Peter finit par se réveiller, après trois longs jours de convalescence.
Ses yeux s'ouvrirent et s'écarquillèrent en grand lorsque le garçon vit les moulures au plafond au-dessus de sa tête. Il n'était pas dans la maison des domestiques. Il se redressa subitement pour observer les alentours. La chambre était raffinement meublée, dans un style victorien, chaque objet semblait onéreux. Peter n'avait jamais dormi dans un lit aussi grand et confortable que celui dans lequel il se trouvait. Il regarda par l'une des grandes fenêtres de la pièce, il aperçut au loin les écuries. Il était dans le manoir principal. Il essaya de se relever mais une violente douleur le lança en bas du dos. Son cœur se mit à battre à toute vitesse lorsque des souvenirs de l'assaut du marquis lui revint à l'esprit. Il se rappelait avoir perdu connaissance pendant que le noble l'agressait, la douleur dépassant l'entendement. Ses yeux se gorgèrent de larmes, tant la haine qu'il ressentait pour le marquis était forte. Le simple fait de penser à cet homme, le répulser. Peter en était à présent convaincu, il devait trouver un moyen de s'échapper de cet endroit. Il se leva du lit, tant bien que mal et accourut vers la porte. Son cœur loupa un battement lorsque cette dernière s'ouvrit. Ses jambes se mirent à trembler à l'idée que cela puisse être le marquis.
Peter lâcha un soupir de soulagement lorsqu'il vit son amie Mary sur le pas de la porte.
Cette dernière poussa un cri de surprise lorsqu'elle vit le garçon éveillé. Elle se précipita vers lui pour le prendre dans ses bras.
-Oh grâce à Dieu, Peter, tu es vivant !
La jeune fille resserra son étreinte autour du garçon. Peter ferma les yeux, ravalant ses sanglots, la chaleur de son amie le réconfortait. Mary finit par s'écarter de lui avant de le saisir par les épaules.
-Que se passe-t-il, Peter ? Je vois bien ton comportement étrange ces derniers temps. Tu as disparu pendant trois jours, sans laisser de trace, et voilà que Lady Vickridge te garde confiné dans la chambre des invités. Peter, tu sais que tu peux tout me dire, n'est-ce-pas ? Est-ce-que c'est...le Maître ? Il t'a fait du mal ?
Peter fut pris de tremblements malgré lui, il ne pouvait cacher sa détresse à son amie mais il risquait de mettre sa vie en danger s'il lui parlait.
-Mary, je...Je vais mourir si je reste ici, souffla-t-il.
Mary était sur le point d'en demander plus à son ami lorsque la porte de la chambre s'ouvra à nouveau. Mary et Peter sursautèrent en cœur. La gouvernante se tenait, droite comme la loi, devant eux. Mary se hâta de saluer Lady Vickridge.
-Et bien Mademoiselle Shelley, ne deviez-vous pas être en train de vous occuper de la mise en place de la salle? Dois-je vous rappeler que la grande cérémonie du Maître a lieu ce soir ?
La jeune fille balbutia quelques excuses avant de se dépêcher de retourner à son travail. Elle jeta un dernier regard, plein d'empathie à Peter avant de disparaître.
Lorsque le garçon se retrouva seul avec la gouvernante, cette dernière le toisa durement de haut en bas. Un silence écrasant s'installa dans la pièce.
-Tu dois probablement beaucoup cogiter. Te demander pourquoi t'inflige-t-il de tels supplices.
Peter releva la tête, ahuri, en direction de la gouvernante.
-Pourquoi cela t'étonne-t-il ? Bien-sûr que je suis au courant. Tu étais encore attaché lorsque nous sommes venus récupérer ton corps.
Le menton du garçon tremblota, se remémorer cette nuit l'humiliait atrocement. Les traits de Lady Vickridge se radoucirent face au désarroi du domestique. Elle soupira lourdement.
-Écoute mon garçon, n'essaie pas de comprendre la morale des nobles ni ce qui les pousse à agir de la sorte. Tu ne fais pas parti de leur monde et estime toi-en heureux. Si tu tiens à la vie, alors fais tout ce qu'il te dit, et crois-moi, il se lassera rapidement de toi. Si tu lui résistes, tu risquerais d'attiser sa curiosité. Estime-toi heureux que le Maître ait fait preuve de bonnes grâces envers toi et t'ait fait soigner tes plaies. Tous n'ont pas eu cette chance.
Les paroles de la gouvernante révoltèrent le garçon. Comment pouvait-elle parler de bonnes grâces et de chances alors que les sévices de cet homme lui faisaient encore terriblement souffrir. Peter, fit malgré tout mine d'acquiescer les propos de la femme pour mettre rapidement un terme à cette conversation. Cette dernière marqua une pause, s'assurant que le domestique ait bien compris ses indications avant de reprendre la parole.
-Bien. Maintenant que tu es à nouveau sur pied, file donner un coup de mains dans les cuisines. Nous avons besoin d'aide pour tout préparer pour ce soir.
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L'amant du Marquis
Random[BxB] En 1859, durant l'époque victorienne en Angleterre, un jeune paysan, Peter, est envoyé travailler en tant que domestique dans les écuries du domaine d'AshFord. Le Maître des lieux, le marquis Andrew Harrington et future Duc, est rentré de la g...