Chapitre 14

121 7 0
                                    


Andrew esquiva avec habilité l'attaque de son ami, Sir Henry Blake. Les deux jeunes nobles s'entraînaient dans un combat d'escrime dans l'orangerie du manoir. Lord Whitmore, comte d'Aberley et partenaire de débauche d'Andrew, départageait les points entre les deux hommes. Andrew revint à la charge, les lames s'entrecroisaient avec fluidité. Cette fois, Andrew lança une offensive fulgurante, frôlant la victoire. Le chevalier l'évita de peu. Le marquis se moqua de son ami avant d'essayer à nouveau de l'attaquer.

-Eh bien, mon cher Andrew ! Lança Sir-Blake, essoufflé. Je suis ravi de vous voir en bien meilleure forme que la dernière fois.

Le chevalier esquiva une nouvelle attaque d'Andrew, avec plus de difficulté.

-Ne me reparlez pas de cette nuit. J'étais si frustré de notre soirée que j'ai besogné mon jeune palefrenier à mon retour. Je l'ai sodomisé jusqu'à ce que le malheureux s'évanouisse.

Sir Henry Blake et Lord Whitmore s'esclaffèrent devant les frasques du marquis.

-Et bien, Andrew, sans aucun doute, vous êtes la personne la plus dépravée que je connaisse.

Le marquis feinta de s'éloigner pour attaquer à nouveau le chevalier, avec plus de forces, le forcant à reculer.

-Ce gamin l'a bien mérité. Il m'a dérobé un cheval en pleine nuit et m'a dit que j'étais un homme consummé par la luxure alors que sa vie même était entre mes doigts.

Le chevalier finit par se retrouver coincé contre le mur. Il leva les bras en l'air, en signe de soumission. Andrew baissa son épée, un sourire satisfait sur les lèvres.

-Et bien, lança Lord Whitmore, j'ai bien l'impression que votre palefrenier est un sacré phénomène. Mais ce qui m'étonne d'avantage, c'est qu'après tout cela, vous le laissiez encore en vie. On m'a rapporté que vous exécutiez des domestiques pour bien moins que cela.

Andrew essuya la transpiration qui gouttelait sur son front d'un revers de main. L'expression misérable et terrifiée du garçon lui revint à l'esprit.

-Il m'intrigue. Je ne vais pas encore m'en débarrasser. Son puritanisme sonne presque comme une provocation érotique à mes yeux.

Le lord ricana devant les paroles outrageuses du marquis.

-Ah mon cher, je me demande comment vous n'avez toujours pas été inquiété par la police de ce pays pour vos comportements outrageux.

Andrew se contenta de rire des inquiétudes de son ami. Il se servit un verre de vin avant de s'assoir à ses côtés.

-Lord Whitmore, ne vous inquiétez pas pour mon sort. Les puritains et l'Église perdent de plus en plus leur pouvoir. Avez-vous entendu parler de ce livre, publié discrètement il y a quelques mois, jugé blasphématoire par les bien-pensants, d'un certain Charles Darwin ? Il remet en question tout ce qu'il se trouve dans la bible. Nous sommes à l'aube d'un nouveau monde où la morale de la société entière sera remise en question.

Lord Whitmore et Sir Blake écoutèrent passionnément leur ami Andrew. Ce dernier était connu des soirées pour ses talents d'orateur et ses discours passionnés. Sa culture était aussi développée que sa perversion.

Le marquis s'interrompit un instant, l'impression désagréable d'être observé. Lorsqu'il releva la tête, il croisa le regard du palefrenier qui l'observait derrière la baie vitrée. Le garçon tenait entre ses mains une pile d'assiettes qui semblait peser plus lourd que son propre corps. Le domestique afficha à nouveau cette expression terrorisée lorsque le marquis s'aperçut de sa présence. Il tourna rapidement les talons pour s'enfoncer dans le couloir. Andrew l'observa s'éloigner, de plus en plus intrigué par cette drôle de chose.

L'amant du Marquis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant