Arkos et moi nous arrêtâmes d'un même geste.
- Qu'est-ce que c'est que ce truc ? souffla-t-il.
Je ne répondis rien. Ce lieu m'appelait.
Devant nous s'étendait un grand étang d'eau cristalline. Il semblait éclairé de l'intérieur, comme si mille et une lumières bleutées s'agitaient sous la surface.
Et ces lumières n'étaient pas que sous l'eau : autour de nous volaient des lueurs semblables à celles sous la surface. Elles étaient... Hypnotisantes.Mais là n'était pas le plus incroyable. Au milieu de l'étang, sur un îlot, se dressait une statue qui était taillée dans un matériau laiteux et translucide.
C'était un Ange.
Un Ange, à genoux, ses ailes refermées autour de lui comme pour le protéger. Il semblait tendre ses mains jointes vers l'eau, comme pour en recueillir. Son visage aux traits fins et sereins était entouré d'une longue chevelure.Le tout était sculpté avec tant de finesse qu'il semblait prêt à s'envoler. Jamais une personne normale n'aurait pu concevoir un tel chef d'œuvre. Même un maître en la matière n'y serait pas parvenu.
- C'est un Ange, répondis-je à Arkos.
Les lumières autour de moi étaient de plus en plus nombreuses. Elles semblaient vouloir me tirer vers la statue.
D'ailleurs, cette statue m'appelait. Je répondis à son appel, avançant vers le bord de l'eau. Arkos, autour duquel plus aucune lumière ne venait voler, me suivit en jetant des coups d'œil méfiants aux alentours.
Arrivée à la rive, je sentis que je ne devais pas m'arrêter. Je continuai à marcher.
Arkos voulut me retenir, mais une force mystérieuse l'empêcha de me toucher.
Les lumières s'agglutinèrent alors sous mes pieds, formant un pont éphémère et brillant. Arkos fut forcé de rester sur le sol, et à me regarder m'éloigner. Il ne dit rien, et m'observa en silence.J'arrivai bientôt de l'autre côté. Aussitôt, les lumières m'entourèrent à nouveau et me guidèrent sur la statue.
J'étais désormais, et au sens propre, entre ses mains. Je me demandai si elle n'allait pas se mettre à bouger, mais non. Seules les lumières se déplacèrent, m'incitant à les suivre, ce que je fis sans attendre. Puis, arrivées devant la tunique de l'Ange, elles s'arrêtèrent pour éclairer une porte.
Un passage.Elle semblait fermée, mais au moment où je la touchai, elle s'ouvrit. Sans le moindre doute, je m'engouffrai dans le tunnel obscur. Les lueurs, fidèles au poste, éclairaient mon chemin.
Je descendis le long du passage, dont les parois, du même matériau que le reste, luisaient faiblement. La descente n'en finissait pas. Puis j'arrivai enfin au bout du tunnel. Je pénétrai alors dans une grande salle lumineuse qui ressemblait à un sanctuaire. En effet, au centre se dressait un autel. Intriguée, je m'approchai de lui, mais soudain, il s'illumina. Toutes les lumières qui m'accompagnaient se joignirent à la forme lumineuse qui était en train d'apparaître au-dessus de l'autel. Cette forme prit peu à peu un aspect humain. Une femme, réplique parfaite de la statue, s'avança vers moi. Ses cheveux et ses yeux étaient dorés comme le soleil. Seules des ailes semblaient manquer au tableau. Elle me paraissait si familière... Mais je sentais que quelque chose n'allait pas.
Je m'avançai vers elle, mais quand je voulus la toucher, mes doigts la traversèrent comme de la brume. Elle sourit.
- Bien le bonjour, Mino, dit-elle.
- Comment connaissez-vous mon nom ? m'exclamai-je.Sans répondre, elle continua :
- Tu es attendue depuis si longtemps...
- Qui êtes-vous ? demandai-je.
- Moi ? Je ne suis qu'un fantôme du passé, la gardienne de ce temple... La vraie question est : qui es-tu, toi, n'est-ce pas ?Je ne répondis pas. C'était vrai. J'étais ici pour en savoir plus sur moi.
- Je comprends tes interrogations, Mino.
- Alors répondez-y, répliquai-je.
Elle rit doucement.- Tant d'impétuosité... Ne t'inquiète pas, les réponses viendront en temps et en heure. Approche, dit-elle en marchant vers l'autel.
J'obéis.
- Pose tes mains sur cet autel, continua-t-elle.
Je les posai mais les retirai aussitôt en ressentant une vive douleur à la poitrine.
- Tu dois le faire, Mino. Tu dois enlever le mal qui est en toi.
Parlait-elle de Zwei ? Je devais en avoir le cœur net. Je posai une nouvelle fois mes mains sur la surface froide.
La douleur revint aussitôt, mais je serrai les dents. Au fond de moi, je sentis Zwei se tordre de douleur. Bientôt, je n'eus plus mal, mais quelque chose en moi voulait sortir.
Soudain, mon corps fut comme tiré en arrière, tandis qu'une forme diffuse en sortait. Je me rattrapai de justesse, évitant de tomber par terre, tandis que Zwei gisait par terre, le visage tordu de douleur.
Comme je le pensais, elle avait les cheveux blancs et les yeux roses, mais elle avait aussi, et surtout, de longues cornes sur la tête et une queue ressemblant à celle d'un bouc. Elle se releva tant bien que mal.- Vois-tu, Mino, déclara la gardienne, cette femme est un démon. Sa présence t'empêchait d'utiliser pleinement tes pouvoirs.
En effet, je sentais déjà une énergie nouvelle affluer en moi.
- Toi... cracha Zwei d'une voix rauque.
- Silence, démone ! s'exclama la femme. Tu es impure en ces lieux ! Qu'allons-nous faire d'elle ?- Exilez-la, répondis-je. Envoyez-la quelque part d'où elle ne pourra pas ressortir.
- Bonne idée, approuva-t-elle. Tuer est contre tous mes principes.Elle leva les bras, et un cercle blanc se forma autour de Zwei. Elle hurla et tenta de se jeter sur moi, mais trop tard. Elle avait disparu.
- Les démons n'ont aucun pouvoir en ces lieux sacrés, déclara la gardienne. C'est pourquoi il m'a été facile de l'expulser.
- Je vois. Et maintenant... Qui suis-je ?
Elle sourit.- Ne l'as-tu pas deviné ?
Et vous ? L'avez-vous deviné ?
Je crois que ce chapitre est l'uns des plus importants de tous.
VOUS LISEZ
Lumière de nuit
Fantasia"Qu'est-ce que tu fais ici ? - Moi aussi, je suis content de te revoir ! Voyant mon regard noir, il soupira. - A ton avis ? Je suis là pour toi. - Je n'ai rien demandé. - Je n'ai jamais dit ça. On surveillait un groupe de 4D depuis un bout de temps...