Ennemi to lover

chapitre 20-l'ombre du vide

Le matin se leva doucement sur la ville, baignant l'horizon d'une lueur pâle. Le silence dans la maison était presque lourd, une tranquillité de surface qui cachait la tempête intérieure de Cassie. Elle se réveilla lentement, les yeux à moitié ouverts, fixant le plafond sans vraiment voir. La journée semblait se dérouler devant elle comme une longue attente, un vide qu'elle n'arrivait pas à combler. Elle tourna lentement son regard vers le côté du lit, où la place de sa mère était vide, comme cela avait été chaque matin depuis qu’elle était partie.

Elle roula doucement hors du lit, ses jambes hésitant sous son poids, mais elle ne se soucia pas de cela. Il n’y avait aucune urgence, aucun besoin de se lever vite. Le silence était réconfortant, ou peut-être trop lourd. Elle s’étira et s’approcha de la fenêtre, jetant un coup d’œil à l’extérieur. Le ciel était clair, mais son esprit était tout sauf paisible. Elle ne voulait même pas sortir de la chambre. La journée allait être comme les autres, monotone et emplie de pensées trop lourdes pour être partagées.

Elle se dirigea ensuite lentement vers la salle de bain. Le miroir la renvoya son reflet fatigué, sans vie. Elle n’essaya même pas de se coiffer ou de se maquiller. Ce n'était pas important. Elle se contenta de laver son visage, d'enlever le sommeil de ses yeux. Ses gestes étaient lents, mécaniques, presque comme si elle agissait sans penser. Elle resta un long moment devant le miroir, ses yeux perdus dans l'ombre qui s'était installée au fond d’eux. Elle soupira profondément, comme pour évacuer un peu de la pression qui l’étouffait, avant de se tourner vers le tiroir.

Elle prit une brosse à cheveux sans vraiment y prêter attention. Elle se brossa les cheveux avec une régularité absente d’émotion, les gestes devenant encore plus automatiques. Le silence régnait toujours dans la maison, aucun bruit, aucun mouvement. Tout était calme, mais elle sentait chaque instant de plus en plus lourd.

Puis, sans prévenir, ses pensées dérivèrent vers sa mère. Elle revit le visage de sa mère avant qu’elle ne meure, les derniers jours où elles avaient été ensemble. Le vide envahit son esprit de plus en plus. Chaque minute qui passait la tirait un peu plus loin d’elle-même. Elle n’arrivait pas à échapper à la pensée qu'elle ne pourrait plus jamais la revoir, qu’elle allait devoir vivre sans elle pour le reste de sa vie.

Quelques heures passèrent ainsi, presque suspendues dans le temps. L'après-midi était là avant qu'elle ne s’en rende compte, mais elle n’avait pas vraiment vécu ces heures. Quand elle entendit la porte s’ouvrir, elle sursauta légèrement. C’était JJ. Il entra dans la pièce sans faire de bruit, mais lorsqu’il la remarqua, il se figea un instant. Il s’était rendu compte de la distance qu’elle mettait entre eux, mais il ne savait pas comment l’atteindre.

JJ : « Ça va ? »

Cassie tourna lentement la tête vers lui, un faible sourire sur les lèvres, mais il pouvait lire dans ses yeux que tout allait mal. Il s'approcha d'elle, s'arrêtant juste assez près pour ne pas la déranger.

Cassie (d'un ton neutre) : « Je vais... je vais bien. »

Mais JJ savait qu'elle mentait. Ce n’était pas dans ses habitudes de cacher ce qu’elle ressentait. Il pouvait voir que quelque chose n’allait pas, que chaque mot qu’elle prononçait était un effort.

JJ (avec une touche de douceur) : « Tu veux en parler ? »

Cassie détourna les yeux. Elle ne savait pas si elle voulait en parler. Elle avait l’impression que chaque parole qu’elle dirait ne changerait rien, ne ferait qu’ouvrir davantage une blessure qu’elle ne pouvait pas refermer.

Cassie (à mi-voix) : « Ça ne changerait rien. »

Elle tourna à nouveau son regard vers le miroir. Ses yeux étaient vides, perdus dans la contemplation de son reflet. Elle ferma les yeux un instant, cherchant à repousser la douleur qui montait, mais elle savait que rien ne pouvait la faire partir.