Comment allais-je pouvoir utiliser ce minuscule endroit sans écaille pour le tuer ?
J'avais du mal à réfléchir, ballotée dans tous les sens par un Dragon désireux de chasser l'indésirable, c'est-à-dire moi, de sa tête.
Bien cramponnée, j'étais désormais juste devant le trou. Y planter mon épée ne suffirait pas à le tuer. Il fallait y concentrer le maximum d'énergie possible.Le moment était venu de découvrir mes limites. Je pointai l'épée vers le ciel, et y accumulai toutes mes forces restantes. Cela ne suffit pas. Je continuai, tirant maintenant l'énergie des Loups alentour. Puis le ciel, clément, m'aida. Le temps sembla alors ralentir sa course et je vis très distinctement l'éclair arriver vers moi. Sa lumière éblouissante suivait un chemin plein de pointes, et son trait descendit jusqu'à toucher l'épée.
La puissance était telle qu'elle vibrait entre mes mains.Utilisant les dernières forces, j'enfonçai la lame dans sa chair en hurlant. Le choc se fit ressentir à un kilomètre. Je retirai l'épée prestement, laissant apparaître le trou baignant dans une lumière mortelle. Mon instinct de survie me poussa à m'en éloigner le plus possible, seulement, la Bête secoua sa tête dans tous les sens en rugissant de douleur. Ce qui me fit voler à plusieurs mètres.
Heureusement que mes ailes veillaient au grain. Elles ralentirent suffisamment ma chute pour que j'atterrisse sans problème.
Je ne les maîtrisais pas encore parfaitement, il m'était pour l'instant impossible de voler.
Arkos me rejoignit immédiatement, suivi de Djibril.
- Tout va bien ? s'exclama-t-il.
- Aucun problème, répondis-je.Le 100Z se débattit dans tous les sens, rugissant, geignant, puis son énorme masse chancela, pencha, et s'écroula finalement sur le côté.
La Bête était vaincue.
Elle expira son dernier râle en même temps que les premiers hourras retentirent.
Tous étaient heureux. La menace était passée. Tout allait bien.
Enfin... Presque.Djibril s'écroula soudain. Sous son visage tordu de douleur, une fleur rouge s'étendait sur sa poitrine. Le cœur de cette fleur mortelle était un morceau de métal. Une petite pointe métallique dont la tige s'étirait dans le dos et ressortait de l'autre côté.
Une flèche.Et,en suivant la courbe fatale qu'avait décrit la flèche, on arrivait à un arc.
Un arc tenu par des mains. Et au bout de ces mains, des bras. Puis tout un corps.
Le corps d'Elay.
Elay pleine de rage.
Elay pleine de haine.
Elay.Fatale erreur que de l'avoir oubliée.
Car désormais Djibril passait devant nous les dernières minutes de sa vie.
Arkos hurla.
Il s'agenouilla près de son ami et lui prit la main.
- Mino... fit le moribond. T'as intérêt à assurer en Reine.
- Compte sur moi, fis-je doucement.
J'étais triste, mais je n'avais pas envie de pleurer. Mon visage était impassible.
- Arkos, continua Djibril, prends soin de tout le monde sinon je reviendrai te hanter...
- Tu vas pas mourir, répondit-il, au bord des larmes. Pas alors qu'on vient juste de se retrouver...
- Je pensai que le meilleur pote qui meurt à la fin n'existait que dans les histoires...
- Tu seras dans la légende, Djibril, lui assurai-je.
Il ne répondit pas.Paix à ton âme, guerrier.
Je fis apparaître une fleur de lotus et la déposa au cœur de la fleur de sang.
Arkos resta silencieux. Il le resta un long moment, puis releva la tête vers Elay. Celle-ci était retenue par des Loups-garou, comme tous les autres membres, d'ailleurs.
Deux larmes de rage et de douleur coulèrent le long des joues du Demi-loup.
Et la façon dont il fixait Elay ne me rassura pas du tout.
Je posai ma main sur son épaule.
- Arkos...
Il respirait de plus en plus fortement.
- Calme-toi, Arkos...Trop tard. Il se transforma en une bête dont chaque fibre du corps n'était que rage et rancune.
- Ne fais pas ça ! m'écriai-je.
Trop tard, encore une fois.
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Lumière de nuit
Fantasy"Qu'est-ce que tu fais ici ? - Moi aussi, je suis content de te revoir ! Voyant mon regard noir, il soupira. - A ton avis ? Je suis là pour toi. - Je n'ai rien demandé. - Je n'ai jamais dit ça. On surveillait un groupe de 4D depuis un bout de temps...