Durant ma vie, il y a eu des moments comme celui-là, comme celui que je suis en train de vivre, qui m'ont fait si peur que j'ai cru en mourir sur place. Il y a eu de ces moments où je crevais de trouille, c'est vrai ; ils ne sont pas nombreux, je pourrais les compter sur les doigts d'une main. Mais celui-là, celui qui se déroule en ce moment me paraît être le pire de tous. J'ai pourtant affronté un peu tout et n'importe quoi, mais là... Je ne suis tout simplement plus capable d'encaisser.
Mon cœur qui bat la chamade dans ma poitrine me fait presque mal, et je crains qu'il ne s'arrête d'un coup tant il me paraît surmené depuis ce matin. J'essaye de calmer ma respiration, mais c'est aussi inutile que quoi ce soit d'autre, et je finis par me faire paniquer encore plus - comme si c'était possible. Inconsciemment, je commence à gratter ma Trace sur mon poignet droit, repassant les motifs encore et encore du bout de l'index. Je baisse les yeux sur mon corps, détaillant une nouvelle fois ma robe du regard. Je ne m'y sens pas à l'aise, habituée que je suis aux joggings et aux baskets, mais cette fois, je n'ai pas pu y échapper. J'ai eu beau supplier à qui voulait bien m'entendre, on m'a quand même obligé à l'enfiler. Une fois glissée sur mon corps, il est vrai que je l'ai trouvé magnifique, mais pas pour moi. Elle aurait été parfaite pour Ambre par exemple. Penser à mon amie me calme légèrement, et je me remémore encore une fois nos retrouvailles, les excuses que je me suis empressée de lui faire pour mon comportement mais qu'elle a balayé du revers de la main en prétendant qu'elle ne m'en avait jamais voulu de m'être conduite comme une abrutie. D'ailleurs, en voyant ma robe pendue sur une cintre dans ma chambre, elle en avait hurlé de surprise.
Cette merveille d'étoffes et de soie enserre mon corps, le sublimant par la forme du bustier et par celle de la jupe. Tout en elle est magnifique, ne serait-ce que le tissu bleu foncé, presque noir, qui me fait penser à la couleur d'un ciel de nuit, dont les fibres attrapent les particules de lumière au moindre de mes mouvements, donnant l'impression que le tissu s'illumine comme si des étoiles y étaient accrochées. Mon cou et le haut de mon torse sont dénudés, les manches tombant sous mes épaules en de fines bretelles qui tiennent comme par miracle tant elles paraissent fragiles. Un corset moule ma taille, lacé dans mon dos, et est rattaché à une jupe évasée qui descend jusqu'à mes chevilles. Elle n'est pas bouffante comme je m'y étais attendu, m'imaginant une robe de princesse meringuée, mais elle suit les lignes de mon corps tout en étant voluptueuse, comme si elle flottait autour de moi.
Sa beauté ne m'empêche pas d'être mal à l'aise, comme si je ne me trouvais pas à ma place.
Je lève la tête vers le ciel bleu, exempté de tout nuage, profitant des rayons de soleil sur ma peau pour m'apaiser encore un peu. Ce qui aurait pu marcher, si seulement des éclats de voix ne m'étaient pas parvenu depuis l'intérieur du bâtiment en face de moi. Je redescends vite sur terre, me rappelant pourquoi je suis là, dans cette robe trop belle pour moi, à attendre anxieusement sur la pelouse que le pire moment de ma vie ne commence.
Qui aurait cru que la nouvelle directrice de l'Académie aurait autant envie de fuir sa propre Cérémonie de Couronnement ?
« Ça va bientôt être à vous, madame, m'annonce l'un des quatre Chasseurs qui attendent avec moi à l'extérieur de l'unique chapelle de l'école.
- Oui, je sais, je réponds les dents serrées, encore plus sèchement que je ne l'aurais voulu. »
Soudain, en parfaite coordination avec l'importun qui vient de me rappeler l'inévitable, les portes de la chapelle s'ouvrent devant moi, sur un tapis blanc qui se poursuit dans l'allée principale et s'arrête à l'autel, devant le petit escalier sur lequel se tient le révérend Connor, l'homme qui va officier ma Cérémonie. De chaque côté, des bancs s'alignent les uns derrière les autre, sur lesquels sont assis la centaine de personnes présentes. S'y mélangent élèves, professeurs, Chasseurs qui ne sont pas en mission, et même quelques Anciens qui ont fait le déplacement. L'orgue qui trône au fond du petit bâtiment entame l'Hymne de la Caste et la totalité de l'assistance se lève alors dans un seul mouvement et tourne la tête vers moi.
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FantasyMika est une Pure. Jason est un Initié. Pendant leur dixième année de formation comme Chasseurs, ils se retrouvent liés. Aléa de la vie ou véritable destin ? Ce qui est sûr, c'est que cette rencontre changera leur âme à jamais. _____________ L...