Chapitre neuf

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« Jason ! Ouvre-moi cette porte, bordel ! »

J'entends un ricanement derrière le bois. Je frappe des poings et hurle depuis au moins dix minutes et cet abruti ne veut toujours pas m'ouvrir.

« Jason ! Si tu n'ouvres pas cette foutue porte maintenant, je te jure que dès que je sors, je t'arrache les parties, je t'en fais un collier et te les fais bouffer par le nez !

- Quelle vulgarité, princesse. De si vilains mots ne devraient pas sortir de ton illustre bouche, se moque-t-il d'une voix étouffée.

- Va te faire voir ! »

Encore une fois, le surnom qu'il m'attribue désormais me donne un coup au cœur. Depuis la scène de ce matin, il ne se retient plus du tout puisque tout le monde est désormais au courant pour mes parents. Je ne suis plus Mika pour lui, je suis devenue définitivement princesse, et ça a la don de m'énerver plus que je ne le voudrais.

Je finis par m'asseoir sur le sol de sa salle de bain. Qu'il m'y ait enfermé est une chose, qu'il m'y laisse croupir aussi longtemps en est une autre, et je ne trouve ça plus marrant du tout. Mais tant que je manifesterai ma colère, il n'ouvrira pas cette porte. Comme l'a si bien dit une personne très sage, l'ignorance est le plus grand des mépris.

Quelques minutes de silence suffisent à le faire flancher. Je l'entends m'appeler depuis sa chambre, mais je ne réponds pas. Je n'ouvrirais plus la bouche tant qu'il ne m'aura pas libéré. Finalement, j'entends la chaise qu'il a mit pour bloquer la porte racler contre le sol. Dès que le battant s'entrebâille, je me glisse hors de la salle de bain sans dire un mot. J'essaye de l'ignorer, mais le regard moqueur de Jason a cependant raison de ma résolution et je me mets à lui hurler dessus ; cela a pour effet de déclencher un élan d'hilarité chez lui, ce qui m'énerve encore plus.

« Pourquoi tu rigoles encore ? je grogne.

- Tu devrais voir ta tête, c'est trop drôle ! Dès que tu cries, tu deviens toute rouge, c'est vraiment grotesque, ricane-t-il.

- Ça suffit, donne moi cette feuille maintenant. »

J'essaye vainement d'attraper le papier qu'il tient entre ses mains mais il le lève de sorte à ce que je ne puisse pas l'atteindre.

« T'es gonflé ! Dés que je l'ai eu, j'ai foncé te voir pour qu'on l'ouvre ensemble et tu me fais ce coup-bas ?

- C'est la différence entre toi et moi, princesse. Je laisse le sentimental de côté pour gagner. »

Je rougis sous la remarque. Oui, quand Kyle m'a donné le courrier, je ne l'ai pas ouvert de suite car j'ai voulu que, pour la découverte de nos résultats trimestriels, on soit ensemble. Cela fait-il vraiment de moi une faible sentimentale ?

« Allez, tiens princesse. Tu me fais de la peine. »

Il me tend la feuille. Flairant une nouvelle blague, je lui lance un regard suspicieux mais il ne fait que secouer le papier devant moi. Je m'en saisis prudemment, et voyant qu'il ne fait rien, m'empresse de le lire.

La première ligne indique la note totale de nos épreuves physiques. Pour deux épreuves, nous avons obtenus quinze points quatre-vingt. C'est bien plus que toutes les notes réunies que j'ai eu les deux années précédentes. Bien sur, je vois dans le détail que Jason a eu plus que moi dans la note individuelle de combats, évalués en continu sur toute l'année. En ce qui concerne l'épreuve de survie, nous avons eu un beau dix-sept pour récompenser nos efforts.

La ligne suivante est à propos des épreuves écrites. Au total, seize points quarante. Rien que voir les quatre chiffres s'aligner à la suite me donne envie de sauter de joie. Mes notes tournent toutes autour de dix-huit, et étonnamment, celles de Jason aux environs de quatorze. Notre travail ensemble a payé.

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