Alessia
Terzo part garer sa voiture après nous avoir déposé Charlotte et moi, devant l'étude de maître Badaloni.
Quelques instants plus tard, il déboule de l'angle de cette avenue bruyante de Milan en petites foulées. Les regards que lui lancent certaines femmes, pourrait me redonner le sourire, si mes lèvres n'étaient pas scellées par le chagrin en prévision de ce qui m'attend.
Mon frère a toujours été un aimant à femmes, avec son style romantique et ses costumes sur mesure. Terzo n'y prête aucune attention et poursuit son chemin jusqu'à nous.
Ma grand-mère et moi nous soutenons mutuellement, elle semble forte comme ça, mais je sais que les dernières volontées voulues par son mari sont un pas de plus dans le réalisme de la perte de celui qui a partagé sa vie et son amour. Terzo nous rejoint et nous pénétrons tous les trois à l'intérieur. La double porte en bois s'ouvre sur l'ami de la famille. Il salue chaleureusement chacun de nous, puis nous invite à entrer dans son bureau. Tout est vieillot, d'un autre temps, comme s'il s'était arrêté dans cette pièce. Ça sent le cuir, le bois, et le papier.
Nous prenons place sur les chaises en bois cannelées, notre nonna entre mon frère et moi. Je ne lui lâche pas sa main libre, l'autre étant occupé à mal traiter un mouchoir blanc en dentelle.
— Avant de commencer, je souhaite vous réitérer mes plus sincères condoléances. Ricardo était un ami d'enfance et un homme d'honneur. C'est une grande perte pour nous tous.
D'un mouvement identique nous hochons la tête en guise de remerciement.
Il triture les branches de ses lunettes en écailles avant de les ajuster sur son nez, puis il s'empare d'une chemise cartonnée où « Testament de Ricardo De Luca » est inscrit à l'encre noire. Il réajuste ses lunettes, certainemnt un tic nerveux, et une fois les feuilles sorties,il entame la lecture. Le ton monocorde du notaire énonce les biens et leurs valeurs dans un premier temps, et vient ensuite la répartition. Je jette un œil vers mon frère et remarque que sa posture est aussi tendue que la mienne. Ma grand-mère reste digne comme toujours malgré le chagrin qui l'assaille et mes doigts avec ceux de mon frère qui doivent la faire souffrir à force de les serrer plus fort à chaque énoncé.
— Bien, reprend maître Badaloni.
Il réajuste sa paire de lunettes. Encore.
— Signora Charlotte De Luca, vous conservez la totalité des biens qui composent les trois îles, ainsi que l'hôtel situé à Stresa, donné en gérance à mademoiselle Rose Delcourt. Les revenus de placements financiers, ainsi que la fortune en liquide. En ce qui concerne la maison de couture De Luca située via Pietro Verri à Milan, les parts de signore Ricardo De Luca qu'il détenait à cent pour cent, puisque aucun consortium n'a été admis, ni actionnaires, vous reviennent à hauteur de cinquante pour cent.
Je fronce les sourcils, mon frère bouge sur sa chaise mal à l'aise, et Charlotte esquisse un sourire en coin en fixant le mur en face d'elle.
— Signora Alessia De Luca-Santori... le notaire fait une pause, attire mon attention, se gratte le crâne, remonte ses lunettes sur le nez, il va falloir qu'il pense à les faire réajuster, pensé-je ne fixant son geste, se racle la gorge. Vous pouvez d'hors et déjà bénéficier du compte épargne ouvert à votre nom à votre naissance. Une somme substantielle d'un montant d'un million d'euros y est entreposée...
Je manque de m'étoffer avec ma salive et me raccroche aux rebords de ma chaise afin de ne pas tomber et surtout rester ancrée dans la réalité. Nonno n'a jamais mentionné qu'il m'avait ouvert un compte et encore moins qu'il contenait autant d'argent. Je sens les doigts de mon frère enserrer mon épaule derrière le dos de notre grand-mère, mais je ne détourne pas les yeux de l'homme de lois.
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Mi Amore
RomanceForcée de revenir dans son pays natal au bord du Lac Majeur, pour enterrer son grand père adoré, après des années passées à Londres à étudier à la London Collège of Fashion. Alessia va devoir faire face à son passé au doux nom d'AlvizeToscanelli. Me...