Epilogue

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Epilogue

Le vent, la chaleur d'un soleil d'été, une odeur de barbecue et des rires. On est tellement loin de tout ce que j'ai connu pendant 25 ans. Fini les bruits de clés, de portes qui s'ouvrent et se ferment, de semelles qui tapent le sol, les cris, les odeurs loin d'être toujours agréables. Fini les barreaux, les cellules, les co-détenus. Fini la prison. Fini de voir ses enfants vieillir au fil des parloirs.

Un an. Ca fait un an que j'ai retrouvé la liberté, El Hamdoulillah, et pour l'occasion toute la famille est réunie. Enfin, non je vais pas vous mentir depuis ma sortie, la famille est réunie en permanence. Depuis bien plus longtemps que ça en réalité, laissez moi vous raconter.

Ce qui a fini de réunir mes enfants définitivement, de les lier plus fortement que tout en dépit de leur différences c'est cette nuit terrible, j'ai même pas de mots pour nommer cette soirée, mais elle a tout changé.

J'ai vraiment cru que mon fils ne se remettrait jamais de cette épreuve. Tous les journaux en ont parlé, c'est pas étonnant ce genre de drame, ça fait toujours du bruit j'en sais quelque chose. Et quand j'ai appris la nouvelle, dans cette cellule, seul, devant mon poste de télévision, la peine m'a écrasée. Subn'Allah c'est comme si je ressentais tout ce que mon fils vivait à l'instant présent. Je savais au fond de moi qu'il ne pourrait pas être plus mal. Sans même l'avoir vu, je savais qu'après ça, sa vie ne serait plus jamais la même. Comme s'il avait pas eu son lot de drames déjà, après avoir perdu la femme qui l'a mis au monde, il a fallu qu'il perde l'amour de sa vie. Je sais ce que ça fait, j'ai vécu la même chose, et par Allah je ne souhaite une telle souffrance à personne. En plus de tout ça, il a assisté à la scène.

Deux jours après les faits j'avais un parloir de prévu avec Lounes, je savais pas s'il allait être présent, j'ai douté, mais j'ai prié, j'ai prié pour qu'il se relève et j'ai prié aussi tout simplement pour qu'il vienne. C'est mon instinct de père, j'avais besoin de voir mon fils, d'être là, même partiellement, pour l'aider à surmonter tout ça, pour l'aider à se relever, lui rappeler que pour son propre fils il ne peut pas se permettre de s'effondrer.

Comment vous décrire ce que j'ai vu ce jour là entre ces 4 murs sordides? Un homme brisé. Littéralement.

Blanc comme un linge. Des cernes sous les yeux. Le dos courbé. Le regard ne reflétant que la tristesse, la peine et la douleur.

Ce jour là mon fils de vingt et un ans a pleuré dans mes bras. Il a pleuré comme le jour du décès de sa mère Allah y rahma. J'ai eu l'impression de retrouver un enfant de 6 ans face à moi. La seule chose qu'il a dite et répéter ce jour là, je peux vous la transcrire sans aucune erreur tellement je l'ai entendu.

« Elle est morte baba. Comme Yemma. Elle est partie, disparue, elle reviendra plus, elle avait rien fait putain elle était innocente. Elle est morte. J'l'aimais putain je l'aimais baba. J'voulais qu'on se marie, qu'on soit heureux. J'voulais juste... Merde c'est de ma faute. C'est de ma faute. C'est à cause de moi tout ça. Et... C'est comme Yemma, chaque femme que j'aime elle meurt... C'était horrible baba, du sang, son putain de sang, y'en avait partout, une explosion, un volcan, du sang. Promets moi que ça arrivera pas à Jennah. Y'a plus qu'elle sur la liste, w'Allah baba j'préfère mourir tout de suite si on doit me l'enlever elle aussi. »

Ce fut le parloir le plus éprouvant de mon existence, il s'est fini sur un immense sentiment d'impuissance. Quand vous avez des enfants, peu importe leur âge, y'a ce petit quelque chose au fond de vous qui vous donne envie de pouvoir régler tous leurs problèmes. Mais là, j'pouvais rien faire pour lui, vraiment rien.

Sur le moment, la seule chose qui l'aurait consolé c'est le retour de Loane à la vie, chose impossible. Loane. Oui c'est Loane qui a péri ce soir là si vous ne l'aviez pas encore compris. Cette Hellsa, Starf'Allah j'ai pas de mots pour en parler, mais une chose est sûre elle sait tirer. Elle a pas manqué son coup, elle a visé la tête. Je n'ose même pas imaginer les images qui doivent tourner en boucle dans le cerveau de mon fils, sachez que j'ai même prié pour que le choc lui fasse perdre la mémoire. Juste un peu, juste pour qu'il oublie cette scène horrible. Ca n'a pas fonctionné, je sais qu'aujourd'hui encore ses nuits sont souvent entrecoupées par les cauchemars. Même toutes ces années après il ne s'est pas complètement remis du choc. Mais je vais vous dire une chose, 26 ans après la perte de ma femme, je ne me suis toujours pas remis du choc d'avoir retrouvé son corps étendu dans l'entrée. On ne se remet pas de ces choses là, la vie nous force à avancer, mais on oublie jamais.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 24, 2015 ⏰

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Lounes & Jennah - Y'a bien que le sang qui nous lie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant