Chapitre 33

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Peter tremblait sous les gestes experts d'Andrew, la chaleur de sa bouche l'enveloppant dans une spirale de plaisir contre sa volonté. Assis sur la table, ses jambes légèrement écartées, il essayait de garder une contenance, mais son corps trahissait son esprit. Les lèvres d'Andrew travaillaient avec une précision déconcertante, comme s'il savait exactement où et comment le toucher pour que son corps se soumette.

Les bruits de d'argenterie le ramenèrent brutalement à la réalité. Peter se figea. Trois servantes débarrassaient la vaisselle posée sur l'autre bout de la table. Elles allaient et venaient avec calme, comme si la scène à laquelle elles assistaient ne les concernait pas, mais Peter ne pouvait s'empêcher d'imaginer ce qu'elles devaient penser. Mortifié, il leva la main pour couvrir son visage, souhaitant disparaître, se fondre dans le bois de la table.

Andrew, en revanche, n'interrompit pas ses mouvements. Il semblait même redoubler d'ardeur, savourant chaque tressaillement de Peter, chaque gémissement étouffé. La honte brûlait les joues du jeune homme lorsqu'il entendait les bruits de sucions résonner dans la pièce. Malgré lui, il ne pouvait plus lutter contre les vagues de plaisir qui montaient inexorablement en lui.

-Monseigneur, je vous en supplie... pas devant elles...murmura-t-il, mais Andrew ne ralentit pas, et la servitude de son corps finit par triompher de la honte qui l'étreignait.

La respiration du garçon se fit plus rapide, irrégulière. Il tenta de se contenir, mais l'orgasme le submergea avec violence, lui arrachant un cri étouffé, tandis qu'Andrew le tenait fermement. Le marquis, avec un plaisir malsain, avala chaque goutte de sa semence. Il releva lentement la tête, un sourire provocateur aux lèvres.

-Un délicieux dessert, murmura-t-il, effleurant la cuisse de Peter du bout des doigts.

Peter, tremblant de honte et de désarroi, ne supportait plus les regards invisibles des servantes dans son dos. Il agrippa le bras d'Andrew, suppliant d'une voix brisée :

-Faites-les partir... Je vous en supplie... Fais-les partir...

Andrew, amusé par son désarroi, jeta un coup d'œil en direction des domestiques, qui finissaient tranquillement de débarrasser la vaisselle.

-Sortez, ordonna-t-il d'une voix impérieuse.

Les servantes s'inclinèrent silencieusement et quittèrent la pièce sans un mot. Une fois la porte refermée, Peter sentit son corps se détendre un peu, mais la honte persistait, accrochée à lui comme une ombre.

Andrew s'installa à côté de lui, le regard brillant d'une satisfaction non dissimulée. Il passa une main dans les cheveux en désordre de Peter, puis approcha son visage, murmurant tout contre ses lèvres :

-Pourquoi es-tu si gêné d'être vu, Peter ? Qu'importe ce qu'elles pensent ?

Peter détourna le regard, incapable de soutenir celui du marquis.

-Parce que je sais ce qu'elles se disent dans leur tête. Elles me jugent et elles vous jugent aussi.

Andrew émit un petit rire, amusé.

-La raison du plus fort est toujours la meilleure. Tu connais Jean de La Fontaine ? Qu'importe la morale de ces femmes, aucune d'elles n'osera un jour me dire quoi que ce soit. Ni à toi, ni à moi.

Peter serra les dents devant l'arrogance du noble et son mépris pour les gens du bas-peuple.

-Vous pensez que vous pouvez tout obtenir par la force ou votre pouvoir, mais vous vous trompez Monseigneur. Vous ne pouvez contrôler l'esprit des gens.

-Et qu'importe leurs pensées si je ne les entends pas ? Qu'importe leur moral si elle n'intervient pas sur la mienne ?

Andrew regarda attentivement Peter, son sourire se faisant plus doux, presque mélancolique.

-Et puis, tu te trompes. Je sais que je ne peux contrôler leur esprit, tu en es la preuve. Malgré moi, je n'arrive pas à obtenir ton obéissance. Tu es aussi têtu qu'une bourrique, tu n'en fais toujours qu'à ta tête comme si tu ne me craignais pas.

Andrew s'interrompit, plongeant son regard dans celui de Peter.

-Et c'est peut-être ce qui me plait le plus chez toi.

Le cœur de Peter rata un battement. Andrew s'était rapproché à tel point que leur souffle se mêlait. Sans savoir pourquoi, Peter sentit un tiraillement dans sa poitrine, un désir mêlé de confusion. Lentement, leurs lèvres se touchèrent. Ce baiser, doux et profond, n'avait rien à voir avec ceux qui l'avaient précédé. Il n'y avait ni violence, ni domination. C'était un baiser qui portait le poids de quelque chose de plus intime, de plus profond.

Andrew le souleva soudainement dans ses bras, avec une aisance presque déroutante. Peter, surpris, s'accrocha à ses épaules tandis qu'Andrew l'emmenait jusqu'au grand lit qui trônait au centre de la pièce. Une fois arrivés, il déposa délicatement Peter sur les draps, puis le débarrassa de ses derniers vêtements.

Peter frissonnait sous ses mains, partagé entre la crainte et le désir. Lorsque Andrew fut satisfait, il prit la main de Peter.

-À ton tour, déshabille-moi.

Tremblant, hésitant, Peter obéit. Ses doigts maladroits défirent les boutons de la chemise du marquis, puis glissèrent le long de son torse musclé. Une fois nus, ils s'allongèrent côte à côte, leurs corps se frôlant timidement.

Andrew, ses yeux plongés dans ceux de Peter, se pencha à nouveau pour l'embrasser, mais cette fois avec une passion plus ardente. Leurs lèvres, leurs langues, se cherchaient avec un désir nouveau, un désir qui ne ressemblait en rien à la brutalité des moments passés. C'était tendre et intime.

Peter, perdu dans ce baiser, oublia un instant toute la honte, toute la douleur. Dans ce moment suspendu, il n'y avait plus que deux jeunes hommes, seuls dans l'obscurité, se découvrant l'un l'autre pour la première fois.

L'amant du Marquis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant