Partie 2 - Chapitre 3

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Citadelle d'Avril

Quartiers historiques

—  Tu sais ce que c'est  ?

Silvi entend encore résonner sa question. Devant elle, Nolan avance à grandes foulées. Il n'a qu'une envie  : poser la même question à Lothar.

«  Encore cette histoire de Penangis. Cette fois la coupe est pleine. Quelle est donc cette chose  ? Quel démon utilise cet objet  ? Ce Penangis  ! Je me fais presque tuer pour cette théorie, pour m'entendre dire que je ne le suis pas finalement, et voilà que cet objet remet l'affaire sur la table... Ça suffit  ! Stop  !  » La tête de Nolan bouillonne.

Derrière, Silvi assiste impuissante à la réaction violente de son ami  : il a quitté brusquement la pièce, sans raison apparente. Elle n'a rien vu de particulier sur le cube. Pour l'instant, elle se contente de le suivre, Mara sur les talons.

Que veut vraiment cette fille d'ailleurs  ? Silvi essaye toujours de l'éviter, mais elle surgit immanquablement, comme ça, de nulle part. Elle prétend nous avoir sauvé la vie... Comme si ce caillou pouvait vraiment nous faire du mal  ! Et puis, elle a bien tenté de tuer Nolan la dernière fois qu'ils se sont rencontrés  ! Elle pourrait recommencer, finir le travail... Pourquoi pas  ? Mais en fait, que faisait-elle réellement ici  ?

—  Tu nous suis encore  ? Pourquoi  ?

Mara ne réagit pas tout de suite. Elle lance un rapide regard en direction de Silvi. Visiblement, elle n'aime pas beaucoup parler.

—  Disons  : pourquoi je le suis...

—  C'est-à-dire  ?

Mara ne répond pas. Silvi reporte son attention sur Nolan. Ce dernier, toujours fébrile, s'arrête subitement à un croisement de couloirs. Silvi en profite pour se tourner vers Mara.

—  Qu'est-ce que tu venais réellement faire dans cette pièce  ?

—  J'y viens souvent...

—  Mais... pourquoi  ?

Mara soupire, agacée.

—  Ça ne regarde que moi...

Après un bref instant d'hésitation, elle ouvre à nouveau la bouche.

—  Et toi, pour quelle raison étais-tu là  ?

Devant elles, Nolan piétine puis emprunte brusquement une coursive très voûtée.

—  Tu pourrais nous dire où nous allons, au moins, lui lance Silvi, écartant ainsi la question.

—  À la bibliothèque  ! répond-il sans même un regard en arrière.

—  Dans ce cas, ce n'est pas la bonne direction  ! renchérit Mara.

Nolan stoppe net sa course, et se retourne d'un bond. On peut l'entendre maugréer un «  ne pouvais pas le dire plus tôt  », puis il avance d'un pas décidé vers les deux jeunes femmes.

—  Conduis-nous alors... s'il te plaît... Je dois voir Lothar  !

Il mordille sans arrêt sa lèvre inférieure. Ses yeux font des allers-retours entre les couloirs et le visage impassible de Mara. C'est tout juste s'il ne bondit pas sur place. L'apprentie se tourne vers Silvi, mais cette dernière hausse les épaules.

—  De toute façon, nous n'avons pas vraiment le choix.

***

Les trois jeunes gens font irruption dans la bibliothèque. La lumière descend du plafond et éclabousse les rayonnages de livres. La gigantesque table centrale est complètement vide. Toutes les chaises sont inoccupées, cela fait déjà un certain temps que les novices qui assistent aux cours sont partis. À l'autre bout, penché sur un grand album, un vieillard gribouille quelque chose.

Artistes et PhalangesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant