Chapitre 19

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"Nous serons des lumières de nuit."

Cette phrase... Je l'adorai sans trop savoir pourquoi. Nous serions les Darks Angels, une équipe du tonnerre.

- Allez, au dodo maintenant ! s'exclama Arkos suivi aussitôt d'un "chuuuuuuuut !!!!" général.
Je me rendis en riant dans ma tente mais ne dormis que d'un œil.
Règle n°1 : toujours rester sur ses gardes en dehors de la zone sécurisée.

Une règle, la plus importante de toutes, que tout le monde savait. On n'est et ne sera jamais en sécurité en dehors de la zone. On avait beau essayer de l'étendre le plus possible, il semblait que c'était le contraire qui se produisait : elle rétrécissait de plus en plus sous les attaques des monstres. Un jour viendrait où le QG serait attaqué. Et ce jour-là... Ce jour-là...

Le sommeil m'emporta pour de bon, coupant net mes pensées. J'avais laissé à Max le soin de monter la garde, car les Hommes-arbres ne dormaient que deux heures par nuit. Éva, en tant que Femme-félin, voyait bien la nuit, elle le remplacerait donc pendant ses deux heures de sommeil.

Je me réveillai en pleine forme, vers sept heures du matin. Je me levai pour aller voir Éva, qui dormait à moitié.
- Hey, lui dis-je, vas te recoucher un peu, le temps qu'on lève le camp. Elle hocha lentement la tête et s'endormit sur place. Un vrai chat...
J'allai réveiller les autres, et nous démontâmes les tentes en silence pour la laisser se reposer. Mais quand tout fut rangé, il fallut bien qu'elle se lève... Éric la secoua comme une brute, ce qui eut deux conséquences : un, elle se réveilla de fort mauvaise humeur, et deux, Éric se remit en route avec de belles griffures au visage. Ils ne se parlèrent pas pendant tout le reste du voyage, et boudèrent encore plus en voyant que cela faisait rire les autres.
J'avais quand même une belle équipe de tarés. Mais qui ne l'était pas en ce monde ? Nous étions tous fous, ici. Tous.

Lors de la pause déjeuner, Alice essaya de réconcilier les deux boudeurs en les faisant rire, mais rien n'y fit. Arkos se joignit alors à la partie, et réussit bien mieux qu'Alice puisqu'Éva et Éric éclatèrent de rire. Mais ça ne tarda pas à dégénérer puisque, vexée, Alice donna un bon coup de poing sur le crâne d'Arkos, lui enfonçant la tête par terre. Avant que tout ça ne se transforme en bataille de nourriture, je m'interposai, essayant de calmer le jeu.

Cindy restait dans son coin, se moquant totalement de ce qui se passait puisque les Elfes ne s'intéressaient qu'à leur propre personne. Caroline était trop timide pour tenter quoi que ce soit et Karim aussi. Aurélien et Max me regardèrent faire, sans savoir s'ils devaient intervenir ou pas. J'allai devoir me débrouiller seule. Encore.

Mais... Qu'est-ce que je disais, moi ? Je transformais une simple ristourne entre amis en combat à mort. Voilà ce qui arrive quand on est aussi social qu'un Elfe...
Éric, sous le feu de l'action, se changea en Loup, ce qui calma, à mon plus grand soulagement, tout le monde. Tandis qu'Éric de retransformait, Arkos fut pris d'un immense fou rire, et fut bientôt suivi par tous les autres de l'équipe. Une bande de tarés, je vous dis. Et dire que c'était moi la chef... Donc logiquement, la plus folle. Mmmh... Ça restait à prouver.

Il était temps de se remettre en route, surtout que nous n'étions plus qu'à deux heures de marche du groupe de 2B... Un faux pas, et nous nous faisions repérer. Le voyage se déroula dans un silence total, mais beaucoup moins lourd que le matin puisque la moitié de l'équipe faisait de gros efforts pour ne pas éclater de rire en repensant à la pause.

Je m'arrêtai brusquement, et leur intimai d'un geste de faire de même. Arkos dressa les oreilles, à l'affût d'un bruit pouvant signaler une présence inconnue. Soudain, il se figea, et me désigna d'un geste un bosquet à ma droite. Il me fit d'autres signes, ce qui en langage codé signifiait :
"Derrière le buisson, à cent mètres, une clairière, ils sont dix."
Il me parlait des monstres que nous traquions. J'ordonnai à mes partenaires d'effectuer la formation n°2, puis nous encerclâmes la clairière.

Je bondis sur eux, suivie d'Éric, Éva, Max et Arkos. Les autres restèrent en arrière pour nous assurer. Les monstres n'eurent pas le temps de comprendre ce qu'il leur arrivait, s'ils comprenaient quelque chose, du moins. Je terrassai le premier d'un simple coup d'épée à la gorge, tandis qu'Éva tranchait net la tête du second de sa faux. Éric, d'un bond, se retrouva au-dessus du troisième, fit tournoyer sa lance et réduisit la tête de celui-ci en charpie. Arkos lança au même moment ses poignards sur le quatrième, lui crevant les yeux et l'atteignant assez au cerveau pour qu'il meure. Max, n'aimant pas utiliser les armes, utilisa directement son corps. Son bras droit se transforma en des tentacules de bois tournoyant dangereusement. Elles s'allongèrent et se projetèrent sur le monstre suivant, le transperçant de part en part. Plus que cinq.
La tête me tourna soudainement. Oh non. Je dis un geste à Arkos, commandant le repli immédiat. Il comprit en une fraction de seconde et emmena les autres derrière les bosquets, en sécurité.

Attention ! Le passage que suit contient des scènes susceptibles de choquer les plus jeunes ou les plus sensibles, c'est gore (j'ai pas abusé non plus, mais autant prévenir...)

Ma folie meurtrière me reprenait. Ce sang... Tout ce sang... Mmmh... Cela faisait longtemps... Si longtemps... Même avec les 4D, je n'avais pas ressenti ça...
Je me donnai entièrement à mon envie de meurtre, et sautai sur un des monstres en l'égorgeant à mains nues. Je décimai un à un tous les 2B, puis ma folie me poussa à lécher lentement le morceau de chair qui m'était resté dans les mains.
Mmmh... Si chaud... Si vivant et si mort à la fois...Délicieux. Le spectacle qui s'offrait à mes yeux parut de toute beauté à mon cerveau dérangé. J'éclatai d'un rire complètement fou et sadique avant de m'écrier :
- Regarde ! Regarde, Arkos ! C'est beau, non ? Cette petite fable était bien agréable... Mais le spectacle est fini, et le rideau doit tomber... Tomber sur tous ces jolis amas de chair... C'est dommage, non ? Tu ne veux pas goûter ? lui dis je tout à coup en lui tendant le morceau que j'avais entre les doigts.
- Mino... Reprends-toi... Tu te rappelles de ce que tu m'as dit l'autre fois ? Reprends-toi ou je m'énerve.
- Oooh ? Arkos énervé ? Oulalalala... Vite vite vite, cessons de faire la psychopathe... Tu entends, Mino ? Il va s'énerver... Huhu ! J'ai hâte de voir ça !
- Que...? Ha oui, c'est vrai. Zwei, arrête d'embêter ma Mino et retourne dormir.
- Ta Mino ? Huhuhu... Tu me parais bien possessif pour un chien...
- Mino... Je compte jusqu'à trois. Si à trois Zwei est encore là, toi ou pas à l'intérieur, je la défonce. Un...
- Oui... C'est ça, chienchien. Montre moi les crocs.
- Deux...
- Tu entends ça, Mino ? Le toutou n'obéit plus... On fait quoi ?
" TU ME LAISSES LA PLACE ET TU RETOURNES DORMIR, PAUVRE IDIOTE !!!!" hurlai-je du fond de moi-même.
- Oulala... Mino me passe un savon à cause de toi, Arkos...
- Trois !
- Calme-toi, je m'en vais ? Ciao ! Ah ? Une dernière chose, le chien ! Mino ne veut pas l'avouer, mais elle a un petit fai...

Je repris le contrôle avant qu'elle ne finisse sa phrase. Avoir une double personnalité... C'était assez énervant. Surtout quand celle-ci était une psychopathe. Zwei était impossible à gérer. Je lançai un regard d'excuse aux autres, mais ils semblaient avoir compris la situation et me sourirent.

Voilà ! Oui je sais, c'est parti totalement en live. Et alors ?
Oui, c'est plus gore que l'autre combat, aussi... Mais bon. Moi j'aime bien... Et vous ?
N'oubliez pas de votre et de commenter !

Lumière de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant