Chapitre 16

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Alessia

Ces deux enfoirés sont morts de rire. Je suis à deux doigts de commettre un homicide et eux rigolent.

— Heureuse de constater que mon malheur fait votre bonheur.

J'avance vers les deux hommes, qui malgré tout ce que je peux dire en m'évertuant de cadenasser mon coeur, compte le plus pour moi, en direction du balcon où ils fument, les bras croisés sur ma poitrine et le regard meurtrier.

Quand mon frère m'a récupéré en bas de chez Alvize, il a été catégorique sur le fait que je devais me changer et m'excuser auprès de Charlotte. Nous sommes tombées dans les bras l'une de l'autre dès que j'ai franchi le seuil de l'appartement de Terzo, et je lui ai promis en prime de ne plus surréagir comme hier. Elle ne mérite pas les tempêtes qui influent souvent dans mon crâne à la place de ma raison.

Charlotte et Ricardo m'ont soutenue, épaulée, quand j'en avais le plus besoin, cachant mon secret à mon frère et je sais que cela a été le plus dur pour eux, mais ils l'ont fait pour moi... alors je dois faire acte de maturité et de professionnalisme.

J'ai eu le temps de réfléchir cette nuit à ma condition, et je dois être honnête il y a pire... Mon grand-père m'offre sur un plateau d'argent la chance d'une vie de styliste.

Mais ce fourbe s'est bien gardé de m'informer de notre petite visite chez De Luca Couture. Je ne l'ai compris qu'une fois qu'il a emprunté la route vers le centre-ville et non vers l'autoroute. Je ne me sentais pas encore prête à retourner là où notre nonno a poussé son dernier soupir et Terzo de me répondre, que plus j'attendrai plus se sera dur.

— Autant arracher le pansement d'un coup sec Lissia.

Il a certainement raison, sa logique est entendable mais arpenter les couloirs, visiter les ateliers, saluer le personnels et mes futurs collègues me parait bien au-dessus de mes forces.

Je vois mon grand-père partout. Comment fait Terzo pour supporter tout ça ? Je vais devoir le lui demander, mais pas maintenant, là j'ai un autre souci à régler.

Pourtant je suis là dans le bureau de mon frangin après avoir découvert le mien. Coup au ventre quand Terzo m'y a emmenée, coup au cœur quand j'ai découvert mon domaine exactement comme je me l'étais imaginé. Mon grand-père l'a aménagé comme j'aurais pû le faire moi même.

Je reviens à la réalité quand Alvize me pose la question qui tue :

— Aurora t'a emmerdé ?

Je le fixe les mains sur les hanches.

— D'après toi, petit génie ? Je vous préviens, impossible pour moi de bosser à côté de cette salope à moins que tu ne veuilles refaire la décoration de son bureau en rouge écarlate.

Mon frère soupire et Alvize contracte les mâchoires afin de ne pas sourire. De mon mauvais caractère certainement.

— Al, commence mon frère, en prenant mes mains dans les siennes, je comprends que sa présence te soit désagréable, mais pour le moment, je te demande de prendre sur toi...

— Tu te fous de moi ! éructé-je en me détachant de sa poigne.

Prendre sur moi pour travailler avec celle qui a anéanti mes espoirs ? mon amour pour Alvize ? Jamais. Qu'il se débrouille de la virer mais c'est au dessus de ma capacité de la côtoyer tous les jours en sachant qu'elle et Alvize sortent ensemble en plus.

— S'il te plait Lissia.

— Non... non... vous ne comprenez pas...

Je baisse mon visage, les larmes s'amoncèlent au bord de mes cils. Je ne dois pas pleurer. pas devant eux. J'ai assez versé de larmes au cours de mon séjour à Londres.

Mi AmoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant