Chapitre trois

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Mon corps se fracasse une nouvelle fois avec violence contre le tapis du ring. Je me relève, le souffle court, et lève les poings le plus rapidement possible, mais je suis à peine debout que Dimitri m'envoie de nouveau valdinguer par terre sans aucune délicatesse.

« C'est tout ce que t'as ? crache-t-il en se mettant au-dessus de moi, les poings sur les hanches. J'ai pourtant cru que t'étais plus endurante que ça, Mikaela. »

J'ai l'impression d'avoir perdu mes poumons quelque part sur le tapis tant je suis essoufflée. Dimitri ne me ménage pas pendant nos entrainements quotidiens. C'est une de mes nombreuses punitions depuis ces trois derniers mois : deux heures de combats en plus un matin sur deux durant lesquelles Dimitri à ordre de me briser en mille morceaux. Lui non plus ne digère pas mon petit coup des sédatifs à Calais et il m'en fait baver tous les jours depuis. Il n'a pas vraiment dû apprécier que je le pique alors qu'il s'apprêtait à s'envoyer en l'air avec Zoé.

Je lève mon poing ganté en l'air pour réclamer une pause, incapable de former les mots adéquats tant j'ai du mal à respirer, mais Dimitri ricane.

« Tu veux qu'on s'arrête ? Vraiment ? Relève-toi et bats-toi. C'est un ordre. »

Je le fusille du regard mais je me mets sur mes pieds quand même. Il attaque de suite, balançant son poing dans ma joue puis son pied dans mes côtes, avant de m'attraper par les épaules pour m'envoyer valser contre les cordages du ring. Cette fois, je n'ai plus aucune force pour riposter. Je suis crevée, et je n'ai plus qu'une envie, c'est aller dormir. Même si je viens de me lever, en théorie. Je ne dors plus vraiment beaucoup depuis mon retour.

« Arrête, Dimitri, j'en peux plus, je lâche, le souffle court.

-       Ah ouais ? Et t'en pouvais plus quand t'as compromis une mission en droguant des Chasseurs partis en Traque ? T'en pouvais plus quand t'as fui avec un vampire ? T'en pouvais plus quand tu as essayé de sauver une Créature de l'Ombre ? »

A moitié appuyée contre les cordes, je frémis de rage. Je sais très bien ce que cherche à faire Dimitri. M'énerver, me pousser dans mes derniers retranchements, pour que je passe enfin à l'action et que je me batte. Peut-être ma fierté est-elle trop forte, mais je ne veux en aucun cas lui donner cette satisfaction. Aussi, après avoir jeté un coup d'œil à l'immense horloge du gymnase qui m'indique que les deux heures sont écoulées, tout en essayant de contrôler ma colère, je souris faussement.

« Non, à ces moments-là, j'étais en pleine forme. »

J'enlève mes gants à ces mots, que je jette par terre, et sans plus de cérémonie, je quitte le ring en passant à travers ses cordages. Mes pieds nus résonnent sur le sol froid du gymnase, seul bruit qu'on entend, et je disparais rapidement dans les vestiaires sans laisser à Dimitri le temps de riposter. Je prends une longue douche pour détendre mes muscles noués, et quand je jette un regard dans le miroir embué des vestiaires, je retiens un sourire cynique. J'ai la lèvre inférieure fendue, la pommette gauche éraflée et un début de coquard. Magnifique. Je m'habille rapidement, enfilant un large sweat et un slim avant de sortir des vestiaires, capuche sur la tête. Le gymnase n'est plus vide comme quand je suis partie me changer, et en reconnaissant le petit frère de Zelko, Kais, parmi la classe qui vient d'entrer, je devine qu'il doit s'agir de la promo des quatrièmes années, ce qui explique leur jeune âge apparent. Ils doivent très certainement avoir entraînement, il est presque huit heures du matin. Les chuchotements se taisent quand je m'avance dans la large salle, et je me retiens de leur hurler de se mêler de leur cul. Je sais très bien pourquoi ils me dévisagent tous de leurs grands yeux éberlués, et ça m'insupporte. Je déteste ce sentiment d'être une bête de foire. J'ouvre la porte et me précipite à l'extérieur en prenant garde de ne pas écouter les discussions qui reprennent de plus belle derrière moi. J'ai néanmoins l'oreille trop fine pour ne pas en capter quelques bribes. Une majorité de « T'as vu, c'est elle qui a sauvé un vampire ! », de « Elle est trop bizarre cette fille. », ou encore de « Je crois que c'est la fille des Chasseurs Cherr en plus ! ». Rien de bien nouveau, toujours la même rengaine.

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