Chapitre 39

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Cela faisait maintenant deux jours que Peter était enfermé dans les cachots sombres et humides du manoir. Pour lui, il semblait que cela faisait une éternité. Chaque seconde s'écoulait lentement, chaque battement de son cœur résonnait contre les pierres glaciales de sa cellule. Ses pensées étaient un tourbillon de peur et de regrets.

Le froid mordant le transperçait, et ses vêtements, humides et déchirés, n'offraient aucune protection contre l'air glacial des cachots. Il avait faim. Les gardes lui donnaient juste assez de pain rassis et d'eau pour le maintenir en vie, mais à peine. La faim lui donnait des vertiges, et parfois il se demandait s'il allait perdre connaissance. Mais le pire, c'était la peur.

Il n'avait toujours pas été pendu. Chaque jour qui passait, il se demandait si le marquis avait décidé de le laisser mourir ici, lentement, dans l'oubli. Deux autres hommes étaient enfermés dans les cellules voisines. L'un d'eux, un vieillard aux cheveux hirsutes, ne cessait de hurler. Ses cris résonnaient contre les murs de pierre, comme ceux d'un homme qui avait perdu la raison depuis longtemps. L'autre, plus jeune, restait silencieux, mais son regard, quand il croisait celui de Peter, était rempli de haine et de désespoir. Peut-être des voleurs, ou des traîtres comme lui.

Peter avait peur. Mais plus que la peur, plus que la faim ou le froid, ce qui le tourmentait le plus, c'était l'idée que le marquis croyait qu'il était le voleur. Cela ne devrait pas le hanter, il le savait. Après tout, cet homme l'avait brisé, humilié. Mais c'était plus fort que lui. L'idée qu'Andrew puisse penser qu'il avait voulu s'enfuir l'obsédait. Pourquoi cela lui importait-il tant ? Pourquoi une partie de lui cherchait-elle toujours à se racheter aux yeux de cet homme, malgré tout ce qu'il lui avait fait ?

Le désespoir de Peter atteignait son paroxysme quand, soudainement, un bruit métallique se fit entendre. La porte des cachots s'ouvrit dans un grincement sinistre. Peter se redressa, son cœur battant la chamade, tandis que des pas lourds résonnaient dans le couloir. Il n'avait plus la force de se lever, mais il reconnut immédiatement cette silhouette dans la pénombre, Andrew Harrington.

Le marquis ouvrit la porte de sa cellule, sa grande stature obscurcissant la faible lueur provenant du couloir. Peter, malgré sa faiblesse, sentit une vague d'émotion l'envahir. Contre toute logique, malgré le froid qui lui mordait la peau, malgré l'angoisse qui le rongeait, il fut envahi par une sensation de soulagement et de chaleur à la vue de cet homme. Une partie de lui délirait à cause de la famine, il en était sûr, mais il ne pouvait s'empêcher de vouloir retrouver le réconfort, aussi pervers soit-il, de son bourreau.

-Monseigneur... murmura-t-il, la voix rauque et brisée par les jours passés à crier et à pleurer.

Sans réfléchir, comme guidé par un instinct primal, Peter se jeta dans les bras du marquis, ses larmes coulant librement sur ses joues sales.

-J-juste un peu de chaleur, Monseigneur, tuez-moi si vous le souhaitez, mais laissez-moi d'abord me réchauffer auprès de vous.

Le noble resta d'abord impassible, ses bras rigides, son regard froid rivé sur la silhouette décharnée du garçon. Mais Peter se blottissait désespérément à lui, son visage enfoui dans son torse, tremblant de tout son corps. Un long silence s'installa, seulement troublé par les sanglots de Peter et les hurlements lointains du vieil homme fou dans la cellule voisine.

-La famine te fait délirer, mon pauvre ami. Prononça froidement le marquis.

Finalement, Andrew soupira, un long et profond soupir, comme s'il cédait à une faiblesse qu'il détestait reconnaître. Lentement, il enroula ses bras autour du corps frêle de Peter, le pressant contre lui avec une force contenue.

-Tu es un être lamentable, Peter, murmura-t-il avec un mélange de mépris et d'amertume.

- Mais je suppose que je dois l'être davantage, pour me laisser attendrir de la sorte.

D'un geste fluide et précis, il souleva Peter dans ses bras comme s'il ne pesait rien. Le garçon, épuisé et affamé, se laissa porter sans résistance. Andrew sortit de la cellule et monta les escaliers de pierre qui menaient à la surface. Les murs humides et sombres laissèrent bientôt place à la lumière crue du manoir, et Peter cligna des yeux, ébloui par cette soudaine clarté. Ils croisèrent des domestiques mais Peter n'avait même plus la force de ressentir la moindre honte. Le noble l'emmena en direction de la salle des bains. 

L'amant du Marquis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant