Mi Amore

Chapitre 6

                                  

                                                                                             Alvize

Elle est revenue.

Evidemment qu'elle est de retour connard son grand-père est décédé.

Je balance un uppercut à cette emmerdeuse.

Terzo ne m'a pas prévenu du retour de sa sœur. Je le soupçonne de l'avoir fait sciemment. Je n'ai jamais parlé de mon passif avec Alessia mais il est assez malin pour avoir compris que quelque chose s'est passé entre elle et moi. Surtout qu'après avoir appris son départ, j'ai saccagé mon appartement en représailles à son comportement. Et le crochet qu'il m'a balancé soi-disant -afin de me remettre les idées en place- n'était qu'une excuse pour m'en mettre une après avoir compris que j'avais touché à sa petite sœur adorée. Je ne me suis pas défendu, preuve s'il en est, accablante de vérité. Aucune parole n'a été prononcée, il ne m'a réclamé aucune explication, et quand je lui ai demandé sur quels doutes il s'est fondé, il a simplement haussé les épaules en affirmant qu'il a toujours su qu' Alessia avait le béguin pour moi et qu'il connaît son caractère quand elle désire un truc. Le message était passé. Tu ne touches plus à Alessia. J'ai hoché la tête, approuvant, tout en m'efforçant de chercher des solutions pour que cela n'arrive plus. Inutile. Cette fuyarde a imprimé ma peau. Et je ne suis pas doué pour tenir mes promesses...

Alors quand je l'ai vu débarquer hier soir, dans le salon en compagnie de Rose, plus femme, plus magnifique que jamais, avec une fragilité qui m'a donné envie de me précipiter et de la prendre dans mes bras, mon coeur a raté un battement. Quatre longue années sans nouvelles, sans visites. Je m'interdisais de m'informer auprès de mon pote, de toute façon après son recadrage musclé il ne m'aurait rien dit des agissements de sa soeur, et il a fini par m'avouer que lui non plus n'avait pas nouvelles, donc je rongeais mon frein, et puis le temps a tracé son chemin et mes vieilles habitudes ont repris le dessus. Terzo et moi sortions souvent, je baisais pour oublier celle que je ne pouvais pas avoir, ça a fonctionné, son visage disparaissait au fur et à mesure que je me tapais des nanas insignifiantes, je ne jouissais plus en imaginant que c'était son corps sous le mien, ma queue dans son intimité, ses lèvres sur les miennes. J'ai bossé aussi, beaucoup, voyagé pas mal, et malheureusement les deux derniers faits sont les maillons des chaînes de mon propre passé. je voulais éjecter Alessia de ma mémoire mais aussi le reste... et malheureusement Aurora en est le fermoir.

Je tenais à aller saluer sa sœur, mais Terzo m'en a empêché, et comme ne voulant pas déclencher un scandale, j'ai abdiqué, encore plus quand mon regard s'est porté sur Alessia qui cherchait un moyen de disparaître. J'ai salué Charlotte et ai quitté la villa en insultant mon pote mentalement.

Demain je pourrai la voir, l'approcher, si son garde du corps la laisse respirer. Je suis au courant qu'il en a bavé du mutisme de sa sœur et qu'il va tout entreprendre pour redevenir le frère protecteur qu'il était, si ma jolie tête de mule lui donne le feu vert. A moi d'être plus malin. Fort de cette nouvelle motivation, j'ai passé le reste de la soirée en compagnie d'ancien potes d'université et comme par hasard ou pas, aucune femme n'a terminé dans mon lit.

Aujourd'hui au cours de la messe, et plus précisément pendant l'éloge funèbre de son grand-père, mes yeux ne pouvaient pas se détourner de sa silhouette fragile soutenue par son frère. Cela aurait pu être moi à ses côtés, si je n'avais pas merdé... mais avec des si.. et puis, c'est une autre histoire. Alors j'ai fait ce que je fais de mieux, je l'ai soutenue moralement en ancrant mon regard dans le sien dès qu'elle m'a repéré. Tout le long de son discours je ne l'ai pas lâchée, elle le récite par cœur, les mots sortis de sa bouche étaient pour Riccardo, les mots criés par ses prunelles étaient pour moi. Tristesse, remords, regrets, rancœur... amour défunt. Et puis, comme dans une comédie romantique de merde, les ongles manucurés d'Aurora ont coupé ce lien invisible entre Alessia et moi. J'ai vu le moment où elle les a repérés, j'ai senti son corps se tendre comme si j'étais contre elle et là c'est le dégoût qui a pris le relais et enfin l'indifférence. celle qui blesse, qui tue quand elle a penché son visage en avant et se soustraire à notre duel de regard.