Bejeweled

Recovery

Sébastien fixait toujours le plafond, laissant ses pensées tourbillonner. L'ambiance dans la chambre d'hôpital était à la fois douce et lourde, de regrets étouffés par un amour démesuré. David, blotti contre lui, semblait si fragile mais Sébastien savait que cette fragilité n'était qu'une façade. Sous son apparence délicate, David était indomptable. C'était ce mélange de force et de vulnérabilité qui l'avait séduit dès le début et c'est ce qui le terrifiait aujourd'hui.

Il repensa à ces quelques heures qui avaient changé leur vie où chaque minute aurait pu faire la différence. Si seulement il avait couru plus vite, parlé moins longtemps... Si seulement il avait pris le danger plus au sérieux. La culpabilité le rongeait, chaque bleu, chaque coup visible sur le visage de David lui rappelait son échec. Il avait échoué à le protéger.

Sébastien effleura doucement la joue de David, suivant du bout des doigts les marques laissées par l'agression. David avait toujours été un guerrier, luttant contre l'injustice même au péril de sa vie.

David bougea légèrement dans son sommeil, resserrant son étreinte autour de Sébastien comme s'il sentait son malaise, ses tourments. Sébastien inspira profondément, essayant de chasser les ombres de ses pensées. La détermination montait en lui comme une marée implacable. Il ne pouvait plus se permettre d'être spectateur. S'il fallait qu'il devienne l'ombre protectrice de David, alors ainsi soit-il. Il serait prêt à tout sacrifier, y compris sa propre sécurité, pour le bien-être de l'homme qu'il aimait.

  Cette douleur, cette peur, il les transformerait en force. Plus jamais David ne serait laissé sans protection. Plus jamais Sébastien ne laisserait le destin décider pour eux.

C'était une promesse qu'il se faisait, là, dans cette chambre silencieuse avec la respiration apaisée de David contre son cœur. Leur avenir ne serait peut-être pas sans risques mais Sébastien était prêt à affronter chaque bataille qui viendrait.

Sébastien sursauta légèrement en sentant le mouvement de David, sa voix rauque venant briser le silence de la chambre.

« Arrête de ruminer, Séb... » grogna David d'une voix encore ensommeillée, son visage à moitié enfoui contre le torse de son compagnon.

Sébastien ne put s'empêcher de sourire, malgré la lourdeur de ses pensées. Comment faisait-il pour toujours savoir même à moitié réveillé, ce qui se passait dans sa tête ? Il baissa les yeux et rencontra le regard un peu flou de David qui le fixait, l'air amusé malgré la fatigue.

« Je ne rumine pas... » répondit Sébastien doucement, glissant à nouveau sa main dans les cheveux ébènes de David.

« Menteur, » répliqua David en fermant à moitié les yeux, ses lèvres esquissant un sourire en coin. « Je te connais, Séb. Tu penses encore que tout est de ta faute... »

Sébastien resta silencieux, son sourire se figeant. Il n'avait pas besoin de répondre. David savait déjà.

« Tu ne peux pas toujours tout contrôler, tu sais. Et je n'ai pas besoin d'être protégé... enfin, pas tout le temps, » murmura David, sa main se glissant lentement sous la chemise de Sébastien pour chercher la chaleur de sa peau.

Sébastien soupira, se sentant pris entre l'envie de contester et celle d'accepter les paroles rassurantes de David. Mais comment pouvait-il ne pas vouloir le protéger, surtout après ce qui s'était passé ?

« Je sais, mais... » commença-t-il avant de s'interrompre, ses doigts jouant machinalement avec une mèche de cheveux. « Je ne veux pas te perdre, David. »

David leva la tête et planta son regard dans celui de Sébastien, son sourire s'adoucissant. 

« Tu ne me perdras pas, idiot. Je suis plus coriace que j'en ai l'air. Et puis, c'est toi qui m'aide à tenir. »

Sébastien sentit un poids se détacher légèrement de ses épaules en entendant ces mots même si l'inquiétude ne le quittait jamais tout à fait. Il n'aurait jamais pu arrêter David, c'était vrai. Mais il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour qu'il ne soit plus jamais blessé de cette façon.

« Promets-moi de faire un peu plus attention, alors, » dit-il doucement, son pouce caressant la joue de David.

David sourit, puis hocha légèrement la tête.