Chapitre 42

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Peter rouvrit ses yeux, en sursaut au beau milieu de la nuit. Il soupira de soulagement lorsqu'il reconnut la chambre du marquis. Malgré les heures de tourmentes qu'il venait de passer, Peter était soulagé de ne plus être dans ce maudit cachot. Andrew était profondément endormi, à ses côtés. Un léger ronflement s'échappait du marquis. Peter se redressa sur le matelas, il vit sur le sol de la chambre un petit objet métallique briller dans le noir. La chaîne d'Andrew. Ce dernier l'avait jeté au sol pendant leurs ébats, le pendentif frappant sans cesse le visage du garçon pendant que le marquis le besognait brutalement.

Peter se leva du lit, sur la pointe des pieds, craignant de réveiller le noble. Il saisit le pendentif et le fit glisser entre ses doigts fins pour mieux l'observer. La mystérieuse inscription, Deus ignoscat quod homo mandat réfléchissait, à la lumière de la lune. Hésitant, Peter passa la chaîne autour de son cou. Il leva la tête pour s'observer dans le miroir. Son souffle s'accéléra, il se rêva, un court instant, d'être le grand Andrew Harrington. Peter, qui était loin d'avoir la musculature du noble, gonfla son torse pour en donner l'illusion, en vain. Le garçon fronça les sourcils devant le miroir, essayant de reproduire l'expression dure et froide du marquis.

-Mais qu'est-ce que tu fabriques ?

Peter poussa un cri de surprise. Il se tourna vers le lit, paniqué à l'idée d'encore provoquer la colère du noble. Andrew était assis, il le regardait, un sourire au coin des lèvres. Ce n'était pas son habituel sourire sadique qu'il arborait encore quelques heures auparavant, celui-ci reflétait un réel amusement, mêlé à de la curiosité.

-Monseigneur, non ! je suis désolé, je voulais juste...voir comment il m'allait.

Andrew s'esclaffa, cette fois d'un rire franc.

-Si tu souhaites me ressembler un jour, il va falloir faire bien plus que bomber ton torse, Peter. Et pourquoi prenais-tu cet air stupide pour m'imiter ? C'est ainsi que tu me vois ?

Peter planta son regard dans le sol, les joues chaudes. Il se sentait terriblement ridicule d'avoir été attrapé la main dans le sac pendant sa pittoresque imitation.

-Approche.

La voix du marquis était chaleureuse, presque réconfortante. Peter était dérouté par cette facette que le noble lui laissait entrevoir que dans de si rares moments, entremêlés par ses accès de rage. Le domestique, intrigué par la personnalité complexe du noble, ne pouvait s'empêcher de vouloir en voir plus lorsqu'il était ainsi. Ne voulant pas provoquer l'impatience du marquis, il se précipita dans le lit pour le rejoindre. Andrew enroula son bras autour des épaules du garçon et planta son regard dans le sien. Peter était soulagé de voir que toute la rage qui l'habitait avait disparu.

Andrew plaqua sa bouche contre la sienne avant de rapidement s'écarter. Bien que leur baiser soit bref, c'était la première fois qu'il l'embrassait depuis des jours. Les traits du noble étaient détendus, un sourire au coin des lèvres. Peter frissonna lorsqu'il sentit les doigts d'Andrew courir sur la chaîne qu'il avait toujours autour du cou.

-Monseigneur, se risqua Peter dans un chuchotement, qu'est-ce qui est écrit ?

Andrew fronça les sourcils en échappant un long soupir. Il ne semblait pas énervé mais tourmenté par des vieux souvenirs.

- Deus ignoscat quod homo mandat, Que Dieu pardonne ce que les hommes ordonnent.

Peter le regarda hébété, se demandant si le marquis ne se jouait pas de lui. Andrew, face à son désarroi, lui répondit par un sourire discret.

-Qui t'a dit que je ne croyais pas en Dieu ? C'est aux hommes que je ne crois pas, et plus particulièrement à ceux qui parlent en son nom.

Ses doigts quittèrent la chaîne pour caresser la joue de son amant. Le geste du noble était si tendre, si délicat que Peter en frissonna.

-Je porte ce collier depuis la guerre Peter, pour ne jamais oublier.

Peter posa sa tête contre le torse d'Andrew qui en profita pour caresser les cheveux du garçon qu'il trouvait d'une douceur pareille à de la soie.

-Monseigneur, chuchota le domestique, la guerre, est-ce cela qui vous tourmente dans votre sommeil ? Chaque nuit passée avec vous, je vous ai entendu, vous sembliez si...torturé.

Peter sentit le cœur du noble s'accélérer dans sa poitrine. Un instant, il redouta d'avoir franchi la limite. La main d'Andrew se contracta autour de l'une des mèches du garçon, mais, dans un long soupir, le noble finit par s'abandonner.

-Oui. Souffla-t-il.

Peter se redressa pour planter son regard dans celui d'Andrew.

-Racontez-moi, Monseigneur, je peux tout entendre. Je suis sûr que si vous vous confiez, cela vous soulagera.

Andrew leva les sourcils, l'air moqueur.

-Te voilà devenu prêtre à présent ? J'ai finalement réussi à en mettre un dans mon lit.

Peter sourit devant le sarcasme d'Andrew qui en profita pour l'embrasser à nouveau, cette fois plus longtemps. Leurs langues se mêlèrent dans une sulfureuse danse. La colère qu'ils avaient ressentis l'un pour l'autre se libéra dans ce baiser endiablé. Le souffle du marquis s'accéléra, sa main se dirigea vers le sexe de Peter qui malgré lui, avait déjà réagi. Le domestique agrippa son bras pour l'interrompre.

-Monseigneur ! Nous parlions...

Andrew ricana devant la gêne du garçon mais se résolut à s'arrêter. Il s'allongea dans le lit et tira Peter contre lui. Il enroula son bras autour de ses épaules.

-Très bien Peter, puisque tu insistes, je vais te confier mes secrets. 

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L'amant du Marquis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant