Chapitre deux

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Dimitri nous offre gracieusement vingt minutes à la fin de son cours pour nous laisser le temps de nous doucher. Dans les vestiaires, les filles n'arrêtent pas de se plaindre, exprimant aux autres à quel point l'entraînement a été dur pour un premier jour.

L'eau bouillante détend mes muscles tendus et je finis par mettre ma tête sous l'eau. Tant pis pour mes cheveux, ils sècheront naturellement dans la journée. Une buée dense finit par obscurcir les douches communes. Comme moi, les autres filles se détendent sous la chaleur du jet, et y restent plus que nécessaire.

« Excuse-moi ? »

Une main me tapote l'épaule et je me retourne en dégageant des mèches dégoulinantes de devant mon visage. Une fille blonde, qui tente tant bien que mal de ne pas se mouiller les cheveux, se tient devant moi. Elle me dépasse de quelques centimètres, et sa peau bronzée parait presque noire à côté de la mienne, blanche et laiteuse.

« J'ai oublié mon gel douche. Tu pourrais me dépanner s'il te plait ? me demande-t-elle en désignant le tube que je tiens dans la main.

- Oui, pas de problème. »

Je lui tends et elle me remercie d'un sourire avant d'en mettre une noisette dans le creux de sa paume.

« Tu étais impressionnante, tout à l'heure, me dit-elle en me rendant mon bien. Quand tu as montré l'exercice avec Dimitri, ajoute-t-elle.

- L'enchaînement était facile, je l'avais déjà travaillé. Mais merci.

- Moi, j'ai eu un peu de mal à le mettre en pratique, m'avoue-t-elle. Heureusement, je suis tombée avec Zelko, c'est un ange de patience. »

Je hoche la tête, sans avoir la moindre idée de qui elle parle.

« Au fait, je m'appelle Ambre. »

Devant mon froncement de sourcils, ses yeux bleus pétillent.

« C'est français, ça se prononce un peu comme Amber. »

Il me semble bien avoir perçu un léger accent quand elle parle.

« Je suis Mikaela, me présenté-je alors en retour.

- Oh, je sais qui tu es. Je suis ravie de te rencontrer. »

Je lui fais un sourire crispé et je ferme les yeux en glissant de nouveau ma tête sous le jet d'eau pour rincer mes cheveux. A côté de moi, Ambre se met à chantonner et à taper du pied tout en se savonnant.

Je reste encore quelques secondes et ferme mon robinet. J'attrape ma serviette, accrochée à la patère et m'enroule dedans. Nous ne sommes plus que cinq filles dans la pièce embuée. Je jette un coup d'œil à l'heure ; il ne me reste plus que dix minutes avant le début du cours suivant. Je me sèche en vitesse, enfile difficilement mon tregging qui ne veut pas passer sur mes jambes encore humides et boutonne rapidement ma chemise ample. Je mets la tête en avant et frotte vigoureusement mes cheveux. Quand je relève les yeux, Ambre sort à peine de la douche, toujours en sifflotant un air que je n'ai jamais entendu.

« Tu devrais te dépêcher si tu ne veux pas arriver en retard en Histoire, je la préviens, en attachant mes cheveux en un chignon bien trop lâche pour tenir longtemps. »

Elle me fait un vague signe de la tête sans se départir de son sourire.

J'attrape mes baskets en toile, les mets à mes pieds, passe ma veste et attrape enfin mon sac. J'examine rapidement mon emploi du temps pour connaître ma salle et me presse pour sortir. Je traverse le gymnase et sors dehors.

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