chapitre 22-retour au château

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Le trajet jusqu’au château fut plus difficile que prévu. Cassie, allongée sur le siège arrière de la voiture, fermait les yeux, cherchant à apaiser les douleurs qui la rongeaient. Malgré le soulagement d’avoir survécu à son terrible accident, elle sentait chaque mouvement de son corps comme une agression. Chaque secousse de la voiture, chaque petit virage, semblait aggraver la douleur de sa blessure. Le pansement autour de son ventre était lourd, humide, et même la moindre brise d’air sur sa peau semblait la piquer.

JJ, assis à l'avant, jetait de temps en temps un regard dans son rétroviseur. Il avait l'air épuisé, mais il ne disait rien. Cassie n’était pas la seule à souffrir. Lui aussi, il l’avait vue se battre pour sa vie, il avait vécu avec l’angoisse de la perdre. Mais maintenant, tout ce qu’il voulait, c’était qu’elle rentre enfin au château, au calme, loin de l’hôpital et des souvenirs douloureux de ces derniers jours.

Cassie (d’une voix faible) : « JJ, ça va... je suis presque là. »

Il tourna la tête vers elle, un sourire faiblement rassurant sur le visage.

JJ : « Ne parle pas trop, d'accord ? Je sais que tu veux être courageuse, mais tu viens juste de sortir de l’hôpital. Il faut que tu sois prudente. »

Cassie acquiesça, se mordillant la lèvre inférieure. Elle n’avait pas l'habitude d'être vulnérable, de devoir dépendre des autres. Mais cette fois, elle n’avait pas d’autre choix.

En arrivant au château, le poids de la situation s'abattit sur eux. Le vent frais de la fin de l’après-midi les enveloppa à leur sortie de la voiture. Cassie se retrouva à la porte de la maison, les yeux fixés sur les marches qui montaient vers l'entrée. À chaque pas qu’elle faisait, la douleur de sa blessure l’empêchait de marcher normalement. Elle s’appuyait sur JJ, mais cela ne suffisait pas. Son corps lui semblait étranger, comme s’il ne lui obéissait plus.

Cassie (essoufflée, à peine un murmure) : « J-JJ... je crois que je ne vais pas y arriver. »

Il s’arrêta instantanément, se tournant pour la soutenir davantage.

JJ (d’une voix ferme) : « Tu vas y arriver, Cassie. Je suis là. Un pas à la fois. On va faire ça ensemble. »

Elle hocha la tête, mais ses jambes tremblaient sous le poids de la douleur. Chaque pas semblait une épreuve. Les médecins lui avaient dit de se reposer, de ne pas forcer, mais ici, elle voulait juste retrouver un semblant de normalité, retrouver le château, cet endroit où elle avait l'impression que tout pouvait redevenir possible.

Ils arrivèrent finalement à la porte, et Cassie se laissa glisser contre le mur, haletante, tandis que JJ déverrouillait la porte et l’ouvrait. L’intérieur était calme, silencieux, et l’air y semblait plus léger. Mais rien ne pouvait apaiser ce malaise constant dans son corps. Rien ne pouvait effacer l'angoisse qui pesait sur elle, cette peur de tout perdre à nouveau.

Dans le salon, Cassie s’effondra sur le canapé, une fois qu’elle eut franchi le seuil de la porte. JJ s’assit à côté d’elle, un bras protecteur autour de ses épaules. Les premiers instants étaient étrangement silencieux. Aucun des deux n’osait briser ce calme pesant, mais tous deux savaient que ce retour au château signifiait quelque chose de plus que de simples retrouvailles. C’était le début d’un long chemin vers la guérison, un chemin semé d’obstacles, de douleurs et de moments de doute.

Cassie (d'une voix brisée) : « Je déteste ça... je déteste être aussi faible. »

JJ (la regardant avec douceur) : « Ce n'est pas de la faiblesse, Cassie. C’est une épreuve, et tu es en train de la traverser. Ce que tu as vécu, ce que tu continues à vivre... ça te rend forte. »

Elle le regarda, cherchant des signes de sincérité dans ses yeux. Il était là, à ses côtés, prêt à l’aider, mais est-ce qu’il comprenait vraiment ce qu’elle ressentait ?

Cassie : « Je n’y arriverai jamais, JJ. J’ai tellement mal. Je veux juste que tout s’arrête, que cette douleur disparaisse. »

Elle posa une main sur son ventre, l’expression déformée par la souffrance.

JJ : « Tu as tout le temps de te reposer, Cassie. Ce n’est pas en forçant que tu vas aller mieux. Les médecins ont dit que tu avais besoin de temps. C’est ce que tu vas faire. Du temps pour toi. »

Cassie secoua la tête, se renfermant sur elle-même.

Cassie : « Je n’ai pas le temps, JJ. J’ai... j’ai tout perdu. »

Les mots étaient sortis tout seuls. Elle les avait laissés filer, sans les contrôler. Les émotions qui bouillonnaient en elle se déversaient. Elle avait l'impression de suffoquer sous le poids de tout ça, de tout ce qu’elle avait vécu, de tout ce qu’elle perdait. Mais ce n’était pas aussi simple. Elle ne savait plus où commencer, par où prendre tout ça. Le retour à la réalité était brutal.

Les jours suivants furent une succession de moments de découragement et de petits progrès. Cassie passait la majeure partie de son temps alitée, se contentant de regarder par la fenêtre, se perdant dans les pensées qui l'envahissaient. Les visites se faisaient rares, et bien que JJ ne la quitte pas, Cassie se sentait de plus en plus seule dans sa douleur. Les médecins lui avaient conseillé de ne pas trop bouger, de limiter ses déplacements, mais c'était plus facile à dire qu'à faire.

Le château était vaste et silencieux. Même les bruits de la maison semblaient étouffés par la tristesse qui régnait. JJ était toujours là, fidèle, mais Cassie avait l'impression qu'il ne pouvait pas vraiment comprendre la profondeur de ce qu'elle ressentait. Il la regardait, il la soutenait, mais il n'avait jamais vécu ce qu'elle vivait.

Un après-midi, alors qu'elle était seule dans le salon, Cassie tenta de se lever pour aller à la cuisine. Elle s’accrocha à la rampe, ses jambes vacillantes sous elle. Chaque mouvement était une épreuve. La douleur dans son ventre la lançait à chaque pas. Elle n’était pas prête, mais elle se sentait prise dans un besoin de reprendre le contrôle, de ne pas se laisser aller.

Cassie (murmurant pour elle-même) : « Je dois le faire... »

Mais à peine eut-elle fait deux pas qu'elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle s’effondra sur le sol, un cri de douleur s'échappant de ses lèvres. Les larmes commencèrent à couler sur son visage. Elle se haïssait pour ce qu'elle était devenue, pour la faiblesse qu'elle ressentait. Tout à coup, une main ferme se posa sur son épaule.

JJ (d'une voix douce) : « Tu vois, c’est pour ça qu’ils t’ont dit de te reposer. Tu ne peux pas te précipiter, Cassie. Laisse ton corps se rétablir. »

Elle tourna son regard vers lui, ses yeux remplis de larmes, et il l’aida à se relever doucement, la soutenant alors qu’elle se laissait guider jusqu'au canapé.

Cassie : « J’ai l'impression que je vais jamais m’en sortir... »

JJ : « Tu vas t’en sortir. Parce que tu n'es pas seule. »

Ils restèrent là, dans un silence lourd, tous les deux plongés dans leurs pensées. Le retour au château avait été bien plus difficile que ce à quoi elle s’était attendue, mais il y avait encore un espoir, un petit fil de lumière au bout de ce tunnel. Cassie savait qu’elle n’était pas seule, qu’il y avait des gens qui l'aimaient, qui la soutenaient. Mais c’était une bataille qu’elle devait mener, et elle n'était pas prête à abandonner.

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