Partie 2 - Chapitre 6

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Citadelle d'Avril

Quartiers historiques, Salle d'Armes

Nolan passe la main sur son front. Josic ne paie peut-être pas de mine mais il est endurant et bien plus costaud que lui. Surtout, il sait assez bien manier l'épée et le regard brûlant de Tibesti sur son cou empêche totalement Nolan de tirer quelques rubans de la trame à son avantage. Il a l'impression que le maître d'armes ne regarde que lui.

Depuis le début de l'assaut, Nolan n'a pas marqué un seul point et son bras lui fait de plus en plus mal. Josic s'excuse souvent et suspend ses coups au dernier moment, toujours inquiet. Cela ne fait qu'énerver Tibesti qui l'a déjà réprimandé deux fois. À la troisième, il traverse la salle d'armes avec rage en direction des deux jeunes gens, mais l'apparition de la silhouette de Finépine à l'entrée de la grande pièce le coupe dans son élan. Tibesti dévisage Nolan, serre la mâchoire, mais ne dit rien. Il retraverse la place dans l'autre sens pour s'entretenir à voix basse avec sa collègue.

Intrigué, Nolan ferme les yeux et tente de percevoir des brides de la discussion à travers la Toile de l'espace et du temps. Très peu de fils translucides et brillants s'échappent du canevas des deux personnages. L'univers n'est pas seulement altéré par les mouvements et les pensées parasites des apprentis, mais aussi par l'extrême précaution que prennent Finépine et Tibesti pour ne pas se faire comprendre. Il attrape pourtant quelques nœuds vibrants de colère, teintée des mots «  disparu  » et «  traître  ». Un fuseau bleu électrique plus intense que les autres l'enveloppe et l'assourdit complètement. Il se sent tiré en arrière et secoué avec force  : c'est Josic qui s'inquiète de son mutisme soudain.

—  Nolan, hé Nolan  ! Ça va  ? Répond-moi, tout va bien  ?

Nolan ouvre les yeux sur le visage effrayé de son camarade.

—  Oui, oui... Ne t'en fais pas... Essaie de parler un peu moins fort la prochaine fois, répond-il avec un sourire pincé.

—  Mesdemoiselles-messieurs, votre attention s'il vous plaît  !

Tibesti vient de rugir depuis l'entrée de la salle d'armes. Quelques lames s'entrechoquent encore puis tout le monde se tait.

—  Malheureusement... Je ne pourrai pas assurer la suite de votre entraînement aujourd'hui. Vous êtes déchargés de toutes vos obligations pour le reste de la journée. Merci.

Il fait majestueusement volte-face dans son grand habit blanc et précède Finépine à l'extérieur de la pièce.

—  Et bien  ! Ce doit être quelque chose de grave  ! lance Josic à Nolan.

—  J'espère pas trop quand même, lui répond ce dernier en marmonnant.

—  Pour l'instant, on va pouvoir en profiter, prendre un peu de bon temps... Qu'est ce que tu vas faire  ? Moi je pense descendre au village boire un coup avec Keiran et Gurvan.

—  J'en sais trop rien...

Nolan ne l'écoute qu'à moitié et s'interroge sur les motivations des Artistes. Qu'est-ce qui les inquiète autant  ?

—  Si tu veux, tu peux venir avec nous. Ce sera l'occasion de faire connaissance... Le jeune homme fait mine de se retourner, mais il se ravise devant l'air absorbé de Nolan. Allez, on ne me l'a fait pas à moi, dit-il avec malice en suivant le regard du jeune homme. Elle te plaît, hein  ?

—  Surpris, Nolan étouffe un «  pardon  » bredouillant. Josic éclate de rire. Sans s'en rendre compte, il avait gardé les yeux fixés sur Mara tout en réfléchissant.

Artistes et PhalangesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant