Partie 4 - Chapitre 3

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Chaîne de Coton

Gouffre de la Gronde

L'atmosphère s'est considérablement réchauffée depuis l'attaque des hommes monstrueux et malgré la pluie fine qui continue de transpercer avec acharnement la pénombre qui les entoure. Mara, Silvi et Nolan accueillent avec un léger trouble les Artistes qui viennent de leur sauver la vie. Ce qui peut se comprendre car leur entrée a été fracassante. Ils sont tombés du haut d'une immense falaise pour détruire avec aisance des monstres pratiquement invincibles.

Les jeunes se dérident finalement lorsque Lothar, tout sourire, rabat sa capuche. Dans un cri de surprise, Silvi se jette à son cou et manque de le faire basculer sur les dalles rendues glissantes par la pluie. Nolan se porte à leur hauteur et serre le bras que le vieil homme dégage tant bien que mal de l'étreinte de son amie. Mara est épuisée par sa passe d'armes et se laisse tomber à genoux. Mais son visage en dit long sur son état d'esprit et affiche son soulagement de revoir l'Artiste en vie.

Les trois soldats qui l'accompagnent tournent tranquillement autour des corps abandonnés. Ils se penchent de temps à autre pour vérifier quelque chose et poussent du bout de leurs bottes une main boursouflée pour s'assurer qu'elle ne frémit plus. Puis lorsqu'ils sont satisfaits de leur ronde, ils remontent en direction du feu pour rejoindre le groupe de jeunes gens qui assaillent de questions le vieil Artiste-gouverneur.

— Je commençais sérieusement à m'inquiéter, déclare Nolan en essuyant une mèche de cheveux qui goutte à son front.

— Je savais qu'on pouvait compter sur toi, renchérit Silvi qui a du mal à se remettre de ses émotions. Tu es revenu avec des alliés ? Ce sont eux qui sont là avec toi ?

Silvi jette un œil par-dessus l'épaule de Lothar pour dévisager les trois Artistes capés de blanc qui viennent de les rejoindre. Une pointe d'inquiétude se lit dans son regard. Trois, ils ne sont que trois. Elle aurait préféré voir le vieil homme accompagné d'une phalange complète. On lui avait appris qu'une armée de ce type était composée de plusieurs centaines d'hommes et de femmes. Les voir si peu nombreux ne la rassure pas. Mais comme s'il devinait ses pensées, Lothar se retourne et ouvre les bras pour accueillir ses camarades de combat.

— Je vous présente le commandant Kamir, un de nos plus valeureux guerriers. Il est le chef de la troisième phalange de la citadelle d'Avril.

Le plus petit des deux militaires – mais déjà d'une taille colossale –, esquisse un salut militaire désinvolte lorsqu'il est introduit auprès des apprentis.

— J'ai pu les rejoindre, lui et ses hommes, après mon départ de la cité. Lorsque je lui ai expliqué la situation, il a tout de suite compris les enjeux et a décidé de rentrer de campagne pour tirer les choses au clair. Il est entièrement dévoué à la citadelle et ses Artistes.

— Ce vieux Lothar est trop flatteur, ça ne lui ressemble pas ! Le militaire se rapproche encore de quelques pas pour jauger les apprentis et leur tend la main. En tout cas, il m'a beaucoup parlé de vous : Nolan... et Silvi, je présume, ajoute-t-il en se tournant vers la jeune fille. Les deux autres Porteurs... J'espère que vous saurez vous montrer à la hauteur : il ne tarit pas d'éloges à vos égards !

— Laissez-les tranquilles Kamir, grogne Lothar. Ils ont suffisamment à faire et vous pourrez juger de leurs valeurs bien assez tôt.

— Aucune mauvaise intention de ma part, reprend le guerrier qui se fend d'un grand sourire à travers sa barbe poivre et sel. Vos compliments sont plutôt rares, s'ils ne sont pas exceptionnels... J'en sais quelque chose, comme tous les Artistes formés à la citadelle. Puis il éclate d'un rire tonitruant. Ce ne sont pas mes hommes ici présents qui vous diront le contraire. Le commandant ouvre alors la main en direction des deux personnes immobiles et muettes qui se tiennent derrière lui. Laissez-moi introduire les Artistes : Mélpomène...

Artistes et PhalangesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant