Chapitre 4

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Alessia


Les conversations se sont tues. les regards se sont tournés vers nous.

Sauf un, essentiellement accaparé par ma silhouette.

Sauf un, qui tombe dans le mien, pourfendant mon âme de ses iris hazels.

Sauf un, que je n'étais pas encore prête à soutenir.

Et pourtant, je m'y perds et je replonge des années en arrière...

Rose ayant senti ma détresse se poste à mes côtés, me ramenant au moment présent en laissant s'évanouir mes souvenirs, délaissant mon frère et son grand pote en pleine conversation.

— Respire ma puce, il ne fait que passer, m'informe-t-elle. Sa paume frotte mon dos dans un geste qui ce veut rassurant.

C'est déjà trop pour mon petit cœur encore malade du sien.

— Une nana doit l'attendre quelque part.

Que c'est moche la jalousie. Surtout en n'étant plus légitime d'en ressentir les effets.

Rose ricane.

Seulement, qui ne confirme... consent. Non ?

Alvize se redresse, se décolle de l'angle de la cheminée contre laquelle il est appuyé, pose son verre sur un plateau, amorce un pas dans ma direction, je me contracte, prête à recevoir l'onde de choc que va engendrer sa proximité, mais mon frère le retient in extremis par le bras. Je vois au regard qu'il lui lance que cela ne lui plait pas, mais il capitule, ne souhaitant pas faire d'esclandre. Alors Alvize s'avance vers ma grand-mère, afin de la saluer en la prenant dans ses bras, lui souffle quelques mots à l'oreille et quitte la pièce sans un regard pour moi.

Je retrouve une respiration normale.

Terzo termine son verre d'une seule gorgée, le repose sur le manteau de la cheminée puis se dirige droit sur moi. Mâchoire contractée, il passe ses doigts dans sa chevelure déjà malmenée par ses précédents passages, ses yeux croisent ceux de mon amie et Rose me prévient qu'elle va aider Charlotte.

— Minable ton excuse Rosita, étant donné que nonna est assise dans le canapé.

— Oups.

Je la fusille du regard.

— Ne pense pas t'en tirer aussi facilement.

Un haussement d'épaules pour simple réponse et elle déguerpit.

Mon frère se tient droit en face de moi, sauf que, je le connais assez pour affirmer qu'il n'en mène pas large. Il a toujours été incertain quant à l'attitude à adopter envers moi. A part une fois, où il a été catégorique, celle de me faire promettre de ne jamais tomber dans les bras de son meilleur ami. Je ne l'ai pas promis. On nous a inculqué de ne jamais mentir ou faire des promesses que l'on ne tiendra pas... Je rirais presque de l'ironie si ma blessure était cicatrisée, ce qui n'est pas le cas.

Terzo est mon aîné de huit ans. Il a dû bien trop tôt prendre son rôle de grand-frère au sérieux à la mort de nos parents. Ricardo et Charlotte les ont remplacés, à tous les niveaux, mais Terzo a été très protecteur. Il faut dire que je n'avais qu'un an quand ils nous ont laissés orphelins et lui neuf. Nous étions inséparables malgré les huit ans qui nous séparent. Je sais aussi que j'ai abusé de son comportement envers moi quand je m'obstinais à le suivre partout, ma raison n'était pas noble, puisque c'était pour passer un maximum de temps en compagnie d'Alvize. D'aussi loin que je m'en souvienne, il m'a toujours plu, mais mon frère ne me repoussait quasiment jamais, sauf quand il voulait conclure avec une meuf. C'est Alvize qui prenait le relais et ainsi de suite...

Mi AmoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant