Du sang au sol. Des cliquetis de chaînes. Une douleur indéfinissable. Des hurlements incessants.
Je me tords entre les draps, mon corps nu couvert de sueur. Je revis mon enfer dans la nuit noire, quand tout le monde dort. Je revis mon enfer chaque fois que je pense que tout va bien. Je revis mon enfer en fermant les paupières, lorsque mon esprit prend le dessus sur ma raison. Quand je ne peux pas être plus vulnérable.
Du sang au sol. Des cliquetis de chaînes. Une douleur indéfinissable. Des hurlements incessants.
Un bruissement près de moi me fait brusquement ouvrir les yeux. J'ignore les rayons de soleil qui m'aveugle et je me relève d'un coup. En une fraction de seconde, je suis debout à côté du lit, mon pistolet dans mes mains, pointé sur l'homme blond à moitié habillé en face de moi, debout de l'autre côté du matelas. La réalité me frappe de plein fouet, et je me recentre finalement sur l'endroit où je suis. Ma chambre d'hôtel. Le matin.
Tout va bien.
« Wow, du calme ! hurle-t-il stupidement en ouvrant de grands yeux bruns effrayés. Ce n'est que moi ! »
Je jure entre mes dents avant de baisser mon arme vers le sol. Cet abruti a failli se faire tuer en essayant de sortir en douce, parce qu'il a le malheur d'être un pauvre pataud incapable d'être silencieux une fois debout sur ses jambes.
« Désolée, je lâche d'une voix neutre en jetant négligemment mon pistolet sur le lit aux draps défaits. Déformation professionnelle.
- Quand tu m'as dit que t'étais dans l'armée, j'avais pas compris que t'étais vraiment dans l'armée et que tu dormais avec un putain de flingue ! crie-t-il d'une voix un peu trop aïgue. »
Je lève les yeux au ciel. Ça m'apprendra à coucher avec le premier humain que je croise dans un bar... Il suffit qu'un truc merde pour qu'ils se mettent à paniquer complètement. Et c'est franchement insupportable.
« Bah qu'est-ce que tu croyais ? je fais d'un ton sec. Je ne mythone pas pour tirer mon coup, personnellement. Pourquoi, toi tu as menti peut-être ? »
Je souris intérieurement en pensant à toutes les foutaises que je raconte tous les jours et à tout le monde. Des fois, je me dis que je suis vraiment une saloperie, et puis je me souviens ensuite qu'en fait, j'en ai rien à foutre.
Lui reste planté là à me regarder, son regard vacillant entre mon corps nu qui l'attire, et mon visage fermé et froid qui le panique, son caleçon au milieu des fesses, son tee-shirt à moitié enfilé et le reste de ses vêtements dans ses bras. Apparemment, il ne sait pas comment réagir, alors je décide de lui donner un petit coup de main.
« Bon, tu n'étais pas en train de te faire la malle là ? je fais en pointant du doigt la sortie.
- Euh... Si, si. Je.. Je vais y aller, hein.
- Ouais, c'est une bonne idée. »
Il cligne stupidement des yeux, et j'essaye de me souvenir pourquoi j'ai décidé de le ramener hier soir dans ma chambre d'hôtel. Ce matin, il me parait tellement con que je ne trouve aucune raison valable, et c'en serait presque comique si je ne pensais pas de cet homme, dont je ne me souviens même pas le nom, qu'il est si pitoyable.
« Au revoir alors, je rajoute. »
Je secoue la main, espérant lui faire enfin comprendre qu'il est temps pour lui de partir, et il finit par se diriger vers la porte en bégayant un adieu. Quand enfin il disparaît de ma vue, je lâche un soupir de soulagement. Dieu que je déteste les matins comme celui-là, quand le gars que je ramène reste dormir et ne sait plus comment réagir une fois le soleil levé et l'alcool envolé. Je passe une main dans mes cheveux courts, et me laisse tomber sur le ventre en travers du lit. Mon regard se pose au sol, et j'éclate d'un rire bref bien malgré moi. Ce guignol a oublié l'une de ces chaussures.
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FantasyMika est une Pure. Jason est un Initié. Pendant leur dixième année de formation comme Chasseurs, ils se retrouvent liés. Aléa de la vie ou véritable destin ? Ce qui est sûr, c'est que cette rencontre changera leur âme à jamais. _____________ L...