Chapitre 4

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Cela faisait maintenant plusieurs jours que Peter était arrivé au domaine d'AshFord.

Malgré les conditions pénibles, l'humidité dans les dortoirs et les rations de nourritures trop faibles, Peter était parvenu à se faire au lieu au fur et à mesure que les jours passaient.

Hormis les messes à l'église, le village de Peter ne lui manquait étrangement pas.

Il avait réussi à se rendre le plus discret possible dans le domaine, comme on lui avait ordonné.

Entre les chevaux du marquis, ceux de sa mère, ceux destinés au travail et aux invités, les écuries du domaine ne comptaient pas moins d'une vingtaine d'étalons. Monsieur Blackburn, régulièrement parti en escapade secrète avec l'une des dames de chambre du domaine, Peter devait nettoyer seul le crottin des chevaux, les nourrir et nettoyer leurs équipements à longueur de journée jusqu'à l'épuisement.

Monsieur Blackburn prenait bien soin de revenir aux heures propices où le Maître des lieux venait récupérer l'un de ses chevaux pour une promenade ou une partie de chasse.

L'écuyer renvoyait le jeune garçon nettoyer le fond des écuries près des vieux abreuvoirs délabrés pour que le marquis ne soit pas incommodé par la vue d'un miséreux.

Le vieil homme était ravi par la même occasion de profiter de ces moments privilégiés d'être seul avec le marquis et de lui échanger quelques mots.

Peter n'avait pas beaucoup de respect pour Monsieur Blackburn, le trouvant bien opportuniste et dépourvu de sagesse pour un homme de son âge.

Le jeune palefrenier ressentait un profond mépris pour les gens de sa condition, prêts à faire des courbettes devant des personnes de hauts rangs dans le but d'obtenir quelconque faveur. Il trouvait ce spectacle bien triste et déshonorable. Peter s'est toujours promis de ne jamais se réduire à de tels comportements, même cela devait lui couter de mourir dans la famine. Le jeune homme était persuadé que c'était sa foi et son amour pour Dieu qui lui permettait de ne pas tomber ces vils instincts.

Malgré les ruses de Monsieur Blackburn, cela ne l'avait pas empêché d'entrapercevoir Andrew Harrington. Une seule fois, le lendemain de son arrivée dans le domaine.

Il ramassait la paille à la fourche à l'entrée des écuries lorsque le Maître arriva avec ses gardes pour récupérer ses chevaux pour une partie de chasse. Peter n'ayant pas eu le temps de se cacher, se recroquevilla sur lui-même, le visage plongé vers le sol lorsque les hommes passèrent devant lui. Même s'ils ne les voyaient pas, l'aura qu'ils dégageaient, l'écrasait sur place, le faisant sentir encore plus misérable qu'il ne l'était déjà.

Lorsqu'il les sentit suffisamment éloignés, il s'autorisa à relever la tête et aperçu le Marquis de loin. Il ne ressemblait en rien à ce qu'il avait pu s'imaginer.

Même s'il ne voyait pas son visage, il aperçut sa silhouette, imposante et élégante à la fois. Habillé d'un costume de chasse en tweed parfaitement cintré, Andrew Harrington n'avait rien d'un hédoniste pervers et dépravé mais plutôt d'un beau jeune noble, à l'éducation irréprochable. Peter s'imaginait alors le lieutenant qu'il avait dû être dans l'armée britannique, admiratif.

Peter observa le soleil se coucher, sa journée de travail était presque achevée. Le garçon s'étonna de ne pas voir Monsieur Blackburn revenir, il était toujours là avant que la nuit ne tombe.

Peter changeait la paille du dernier box lorsqu'il entendit la porte rouillée de l'écurie s'ouvrir. Et bien Monsieur Blackburn, votre rendez-vous galant semblait être passionnée aujourd'hui ! Pensa le jeune palefrenier, un sourire moqueur sur les lèvres.

L'amant du Marquis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant