Chapitre 37

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Les domestiques étaient alignés dans la pièce glaciale des cuisines pendant que les gardes continuaient leur fouille. L'atmosphère était pesante, les domestiques se regardaient les uns les autres, se suspectant mutuellement. L'angoisse redoubla lorsque le marquis pénétra la cuisine. Peter, qui avait son visage rivé sur le sol, sentit le regard écrasant du noble sur lui. Son cœur battait à toute vitesse, un doute le traversa mais il se reprit rapidement, il avait pris la bonne décision.

Les minutes passèrent, et finalement, les gardes trouvèrent la chevalière dans les affaires de Peter. La terrible sentence retentit.

-La chevalière a été trouvée dans les affaires de ce garçon, annonça un garde en brandissant l'anneau.

Le corps entier de Peter fut pris de soubresauts. Des chuchotements s'élevèrent dans la pièce.

-Silence ! Hurla Andrew. C'est impossible que ce soit lui, il est resté avec moi tout le long.

Lady Vickridge, toujours prudente, intervint doucement.

-Monseigneur, en êtes-vous sûr ? Nous avons interrogé tous les domestiques, personne d'autre n'était dans vos quartiers. Peut-être...Aurait-il pu échapper à votre surveillance pendant votre sommeil ?

Un doute perça dans le regard d'Andrew. Il s'approcha de Peter qui, à cet instant précis, aurait souhaité disparaître dans le sol.

-Peter, dit Andrew d'une voix basse, parle, je te croirais.

Le garçon releva le visage et son cœur se brisa en deux lorsqu'il vit l'expression du marquis. Il ne semblait pas énervé, ses yeux cherchaient à tout prix une réponse dans les siens, Peter n'aurait jamais cru voir un homme comme le marquis, désespéré, atteint. Un instant, il voulut tout lui avouer, lui jurer qu'il ne l'aurait jamais trahi mais Peter avait pris une décision, ce signe était sa chance de rédemption, il devait mettre rapidement un terme à cette abomination qui naissait entre lui et le noble.

-C'est vrai, Monseigneur, dit-il en plantant son regard dans le sien. Je vous ai volé votre chevalière. L'idée de vous échapper ne m'a jamais quittée, comme je vous l'ai dit, ce que nous faisons, me dégoûte au plus profond de moi-même.

Un silence pesant envahit la pièce. Andrew resta figé, les traits de son visage durcissant sous la trahison qui se dessinait dans son esprit. Son désespoir laissa place à une rage folle.

-Toi... dit-il, la voix tremblante, la douleur et la colère se mêlant. 

Le marquis s'arrêta un instant, sa bouche se déforma en un horrible sourire, pervers et sadique. Le noble se mit alors à rire aux éclats, frôlant l'hystérie.

-Alors ça ! Je me suis fait roulé dans la farine par un foutu cul-terreux. Mes amis seront hilares lorsque je leur raconterai !

Le menton de Peter tremblait, il se mordit la lèvre pour ne pas fondre en sanglots.

La fureur du marquis éclata, il frappa le garçon violemment au visage, son poing heurtant sa mâchoire avec une force brute. Peter tituba sous le coup, le goût du sang emplissant sa bouche.

-Emmenez-le dans les cachots ! hurla Andrew, hors de lui. Je veux qu'il soit pendu demain à l'aube.

La respiration haletante et les yeux exhorbités par la colère, il se tourna une dernière fois vers Peter.

-As-tu quelque chose à ajouter ?

Le garçon perçût sa question comme un dernier espoir, une dernière chance.

-Qu'il en soit ainsi, Amen. Répondit froidement Peter.

Le marquis trembla de tout son corps devant l'aplomb du garçon qui ne céda pas, même à l'article de la mort.

-Emmenez-le, souffla-t-il, vite, avant que je ne lui coupe la tête, ici-même.

Les domestiques frémirent d'horreur. Peter, abasourdi, fut traîné par les gardes tandis que son esprit tournait à toute allure. Derrière lui, Lady Vickridge fixait la scène avec un air profondément soucieux, sa main tremblant légèrement. Elle qui était la seule détentrice des secrets du manoir, voyait les fantômes du domaine se réveiller.

Andrew, lui, restait immobile, les yeux rivés au sol, sa colère bouillonnant en lui. Son regard glissa lentement vers sa main qui tenait la chevalière de son père.

L'amant du Marquis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant