Lumière de nuit

Chapitre 34

- Qu'est-ce que tu me racontes ? m'exclamai-je.
- Tu... Tu t'es regardée dans un miroir ?
- Arrête de tourner autour du pot et dis-moi le problème !

Il soupira et pointa quelque chose derrière moi du bout du doigt. Je me retournai, intriguée, puis restai sans voix pendant un instant.

- J'aurais dû m'en douter... soufflai-je.

J'essayai de les bouger, tout doucement, et elles se murent gracieusement, frémissantes.
Chaque plume semblait plus légère que la suivante, plus blanche, plus pure.

Mes ailes s'agitèrent dans un doux bruissement, faisant se courber imperceptiblement les brins d'herbe alentour.

Elles étaient magnifiques. Le soleil les faisait briller d'un léger éclat, leur attribuant encore plus de féérie. J'eus l'impression que les lumières qui me guidaient guidaient quelques instants plus tôt s'étaient muées en une voilure céleste d'une beauté incommensurable.

Arkos et moi restâmes ainsi plusieurs minutes à les admirer. Puis il secoua la tête et déclara :

- Il faut y aller, les autres nous attendent.
- Je suis restée longtemps à l'intérieur ?
- Moins d'une heure, je pense. Mais il faut quand même rentrer.
- Tu as raison, approuvai-je. On doit vérifier qu'ils n'ont pas fait de bêtises.
Il rit puis demanda :
- On repart comment ?

Je réfléchis quelques instants, puis répondis :
- Je me demande si je peux me téléporter...
- Pas d'après les légendes, en tout cas. Mais on dit que les sanctuaires de ce genre cachent parfois des portails.
- Intéressant... Je vais voir. Mais cette fois, tu m'accompagnes.
Il acquiesça et nous nous rendîmes tous les deux à la rive. Pas de lumières. Elles semblaient avoir disparu. Je posai précautionneusement un pied sur l'eau, puis l'autre. La surface, comme la première fois, résista à mon poids.
Je fis quelques pas, puis m'arrêtai soudainement. Il y avait quelque chose sous l'eau. Et je sus immédiatement qu'il s'agissait de ce que nous cherchions. Je retournai au bord de l'eau, sautai dans les bras d'Arkos et m'exclamai :
- Saute !

Son poids suffirait à m'entraîner dans les profondeurs. Il s'exécuta, et, à ma grande surprise, je découvris que je pouvais respirer sous l'eau.
Comme ce n'était pas le cas d'Arkos, je l'attrapai par un bras et l'entraînai vers le cercle lumineux qui se formait à quelques mètres de là. Nous passâmes ensemble la barrière invisible en priant pour arriver au bon endroit.

Ce fut le cas. Quand j'ouvris les yeux, j'entendis des voix familières tout près de moi.

- J'ai entendu un bruit par ici...

Aurélien.

- Mais naaaan... Qui voudrais-tu qu'il y ait dans ce trou paumé ?

Éva.

- Il a raison, je sens quelque chose.

Éric.

- Vous deux d'accord ?! C'est une première...

Alice.

- Il faudrait peut-être vérifier au lieu d'engager un débat.

Max.

- Les oiseaux m'informent qu'il n'y a aucun danger, en tout cas.

Karim.

- Peut-être... Peut-être un animal des bois ?

Caroline.

- Un animal ferait plus de bruit, à mon avis.

Cindy.

Toutes ces voix qui m'avaient tant manqué. Plus que ce que je ne le pensais. Je ne pouvais plus me passer d'eux à ce point là ?!

- Si c'est un cerf, on aura de la viande pour ce soir !
- Tu ne penses qu'à manger, Éric...
- Bah quoi ?

- Bon, j'y vais, chuchota Arkos.
J'acquiesçai en silence tandis qu'il se levait.

- Hey ! Mais c'est Arkos ! s'exclama Éric.
- Où est Mino ? demanda Alice.

Très court chapitre et je m'en excuse.
Je vous aime bande d'ours-poneys arc-en-ciel !