Partie 1 - Chapitre 12

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Citadelle d'Avril

Territoire des Marches

Nolan se laisse guider par la foule. Grisé par les acclamations, la tête lui tourne et le sang lui monte aux joues. Il ne peut pas s'empêcher d'esquisser un sourire béat et de rire aux éclats.

Toutes les tensions s'écroulent et s'échappent comme si l'on avait ouvert les vannes d'un immense barrage. Le jeune homme se sent léger et emporté par les bourrasques de joie.

Des cris de bienvenue et des bravos sont clamés dans chaque couloir. La chaleur et la sincérité de ces manifestations de bonheur sont de véritables baumes au cœur.

Soudain, Nolan aperçoit Silvi qui se fraie difficilement un chemin au milieu de la foule enthousiaste. Elle joue des coudes pour finalement se jeter au cou de son ami. Les yeux légèrement rouges et le visage grave, elle agrippe aussi fort qu'elle le peut son héros. Elle enfouit son menton dans le creux de l'épaule de Nolan en ne prenant même pas garde à sa blessure. Un peu surpris, ce dernier la repousse affectueusement et pose un baiser sur son front, toujours excité par sa victoire.

—  Je suis revenu, tu vois ?

La jeune fille sourit. Un coin de sa lèvre inférieure est légèrement violacé. Elle s'est mordue jusqu'au sang.

—  Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Tu ne peux pas savoir à quel point ça fait du bien de te retrouver vivant ! Lorsque j'ai entendu les gens crier, j'ai bien cru que tout était fini. Finalement, tu es peut-être bien ce Penangis que tout le monde cherche... lui répond la jeune fille après avoir repris son souffle.

Nolan éclate de rire, prend le bras de Silvi et l'entraîne à la suite de la foule en liesse.

—  Je ne pense pas, non...

Son amie le regarde, interloquée.

—  Je n'ai pas tué leur champion... Je ne le voulais et ne le pouvais pas... Je n'ai fait que le désarmer. Et donc je n'ai pas éliminé mon ennemi ! Comme je n'ai pas rempli mon contrat, je ne peux pas être le Penangis !

—  Et encore heureux ! C'est aussi pour ça que tout le monde est si content !

Les deux jeunes gens se retournent pour dévisager Lothar qui les suit de près. Le vieil homme a gardé les mains dans ses poches, tout en étant dangereusement ballotté par les citadins.

Silvi fronce les sourcils et son visage se ferme.

—  Ne nous adresse plus jamais la parole ! Nous ne pouvons plus te faire confiance ! lui lance-elle violemment.

Puis elle se détourne, pleine de rage, et entraîne Nolan à sa suite.

Ce dernier remarque bien que la réaction exacerbée de son amie est pénible au vieillard. Il leur emboîte rapidement le pas tout en restant distant et se résigne au traitement intransigeant de Silvi.

—  Tu ne devrais pas être aussi dure avec lui.

—  Ce n'est pas le moment d'en discuter, lui répond-elle sèchement. Pour l'instant, nous avons quelques comptes à régler avec les responsables de cette mascarade qui aurait pu avoir un dénouement désastreux.

—  Nous allons les voir maintenant ? interroge le jeune homme, fatigué à l'idée de rencontrer ses persécuteurs.

—  La foule nous y mène tout droit, ça ne fait aucun doute.

—  J'en ai pas vraiment envie...

—  Attends pour voir ! Moi, j'ai encore quelques petites choses à leur dire !

Artistes et PhalangesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant