Lori s'arrêta à l'entrée de la chambre, me jetant un regard rapide, puis se détourna.
— Faites bien votre travail, et il n'y aura pas de problèmes, conclut-elle avant de disparaître.
Je me retrouvai seule dans cette chambre, petite mais confortable. Tout ici semblait m'étouffer. Peut-être que j'avais sous-estimé l'ampleur de ce que ce travail impliquait. Mais je n'avais pas d'autre choix. Les dettes ne se rembourseraient pas toutes seules.
Ce ne fut que plus tard dans la journée que je rencontrai Rick Grimes. Il n'était pas là lors de mon arrivée, et pendant plusieurs heures, je n'ai vu que les enfants. Carl, un garçon aux cheveux bruns ébouriffés, curieux mais distant au début, et Judith, une petite fille aux yeux rieurs qui gazouillait dans son parc. Leur innocence contrastait avec l'atmosphère pesante de la maison.
Je m'occupais de Judith lorsqu'il entra dans la pièce. Rick Grimes. Le fameux milliardaire. Je l'avais aperçu dans des articles de presse, mais le voir en personne était différent. Il était grand, imposant, mais ce qui me marqua, c'était son regard. Il avait ce genre de regard que l'on ne croise pas souvent. Froid, calculateur, mais avec une lueur que je ne pouvais pas tout à fait cerner.
Il me regarda à peine, se dirigeant directement vers le bureau où reposait son téléphone. Sans un mot pour moi, il composa un numéro, la voix basse, parlant de chiffres, de contrats, de négociations. Il était exactement comme je l'avais imaginé. Arrogant. Distant. Comme si tout autour de lui n'était qu'un simple décor.
Je me tenais là, immobile, essayant de ne pas paraître mal à l'aise, mais en même temps, quelque chose en lui me fascinait. Ce n'était pas seulement son apparence, c'était l'aura qu'il dégageait. Un homme habitué à contrôler tout ce qui l'entourait, à imposer sa volonté sans jamais se poser de questions.
Quand il raccrocha, il se tourna enfin vers moi.
— Elyria, c'est ça ? dit-il, comme s'il venait de se rappeler de mon existence.
J'acquiesçai, surprise qu'il connaisse même mon prénom.
— Bien. Faites juste votre travail, et tout ira bien, lança-t-il avant de sortir aussi brusquement qu'il était arrivé.
Et tout s'effondra en moi à cet instant. Ce simple échange, froid et impersonnel, m'avait rappelé ma place. Je n'étais rien d'autre qu'une employée dans cette maison. Rien d'autre qu'une baby-sitter. Il ne fallait pas l'oublier.
Mais au fond de moi, je savais déjà que cette maison n'était pas aussi tranquille qu'elle en avait l'air. Quelque chose se tramait ici, derrière ces murs parfaits, derrière cette vie de luxe. Et bientôt, je serai au cœur de quelque chose de bien plus grand que ce que j'avais imaginé.

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Baby
أدب الهواةJe n'étais rien d'autre qu'une baby-sitter qui paye les dettes que son père lui as laissé après sa mort. Il n'était rien d'autre qu'un milliardaire arrogant pour qui je travaillais afin de survivre. Je voulais mourir et il m'as fais aimer vivre.