Torn - l.t [Terminé]

Part 1 : réveil

Des bruits stridents, des gens qui s'affolent, des secousses, des sirènes.

La lumière m'éblouie. J'ouvre difficilement les yeux. Des pompiers et urgentistes s'affairent de partout. L'un deux, un homme d'une trentaine d'années, me fait un sourire en me voyant cligner des paupières.

- Ne t'en fais pas, tu vas t'en sortir.

Mais je vois dans son regard un sentiment de tristesse. Non, de la pitié. De la pitié et de la compassion.

- Que...

- Non, n'use pas trop tes forces. Repose-toi...

Je n'ai pas besoin de son conseil, mes yeux se ferment déjà d'eux-mêmes, me plongeant dans un univers sombre et tranquille.

[...]

Bip. Bip. Bip.

Des murs pastel. Des draps blancs. Un silence pesant coupé par le bruit des machines. L'hôpital.

Je suis à peine réveillée qu'une infirmière débarque.

- Bonjour mademoiselle, comment-vous sentez-vous ? me demande-t-elle d'une voix douce.

- Fatiguée... Que s'est-il passé ? Où est ma mère ? Où est mon frère ?

- Doucement, calmez-vous. Vous avez eu un accident de voiture hier matin. Elle vous a percuté par la gauche. Vous n'avez rien de grave, juste une fracture au bras et quelques égratignures, vous pourrez ressortir dans deux jours, comme votre frère, après que tous les examens soient terminés.

Elle n'a rien dit pour ma mère. Je la fixe, espérant une explication. Elle paraît gênée.

- Je vais prévenir le médecin de ton réveil, je suis là bientôt.

Et elle sortit sans un mot. Que c'était-il passé ? Où étaient ma mère et Aiden ? Que leur étaient-ils arrivés ?

Une minute passa. Puis deux. Puis trente. Je m'amuse à compter les petites imperfections des murs, du plafond.

- Bonjour jeune fille !

Je n'ai pas entendu le médecin entrer. Une jeune femme qui doit avoir à peine 30 ans aux cheveux blonds relevés en un chignon. Son air joyeux me redonne presque le sourire. Elle annonce une bonne nouvelle.

- Comment te sens-tu ?

- Mieux, mais j'aimerais savoir où sont ma mère et mon frère. Ils sont ma seule famille.

- Ecoute, ce que je vais te dire n'est pas facile à entendre, fit-elle gravement en s'installant sur mon lit.

Je commence à m'inquiéter. Mon cœur bat plus vite, ma respiration s'accélère un peu, mes doigts accrochent les draps qui me recouvrent. Le médecin a perdu toute sa bonne humeur.

- Ton frère est dans le même état que toi, dans une chambre au même étage. Mais... pour ce qui est de ta mère... La voiture l'a percutée en plein fouet. Elle n'a pas survécu à l'accident, elle est morte sur le coup.

[...]

Morte sur le coup. Maman. Je ne peux pas le réaliser. Pourtant, ça fait maintenant deux heures que le médecin est venue. Il est 17h43.

La porte de la chambre s'ouvre à la volée.

- Elea !

Colin et Grace.

Je leur souris, du mieux que je peux. Ils se précipitent vers moi, Grace me serrant contre elle, Colin tenant doucement ma main. Le silence s'installe, doux, agréable. Le temps passe, nous restons tous les trois sans dire un mot.