Lumière de nuit

Chapitre 17

- Heu... Tu es sûre ? me demanda Alice, hésitante.
- Mais vas-y, je te dis ! Obéis !

Elle s'exécuta en ronchonnant et ouvrit sa main droite. Elle ferma les yeux et je la sentis se tendre, se concentrer de toutes ses forces. L'énergie coula de son corps et s'accumula dans sa main, puis je la vis lentement s'élever et prendre forme, s'allonger, encore et encore, jusqu'à presque former un fil...
Mais au dernier moment, son attention se relâcha et tout disparut. Elle me regarda d'un air désespéré.
- Qu'est-ce qu'il y a ? la taquinai-je. Tu t'attendais à quoi pour une première fois ? Mais tu y étais presque ! Recommence, tu vas y arriver !
Voyant qu'elle n'obéissait pas, je m'exclamai :
- Je n'ai jamais vu une Vampire aussi peureuse ! T'es sûre que t'en es bien une ?

Piquée au vif, elle se mit en position et recommença. Elle échoua encore une bonne dizaine de fois, puis finit par réussir à créer un fil extrêmement ténu, mais un fil tout de même. Elle m'adressa un grand sourire de fierté puis essaya de le manipuler. Elle n'eut pas de mal à le faire bouger, mais il se cassa dès qu'il toucha le tronc d'un arbre. Devant son air confus, j'éclatai de rire et lui déclarai :
- C'est bien. Continue jusqu'à en faire des résistants, il suffit de s'entraîner pour ça.
Elle soupira et se remit au travail.

Je jetai un coup d'œil autour de moi mais voyant que tout le monde était occupé et n'avait pas besoin de moi, je décidai d'aller voir comment se débrouillaient ceux qui étaient partis avec Arkos. Ils étaient allés un peu plus loin dans la forêt que nous, qui étions restés à la clairière. Je suivis leur trace, bien visible, et arrivai à un espace dégagé. Max était agenouillé devant un arbre, et je supposai qu'il s'imprégnait de son essence pour maîtriser ses transformations. Éva commençait légèrement à se transformer : des griffes sortaient de ses doigts. Éric était avec Arkos, qui lui enseignait la transformation en Loup, car il s'agissait de la même chose pour un Mi-loup et un Loup-garou. En réalité, on trouvait peu de différences entre ces deux espèces.

Je n'avais vu Arkos se transformer qu'une fois. Une seule. À voir les expressions sereines des trois autres, il me parut évident qu'il ne leur avait pas fait de démonstration lui-même. Encore heureux. Je frissonai en me remémorant cette fois-là, m'efforçant de ne pas y penser.

Éric était bien plus doué que je le pensais. Sous mes yeux, il se transforma lentement en Loup. Ce fut d'abord sa peau qui se couvrit de fourrure, puis ses os se déformèrent, craquèrent, sa tête s'allongea, des griffes remplacèrent ses ongles... Quelques secondes plus tard, la transformation était terminée.
J'avais désormais devant moi un Loup, de taille légèrement au-dessus de la moyenne, de la taille d'un tigre du Bengale environ. C'était un Loup au pelage roux formant un dégradé de blanc sur la tête. Ses yeux étaient d'un brun caramel que je trouvai très joli.

- Bien... Très bien ! dit doucement Arkos tandis que les autres ouvraient des yeux ébahis. Tu te contrôles ?
Éric s'assit et courba la tête. Arkos avait beau avoir rompu le lien lui permettant d'avoir une totale suprématie sur le Loup-garou, il n'en restait pas moins son Alpha, et était respecté comme tel par Éric. Ce dernier ne semblait pas avoir de mal à contrôler ses mouvements, en testant plusieurs différents. Il n'eut aucun problème pour marcher, trotter, courir à une vitesse raisonnable, s'étirer, et j'en passe.
- C'est parfait ! s'exclama Arkos. Une fois appris, ça ne s'oublie jamais. Tu maîtrises tes transformations désormais !
M'apercevant, il ajouta :
- Tu peux rejoindre Mino, maintenant. Pas en Loup ! cria-t-il alors qu'Éric courait vers moi.
Ce dernier s'arrêta brusquement, se retransforma un peu plus rapidement que la première fois, puis courut à nouveau vers moi.
- À nous, Éva.
Arkos s'approcha de cette dernière tandis que je m'éloignai en compagnie d'Éric.
- Donc je vais devoir me battre avec une lance ? fit celui-ci d'un air désespéré.
- Oui.
Une petite voix dans ma tête me reprocha mon manque de tact, mais nous avions déjà eu cette conversation avec Éric. Il soupira et reprit :
- Et je vais faire comment ?
- C'est une lance assez spéciale, en vérité. Tu la tiens par le milieu, car il y a une lame de chaque côté de la poignée. Celle-ci fait environ vingt centimètres et chaque lame en mesure cinquante.
- En fait c'est plus une épée à deux bouts, fit-il, soulagé.
- Chez nous, on le met dans la catégorie "lance"...
- Non non c'est une épée !
- Tu veux vraiment jouer à ça avec moi ...? lui demandai-je d'un air menaçant.
- Non en fait c'est bon, c'est une lance, OK OK... fit-il en accélérant le pas.

Sa réaction m'amusa, mais je pris soin de ne pas le montrer. Sinon, adieu l'image de la Mino implacable...
Éric semblait à première vue n'avoir peur de rien, mais sous toute armure se cache une peau fragile... Le jeune rebelle était un vrai froussard, en fait. Enfin, à lui de me prouver le contraire.

- Au fait... dit-il soudain.
- Oui ?
- On les reverra, les autres ?
- De ta classe ? Sûrement, oui...
- C'est ta classe aussi, hein...
- Pas pour moi. Ça l'était, ça ne l'est plus.
- Quelle sympathie dans ces mots...
- Je ne suis pas née pour être sympa, sinon je ne serais pas là. On arrive, ajoutai-je alors que nous arrivions à la clairière.

Alice s'entraînait toujours à créer des fils, Karim était introuvable, Aurélien et Caroline lisaient mais Cindy avait fini. Ce qui voulait dire qu'une heure s'était déjà écoulée. Le temps passait plus vite que ce je ne le pensais...

Bien bien bien ! C'est tout ce qu'il y aura sur l'entraînement car le prochain chapitre comportera une ellipse. Mais si l'entraînement vous intéresse, dites le dans les coms, je me ferai une joie de vous faire un chapitre bonus !

Je vous aime, point à la ligne.