Chapitre 29

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L'Océan, immense, s'étendait devant nous. Nous fûmes tous subjugués par cet instant magique.

Je fixai l'horizon, lointaine. C'était la première fois que je voyais autant d'eau. La lune, de sa pâle lueur, se reflétait sur les mille et uns vagues venant s'échouer sur la plage. Doucement, sans quitter des yeux l'étendue scintillante, j'avançai jusqu'au rivage. Lorsque l'eau toucha délicatement mes pieds, je m'arrêtai. Le vent salé vint caresser mon visage, m'apportant toutes sortes d'odeurs de la mer. L'eau, transparente, laissait voir le fond, avec ses coquillages, ses rochers épars et ses bancs de poissons.

Puis le ciel, peu à peu, s'illumina. Les nuages se parèrent d'une infinité de teintes. Du rose, du violet, du bleu, du blanc, du jaune...

Le soleil se levait.

Quelqu'un me prit la main. C'était Arkos. Le vent faisait frémir ses oreilles, ramenait ses cheveux en arrière. Ses yeux verts luisaient d'un doux éclat. Il me souriait. Il était beau.

Ensemble, main dans la main, nous regardâmes le soleil se lever. Sa lumière, éclatante, nous enveloppa, nous réchauffa, nous illumina. L'eau scintillait, elle aussi, de mille feux, reflétant les couleurs chatoyantes des nuages et la lumière étincelante de l'astre du jour. C'était beau. Tout était beau. Tout était parfait. J'aurais pu rester ici pendant une éternité, à revivre ce doux moment de calme, de repos et de beauté.

Le soleil monta, monta, éclairant les poissons, les coquillages, la plage et ses rochers. Puis, doucement, il ralentit sa course et se suspendit dans le ciel désormais azur.
Éblouie, je cessai enfin de l'admirer pour reporter mon attention sur Arkos. Il fermait les yeux, savourant l'air frais glissant sur son visage. Je serrai sa main, et il rouvrit les yeux. Tous les deux, nous regagnâmes le reste du groupe en souriant.

Ils nous regardaient, l'air mi-surpris, mi-amusés. Je demandai à Crystal :

- Alors... C'est ici que nos chemins se séparent ?
- Oui... soupira-t-elle. Mais j'ai quelques petites choses à faire avant !

Je souris devant son air malicieux. Elle nous serra tous dans ses bras. Alice la serra aussi, elle faillit étouffer et la serra encore plus fort. À la fin, elle éclatèrent de rire. Puis, en dernier, elle arriva devant Aurélien.

- Bon, eh bien... commença-t-il en baissant les yeux.
Elle ne le laissa pas finir sa phrase et lui sauta dessus pour l'embrasser. Quand elle se détacha de lui, le pauvre était tout rouge et complètement désorienté.

- Arrête de faire cette tête, fit-elle en riant. Je sais que tu en avais envie.

Elle s'éloigna vers le rivage en agitant la main et en lui faisant un clin d'œil. Il sourit timidement.
Arrivée près de l'eau, elle y sauta toute habillée et disparut quelques secondes sous la surface. Elle y réapparut dans une gerbe d'eau, simplement vêtue d'un soutien-gorge fait de perles et de coquillages, comme dans les légendes. Sa queue était accordée à ses cheveux, bleue turquoise, avec des reflets blancs, roses et violet. Elle nous salua une dernière fois, et plongea définitivement dans l'étendue d'eau cristalline. Je regardai sa forme s'éloigner au loin, jusqu'à ce qu'elle disparaisse elle aussi.

Bon voyage, Crystal.

- Bon... Et on fait quoi maintenant ? murmura Alice.
- On reprend notre chemin. Notre quête.
- Quelle quête ? demanda Éva.

- Survivre, devenir plus forts et, pour moi, trouver un moyen de me débarrasser de Zwei.
- On a de plus en plus d'ennemis... soupira Caroline. D'abord le Conseil, maintenant les Anciens...
- Nous renverserons le pouvoir, affirmai-je. Il est temps de commencer une nouvelle ère, sans ces tyrans.
- Ça ira, pour Crystal ? demanda Aurélien.
Les autres pouffèrent, et il rougit.
- Elle a choisi son camp, répondis-je. Elle a compris où était sa place, et a su s'émanciper. Elle a un bel avenir. Arrête de t'inquiéter...
- On dirait un amoureux transi, le taquina Arkos.
- Oui, bon, ça va ! s'exclama Aurélien en rougissant de plus belle.
- Bon ! On devrait peut-être se mettre en route ! déclarai-je pour le sortir de ce mauvais pas.

Tout le monde acquiesça sans faire plus de commentaires, mais leurs yeux rieurs parlaient pour eux.

- Et... On va où ? demanda Éric.
- On n'a qu'à trouver un petit coin de forêt dégagé ! répondis-je. Il nous suffira de nous fabriquer un petit abri et le reste ira tout seul !
- Tu me parais un peu trop optimiste mais bon... soupira Arkos.
- C'est Crystal qui déteint sur moi... plaisantai-je.

Il sourit puis se transforma en Loup. Ses yeux me disaient :
"Tu montes ?"

Ce que je fis avec un sourire jusqu'aux oreilles. Dès que je me fus installée sur son dos, il démarra au quart de tour et se mit à courir à toute vitesse sur la plage.
Je riais, lui aussi, à sa façon de Loup, et à chacun de ses pas, le sable giclait de plus belle, nous propulsant avant, toujours en avant.

Au bout d'un moment, il fit demi-tour, comme pour rejoindre les autres, mais au dernier moment il vira.

- Non... Non, Arkos ! m'écriai-je, comprenant ce qu'il voulait faire.

Trop tard. Il plongea la tête la première dans l'eau mais ne s'arrêta pas pour autant. Il continua à nager jusqu'à ce qu'il n'ait plus pied.
Et quand il stoppa enfin sa course, il reprit sa forme humaine, le traître ! Moi qui avais réussi à rester à peu près sèche...
Je tombai dans l'eau qui me parut moins froide que je ne l'aurais cru, et m'agrippai à Arkos qui riait aux éclats. Il flottait parfaitement, même en riant.

- Arkos ! hurlai-je. Tu sais bien que je n'aime pas l'eau !
- Justement, il est temps que tu t'y habitues...
- Raaah... Tu m'énerves !

Il m'attrapa par la taille.

- Tu sais nager, au moins ? me demanda-t-il.
- Je me débrouille, mais ramène-moi au bord ! Tu m'as mise dans l'eau, tu m'en sors !
- Ah oui ?
- Oui ! Tu...

Il m'embrassa avec un sourire sans me laisser finir ma phrase puis regagna la rive à toute vitesse, me laissant plantée là.

- Arkos ! m'écriai-je de nouveau.

Je n'aimais pas l'eau parce que je ne m'y sentais jamais en sécurité. Pourtant, je flottais plus que la moyenne des gens, alors que je n'étais pas particulièrement légère sur la terre ferme.
Mais là, je n'avais pas le choix. Je nageai tant bien que mal jusqu'à l'autre idiot, puis soupirai de soulagement quand mes pieds touchèrent à nouveau le sol.

- Arkos...
- Mais t'as que mon nom à la bouche, ma parole ! s'exclama-t-il.
- Oh, toi... dis-je d'un ton menaçant.

Lumière de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant