Chapitre 28

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Notre sauveuse nous lança un grand sourire. Aurélien sourit lui aussi, ainsi que tous les autres.

- Tout le monde va bien ? demandai-je, inquiète.
- Heu... Ça fait bizarre quand même... fit Alice.

Je me tournai vers elle. En effet, une pointe de lance était encore profondément enfoncée dans son ventre. Éric ouvrit des yeux horrifiés, Caroline eut un haut-le-cœur et Éva hocha gravement la tête en déclarant :

- Oui, je l'avais remarqué. Nous étions côte à côte dans ma bataille.
- Et... T'as pas mal ? balbutia Éric.
- Ben non. J'arrive même à courir. J'ai eu mal au début, mais c'est tout.
- C'est normal, expliquai-je. Les Vampires meurent très difficilement. Par contre, il serait temps de t'enlever ça.
- Je veux bien, oui...
- Je vais le faire, dit Arkos. Mais je te préviens, ça va faire un peu mal.
- Fais-le ! répliqua-t-elle.

Il soupira et l'amena contre le mur.

- Il ne faut pas que tu bouges.

Il la maintint d'une main tandis que de l'autre, il saisit la pointe.

- Prête ?
- Ferme-la et tire !
- Ça va, ça va...

Il tira d'un coup sec la pointe qui se dégagea facilement. Alice grimaça, Caroline, qui avait regardé, s'évanouit et Max la retint de justesse.
La chair d'Alice se reconstitua lentement mais sûrement, jusqu'à ce que sa blessure disparaisse totalement. Personne à présent n'aurait pu se douter qu'elle avait existé un jour. Telle était la nature des Vampires.

Crystal afficha un air inquiet.

- Suivez-moi, déclara-t-elle. On ne peut pas rester là.

Elle s'écarta pour nous montrer un passage secret jusqu'alors dissimulé derrière elle.

- Il nous mènera à l'extérieur du château.
- "Nous" ?
- Je ne peux plus rester ici. Ils sauront que c'est moi qui vous ai fait évader de toute manière. Et puis Aurélien m'a expliqué qui était vraiment Zwei, ajouta-t-elle en faisant un clin d'œil à l'intéressé qui rougit.
- Et tu le crois ? répliquai-je. Nous pourrions très bien te manipuler.
Elle haussa les épaules.
- Ça m'étonnerait. J'ai senti le mal qui te rongeait lors de ta "crise".
- Admettons. Mais où irais-tu ? Je ne suis pas sûre que tu puisse rester avec nous vu nos projets.
- Ne vous inquiétez pas. De l'autre côté des montagnes, c'est l'Océan. Je n'y suis plus allée depuis ma naissance, mais je pense que je serai bien accueillie.

Nous nous engouffrâmes dans le passage puis Crystal referma la porte cachée.
Tandis que nous progressions, elle continua :
- Il paraît que les Norsolcellys faisaient pression sur le peuple des mers. On m'a envoyée ici de force.
- Et tu t'es laissée faire ?! s'exclama Aurélien.
- J'étais bébé, et je n'ai appris la vérité que très récemment. Et puis comme j'étais heureuse ici, je n'ai pas cherché à m'attirer des problèmes.
- Étrange... murmurai-je. Moi, j'aurais essayé de m'enfuir pour en savoir plus.
- La fuite et la trahison sont punis de mort. C'est pour ça que je pars avec vous. Je ne suis plus en sécurité là-bas depuis que je vous ai ouvert cette porte.
- Je vois.

Nous vîmes enfin la sortie, et je respirai avec plaisir l'air frais. Crystal referma la porte, et la nature sembla engloutir le passage souterrain.
- Où sommes-nous ? demanda Arkos.
- De l'autre côté de la Montagne, répondit-elle.

Le paysage était beau à en couper le souffle. Des collines, des champs entiers de fleurs, une forêt, une cascasde, au loin... Le lieu était idyllique. Alice hurla de joie et se mit à courir partout. Éric la suivit en souriant et se changea en Loup en plein saut.

- Ils s'améliorent, remarqua Arkos.
- Encore heureux, répliquai-je. Sinon, on serait vraiment nuls en matière d'enseignement...

Crystal ne prenait pas part à notre plaisir.

- Un problème ? lui demandai-je.
- Ils pourraient trouver le passage d'une minute à l'autre, me répondit-elle. Nous devons nous dépêcher de nous fondre dans la nature et de les semer.
Je redevins sérieuse et acquiesçai gravement.
- Tu as raison. Nous ne sommes pas en sécurité.

Je réunis la troupe et demandai à Crystal d'ouvrir la marche. Elle secoua la tête.
- On ne peut pas se permettre de marcher tranquillement ! nous dit-elle.
- Très bien, répondis-je. On va prendre des mesures alors. Éva, Éric, Arkos, transformation !
Ils s'exécutèrent. Comme ils étaient l'un à côté de l'autre, on voyait clairement la différence de taille entre Arkos et Éric. Le premier faisait le double du deuxième.
- Éva, tu porteras Crystal, continuai-je.
La panthère noire agita la queue.
- Éric, tu porteras Aurélien.
Il grogna. Aurélien aussi fit la moue. Il était grand temps qu'ils apprennent à se supporter.
- Quant à toi, Arkos, tu porteras Cindy et... Hey !!

Il m'avait soulevé du museau. Il me lança en l'air, comme si j'étais une balle, et j'atteris sur son dos. Il était aussi blagueur en Loup qu'à la normale. Comme il était énorme, il pouvait porter deux personnes. Donc, Cindy et moi.

- Alice, tu es une Vampire. Tu n'auras qu'à courir, ta vitesse sera plus que suffisante.

Son visage s'orna d'un grand sourire. Se défouler lui ferait le plus grand bien.

- Karim, j'espère pour toi que tu as affiné tes pouvoirs... J'ai besoin de trois chevaux. Les plus rapides possibles.

Il ne se fit pas prier et appela les animaux. Au bout d'une trentaine de secondes, trois Licornes toutes blanches sortirent des fourrés.
Il leur parla un peu, puis nous indiqua qu'elles obtempéraient.

- Super ! m'exclamai-je. Prends-en une, Caroline, une autre, et Max, la dernière.

Tout était prêt. La manœuvre avait duré cinq minutes. Pas plus.

Crystal demanda à Éva de se diriger vers le Nord, et la troupe s'élança derrière elle. Cindy s'accrocha à moi, et moi au poil dru et noir d'Arkos. Nous allions à une vitesse phénoménale. Alice nous suivait sans mal.

- Pourquoi ne pas avoir demandé des chevaux pour tout le monde ? demanda Crystal en criant pour se faire entendre.
- Il ne faut pas utiliser la nature plus que nécessaire ! lui répondis-je de la même façon.

La chevauchée dura plusieurs heures. Je vis toutes sortes de merveilles : des fleurs exotiques aux mille couleurs, des ruisseaux, des cascades, des prairies, des collines à l'herbe verte et tendre...

Des oiseaux chatoyants volaient à côté de nous, curieux, avant de reprendre leur route. Aucun animal ne semblait nous craindre.
Lorsque nous arrivâmes près de la plage, nous ralentîmes et nous arretâmes à quelques mètres du sable fin. Le soleil n'était pas encore levé, mais cela ne saurait tarder. Nos yeux voyaient parfaitement dans cette mi-obscurité. Les Licornes attendirent patiemment que leurs cavaliers descendent, puis, tranquillement, elles repartirent vers la forêt.

Je descendis moi aussi d'Arkos, Cindy aussi. Il se retransforma, ainsi qu'Éva et Éric.

- Tu serais un bon cheval, Arkos, le taquinai-je.

Il ne me répondit pas. Il ne me regardait même pas. Il fixait quelque chose, au loin. Je suivis son regard, et tombai, moi aussi, en arrêt.

L'horizon. L'Océan.

C'était attirant, magique, infini.

C'était incroyable.

Lumière de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant