Chapitre dix-sept

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Mon couteau fend l'air avec rapidité, et une nouvelle fois, mon adversaire geint de douleur. Sa fourrure grisâtre est tachée de sang, et cela aurait pu être à mon avantage si seulement ses blessures ne guérissaient pas instantanément. Le seul moyen pour moi d'en finir serait de lui couper la tête, unique façon de tuer un loup-garou sous sa forme animale, mais je sais que l'arme précaire que j'ai dans la main ne sera pas suffisante pour trancher chair et os.

Il faut donc que je trouve le moyen de le blesser suffisamment pour que sa guérison prenne du temps, assez de temps pour lui briser le cou afin qu'il retrouve forme humaine.

En face de moi, le loup, qui a retrouvé sa vigueur, se tapit sur ses pattes arrières, et dans un glapissement féroce, se jette sur moi. Au moment où ses griffes s'enfoncent dans mes épaules, je brandis mon couteau, et alors même que je chute par terre, alourdie par quatre-vingt-dix kilos de muscles, je positionne mon bras contre le cou de la bête pour l'empêcher de me déchiqueter le visage. Sa gueule n'est qu'à quelques centimètres de mon visage, et son haleine fétide de viande avariée me coupe presque la respiration. Ses pattes appuyées contre moi m'empêchent de bouger le torse, mais pas mon bras armé et levé contre lui. Je le fais coulisser tout en forçant pour l'empêcher de me mordre, lâche mon couteau dans mon autre main au sol, et dans un cri de rage et de douleur, malgré ses griffes profondément plantée dans ma chair, je n'hésite pas. Je remonte mon bras violemment, le couteau en l'air, et lui ouvre la totalité du flanc gauche en un seul geste puissant.

La bête hurle de douleur, un flot de sang se déverse sur mon bras, et enfin, sa poigne sur moi faiblit. D'un coup de hanches, les pieds posés au sol pour me donner de l'élan, je le fais basculer sur le côté pour me retrouver en position de force, et il a à peine le temps de réagir que je plante mon coutelas jusqu'à la garde dans son torse, droit dans le cœur. Il arrête instantanément de bouger. Tremblante, je reste quelques secondes à reprendre mon souffle, assise sur lui, assaillie par des pics de douleurs au niveau de mes épaules, là où ses puissantes griffes de loup m'ont profondément entaillées. Heureusement que les légendes sont fausses concernant la transmission de la lycanthropie, sinon il est certain que mon vampire aurait un loup-garou pour moitié.

Je me relève, avant d'attraper la bête par le cou, et de lui briser la nuque d'un geste sec. Je retire mon couteau de son torse, et à peine quelques secondes plus tard, son pelage frémit d'une vague invisible, ses os se brisent dans un craquement sinistre et enfin, il est de nouveau humain, nu et évanoui sur le sol. Il mettra de longues heures à guérir, entre sa nuque brisée et l'entaille dans son cœur, mais au moins, je ne l'ai pas tué. Maintenant qu'il est sous sa forme humaine, je m'en sens incapable. Ce n'est qu'un gamin d'une quinzaine d'années tout au plus, et même si lui et sa meute nous ont attaqué sans raison, je ne tuerais pas quelqu'un démuni et désarmé de sang froid. Je ne suis pas un assassin.

Si, tu l'es. Tu es née pour ça, tu n'as appris que ça toute ta vie.

Je repousse ma raison, resserrant ma prise sur mon couteau, et me retourne vers la ruelle. Il ne reste plus qu'un seul loup, énorme, debout, face à Peeta, tous les autres vaincus par les Chasseurs et Jason. Je ne cherche pas à compter les cadavres de lycanthropes, mais je capte quand même une morte de notre camp ; la fille attaquée en première, celle qui a hurlé au début de l'attaque, dont je ne connais même pas le nom.

Le loup restant se jette sur mon frère qui esquive avec facilité en sautant souplement par-dessus le corps évanoui d'une femme nue. Claire, qui a attrapé un arc à l'autre bout de la ruelle, tire une flèche qui se fiche entre les deux yeux de la bête, mais ça ne suffit pas à l'arrêter ; à peine à la ralentir. Jason se jette sur elle au moment où elle allait sauter de nouveau sur Peeta, et ils roulent tous les deux sur le sol. Je m'approche lentement par derrière, mon couteau bien en main, prête à lui trancher la gorge. Mais Jason se retrouve projeté par un coup de patte sur un mur en briques, et soudain, le loup se tourne d'un bond devant moi. Il a les yeux fous, et lorsqu'il renifle dans l'air mon sang qui continue de couler depuis mes blessures, il grogne de contentement. Je brandis mon arme, prête à le recevoir lorsqu'il me sautera dessus.

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