Chapitre 28

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-Bien, vous êtes prêts?

Sir Henry Blake tenait son fusil de chasse en direction du ciel. Andrew et Peter, chacun sur leur cheval se tenait côte à côte, à quelques mètres de distance. Le marquis jeta un dernier regard à son domestique, un sourire moqueur sur les lèvres avant de faire un signe de tête à son ami.

-Un, deux, trois...Partez !

Le coup du canon retentit dans la brume, marquant le début de la course. Andrew et Peter tirèrent sur les rennes de leurs étalons, qui s'élancèrent d'un seul mouvement, fendant l'air avec puissance.

Les sabots des chevaux frappèrent le sol avec un fracas assourdissant pendant que leurs muscles puissants se mouvèrent avec harmonie.

Andrew, avec son expérience de cavalier, prit rapidement une légère avance, ses mouvements fluides et sûrs sur la selle lui permettait de maîtriser son étalon avec aisance.

Son regard était fixé sur la ligne d'arrivée, les ruines qui se profilaient au loin dans la brume. Il se sentait enivré par la vitesse, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine.

De son côté, Peter, bien que novice face à l'expérience du marquis, ne se laissa pas décourager. Sa détermination grandissait à chaque foulée, il pouvait presque sentir le vent frais sur son visage comme une promesse de victoire.

Les nobles, en arrière, regardaient la scène avec une excitation palpable, scandant des encouragements et des plaisanteries. Sir Henry Blake ne pouvait s'empêcher de rire, savourant le spectacle de cette compétition inattendue.

Les chevaux traversèrent un champ, leurs crinières flottant au vent comme des étendards. Peter commença à rattraper Andrew, se concentrant sur le rythme de son cheval, trouvant un élan qu'il n'avait jamais imaginé possible. Le marquis, réalisant qu'il n'était plus en tête, sentit une poussée d'adrénaline. Il se redressa sur sa selle, mobilisant toute sa force pour prendre de l'avance.

La distance entre eux se réduisait à vue d'œil, et bientôt, ils entrèrent dans la forêt, où les arbres se dressaient comme des spectateurs silencieux. Andrew, pour garder son avance, emprunta un chemin plus étroit et sinueux, pensant que son habileté lui donnerait l'avantage. Mais Peter, par instinct et détermination, choisit de prendre un chemin plus direct, les bruits des branches fouettant son visage, le poussant à aller encore plus vite.

Le sol sous leurs sabots était inégal, mais les deux cavaliers restaient concentrés, chaque mouvement comptant. Andrew se retourna brièvement, lançant un regard défiant à Peter. Ce dernier, saisissant l'occasion, accéléra encore plus, sentant le frisson de la compétition l'envahir.

Les ruines se rapprochaient, leur silhouette fantomatique émergeant de la brume, promesse de gloire ou d'humiliation. Les battements de leur cœur résonnaient dans l'air, amplifiant l'intensité de la course.

Alors qu'ils approchaient de la ligne d'arrivée, Peter sentit une vague de détermination l'envahir. Son cheval, soutenu par son instinct, redoubla d'efforts, se portant en avant avec une telle puissance qu'il sembla voler au-dessus du sol. Andrew, déconcerté par cette poussée inattendue, tenta de rattraper son rival, mais le jeune palefrenier avait désormais un élan irrésistible.

Dans un dernier effort, Peter franchit la ligne imaginaire, ses sabots martelant le sol avec éclat. Il leva les bras en signe de victoire, son cœur débordant de joie et de soulagement.

Son euphorie disparut aussitôt qu'il vit le visage du noble, dont les traits étaient déformés par la colère et l'indignation. Le marquis se jeta hors de son cheval pour s'approcher du palefrenier. 

-Descends, tout de suite.

L'angoisse envahit Peter, à contre-cœur, il obéit, redoutant les représailles de son Maître. Andrew saisit brutalement le domestique, à peine descendu de sa selle, par le col de son manteau.  D'une seule main le noble souleva le garçon du sol.

-Comment oses-tu ? Grinça le marquis entre ses dents.

Le visage d'Andrew n'était qu'à quelques centimètres de celui du palefrenier. Tous les deux essoufflés par leur course, respiraient bruyamment. Soudain, leurs souffles entremêlés créèrent une tension inattendue entre les deux hommes. Seules leurs respirations résonnaient dans le calme des plaines.  La colère laissa place au trouble dans le regard du noble.  Andrew se pencha vers Peter, ses lèvres frôlant légèrement celles du garçon. Le cœur de Peter battait à tout rompre dans sa poitrine, de drôles de picotements naquirent dans son estomac. Le marquis s'écarta brusquement du garçon lorsqu'il entendit les pas des chevaux de ses amis arriver. Andrew remonta sur son cheval, sans un mot, et rejoignit les nobles, laissant Peter, hébété.

L'humiliation du noble le frappa à nouveau lorsque ses amis, hilares, surenchérirent sur la victoire du palefrenier.

-Ce garçon est décidément très surprenant, lança Sir Henry Blake, un sourire prédateur sur les lèvres. Son talent pour la course est indéniable.

Le marquis ignora la remarque du chevalier, encore terriblement vexé par sa défaite.

-Et puis, sans compter qu'il est exquis. Je comprends mieux votre intérêt pour lui. Que diriez-vous que nous corrigions son arrogance, ici et maintenant. Prenons-le de force tous les trois.

-Oh oui, quelle merveilleuse idée ! S'écria Lord Whitmore. Nous avons du vin dans nos sacs, amusons-nous un peu.

Andrew ne savait pas pourquoi le soudain intérêt de ses amis pour son palefrenier l'agaçait plus qu'il ne le devrait. Il observa Peter donner à boire à son cheval, loin de se douter de la conversation qui se tenait à son sujet.

-Non. Nous n'avons pas terminé notre partie de chasse.

Sir Henry Blake ricana devant le refus de son ami.

-Mon cher Andrew, depuis quand la chasse passe-t-elle avant vos plaisirs charnels ? Je pourrai presque croire que cela vous incommode. Depuis quand vous souciez-vous de ce qui vous appartient, ou pas ? Ce n'est pas comme si c'était la première fois que nous nous adonnions à ce genre de plaisir sur l'un de vos dom...

-J'ai dit non. Coupa sèchement Andrew.

Il aperçut du coin de l'œil ses amis s'échangèrent un regard, perplexes face à la réaction du noble. Le marquis échappa un soupir.

-Ne vous méprenez pas. Son corps est aussi fragile qu'une brindille, si nous le prenons à trois, je ne pourrai plus m'en servir, voilà tout.

Andrew, obnubilé malgré lui par les talents de son domestique, ne pouvait pas détacher son regard du garçon.

L'amant du Marquis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant