Chapitre 18

642 32 3
                                    

La cérémonie battait son plein dans la somptueuse salle de réception du manoir d'AshFord. La pièce était éclairée par des milliers de bougies, accrochées aux lustres, aux murs et sur les tables. Un orchestre de salon jouait un opéra de Frédéric Chopin sur la scène principale.
Les femmes étaient vêtues d'élégantes robes de soi, de satin ou de taffetas. Chacune d'entre elles profitaient de l'occasion pour s'orner de leurs plus belles parures.
Leurs jupes bouffantes virevoltaient au rythme de la symphonie dans la salle.
Les hommes eux, portaient des costumes de grande cérémonie, accompagnés d'un nœud papillon ou d'une cravate de soie. Leurs discussions étaient animées par la politique et les mœurs de la société.
Ce genre de réception présentait l'occasion idéale pour chacun d'entre eux d'exposer leurs richesses à la vue de tous.

Le Marquis Andrew Harrington attira tous les regards lorsqu'il pénétra la salle de réception.

Les hommes s'empressèrent de le féliciter pour sa cérémonie, certains d'entre eux, dissimulant une pointe de jalousie. Les femmes elles, tirèrent leur révérence, papillonnant des yeux pour attirer les faveurs du Marquis.

Andrew se prêta au jeu des mondanités de l'aristocratie. Son charisme imposant éclipsa en un instant sa réputation d'hédoniste, le noble brillait par son élégance et sa séduisante élocution. Après avoir salué la majorité de ses invités, Andrew rejoigna ses amis Sir Henry Blake et Lord Whitmore qui s'enivraient à une table.

-Et bien mon cher, le moins que l'on puisse dire, c'est que votre famille sait donner des réceptions.

Andrew se servit une coupe de champagne avant de s'attabler avec ses compagnons. Trois bourgeoises assises à la table d'en face, s'échangèrent des messes basses derrière leurs éventails, lorgnant le marquis.

-Alors Andrew, avec laquelle de ces douces beautés allez-vous passer la nuit ?

Le marquis jeta un rapide coup d'œil vers les concernées. Il vida son verre d'une traite, leur adressant un clin d'œil qui provoqua leurs gloussements.

-Probablement les trois.

Ses amis s'esclaffèrent en cœur. Andrew desserra son nœud papillon, se sentant de plus en plus étouffé par la pression sociale. Sa patience avait atteint ses limites. Ses traits se durcirent lorsqu'il aperçut la Duchesse s'approcher de lui en compagnie d'une jeune femme. A contre-cœur, il se redressa pour les saluer.

-Andrew, souvenez-vous de la Baronne Elinor de Montclare ? Vous aviez pour habitude de jouer ensemble lorsque vous étiez petits.

Le marquis observa la noble qui lui fit une gracieuse révérence, comme savaient le faire les jeunes Dames de son milieu. Il déposa un délicat baiser sur la main qu'elle lui tendait. Les joues de la baronne prirent une jolie teinte rosée.

-Votre père était ami avec le Baron de Montclare. Ce nom doit vous dire quelque chose, leur famille ont prospéré dans la construction des chemins de fer.

Andrew voyait clair dans la manigance de sa mère. 

-C'était donc cela que vous maniganciez ? Susurra-t-il à l'oreille de la Duchesse.

Sa mère lui répondit par un sourire sournois. Andrew, qui se sentit pris au piège, ravala sa colère pour faire bonne impression.

-Monseigneur Harrington, commença la Baronne d'une voix fluette, je me hâtai de vous rencontrer depuis votre retour de la guerre. J'éprouve une profonde admiration pour les hommes qui se sont dévoués pour notre pays.

La peau de la jeune fille avait une magnifique teinte laiteuse, contrastant avec ses boucles rousses parfaitement coiffées. Son corset mettait en valeur sa généreuse poitrine qui n'échappa pas à l'attention du Marquis. Malgré cela, son apparence ne suffisait pas à impressionner le noble, irrité par les niaiseries de la jeune dame.

-Tout le plaisir est pour moi, Mademoiselle Montclare. Je serai ravi de vous conter mes aventures de Crimée quand il vous plaira, mentit le Marquis.

Les joues de la baronne rougirent davantage. Andrew s'amusait de ce jeu cruel, faire miroiter la vénalité de ces jeunes femmes qui espéraient un jour susciter un quelconque intérêt de sa part. 

Les deux jeunes nobles continuèrent de s'échanger des banalités, sous l'œil satisfait de la Duchesse. Andrew s'interrompit lorsqu'il aperçut Lady Vickridge l'interpelait d'un geste discret. Il s'excusa auprès de la baronne pour rejoindre sa gouvernante.

-Que se passe-t-il ? Lança sèchement Andrew.

Lady Vickridge hésita un instant, son visage habituellement impassible affichait une expression contrariée.

-Veuillez m'excuser de vous déranger Maître, mais vous m'aviez demandé de vous rapporter expressément ce qui pouvait concerner le palefrenier. Le garçon s'est échappé.

L'existence du domestique revint à l'esprit du marquis. Il avait oublié l'avoir enfermé dans le cagibi des cuisines. Le sang bouillonna dans les veines du noble lorsqu'il imagina ce cul-terreux lui désobéir, une fois de plus.

-N'étiez-vous pas chargée de le surveiller, Lady Vickridge ?
La gouvernante tressaillit devant la colère naissante du noble.

-Je...Veuillez m'excuser Maître, je m'étais absentée brièvement pour m'occuper de la cérémonie. Mais rassurez-vous, les gardes l'ont rattrapé alors qu'il grimpait un arbre pour passer par-dessus la grille.

Andrew, ne put s'empêcher de sourire. Il n'avait jamais vu un bas-de-naissance aussi effronté. Son comportement ne faisait qu'accroitre la curiosité du marquis.

Le noble se retourna vers la Duchesse et la Baronne.

-Mesdames, veuillez m'excuser, mais un de mes domestiques a fait des siennes, je dois m'absenter.

La Duchesse écarquilla les yeux, avant de rapidement se reprendre pour sauver les apparences.

-Allons donc, mon cher, vous n'allez tout de même pas nous quitter pour de pareilles sottises. Demandez à un garde de corriger le garçon et poursuivons ce délicieux moment.

Le marquis adressa un sourire forcé à sa mère.

-Vous connaissez mon sens du devoir et de l'honneur, Mère. Quel Duc serais-je si je ne suis pas capable de tenir mon domaine ?

Andrew n'attendit pas la réponse de sa mère pour tirer sa révérence, ravi d'avoir une bonne raison de s'échapper de cette soirée.

L'amant du Marquis Où les histoires vivent. Découvrez maintenant