Chapitre sept

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« Encore ? je m'exclame, exaspérée. »

Je lève les yeux au ciel. Le plafond blanc, éclatant de lumière à cause des néons aveuglants, me fait cligner douloureusement des yeux.

« Oui, encore. »

Je dévisage le médecin debout à mes côtés. Il se tient droit dans sa blouse immaculée, ce que je devine comme étant mon dossier médical dans ses mains. La petite pièce est vide, seulement occupée par le lit sur lequel je suis allongée. A ma droite, une immense vitre sans tain occupe la totalité du mur. Je sais que derrière, des tonnes de médecins essayent de comprendre mon cas exceptionnel. Ce qui est totalement bidon, parce que je ne suis pas malade.

Je suis juste envoutée.

Mais eux, ils veulent absolument trouver une solution miracle à tous mes problèmes. Du coup, je suis devenue une sorte de rat de laboratoire, observée nuit et jour par des tonnes de gens en blouse, et je n'ai qu'une envie, leur dire d'aller se faire foutre.

« Allez, assieds-toi. »

J'obéis, et me relève dans le lit. Il accroche autour de mon poignet un bracelet censé mesurer mon rythme cardiaque, et colle sur mes tempes deux électrodes. Il se tourne ensuite vers la perfusion près de ma tête, accrochée au-dessus de mon lit, dont le tube rejoint le creux de mon coude et directement une des mes veines.

« Rallonge-toi, ça va commencer. »

Je m'exécute, fixant mon regard sur le plafond et calant ma tête contre l'oreiller posé en haut de mon lit.

« C'est parti. »

Presque immédiatement, je sens le sédatif glacé se répandre dans mon sang. Rapidement, ma vision devient floue, mon cœur résonne de plus en plus lentement dans mes oreilles, et je tombe dans l'inconscience.

J'ouvre les yeux d'un coup, complètement paniquée. Ma respiration est hachée, sifflante, et j'ai du mal à resituer les choses. Je suis dans une pièce aux murs impersonnels, et quand je baisse la tête, j'ai comme une envie de vomir. J'ai bougé trop vite, et je suis saisie d'un vertige.

« Mikaela, doucement. »

La voix masculine me parvient de loin, comme si elle avait du mal à transpercer un voile opaque dans mes oreilles, me privant d'une ouïe parfaite. Finalement, après quelques secondes, tout se remet en place. J'avise le cathéter accroché à mon bras, le tensiomètre autour de mon poignet, le médecin qui me tient par le bras pour essayer de me faire rasseoir.

« C'est bon ? me demande-t-il en m'observant attentivement. Tu sais où tu es ? »

Je hoche la tête. La minute d'incompréhension suivant chacun de mes réveils est passée, et je sais parfaitement ce qui m'arrive. Je passe une main lasse sur mon visage, avant de me laisser tomber en arrière dans le lit.

« Combien de temps ça a duré cette fois ? je questionne. »

J'ai toujours un sale goût de bile dans la bouche, mais au moins, je n'ai plus la tête qui tourne. J'observe la pièce autour de moi, où rien ne m'indique ce qui a bien pu se passer lors de cette nouvelle possession.

« A peine une heure. T'as essayé de te lever et de te débrancher, puis tu es restée assise sans rien faire quand tu m'as vu.

-       Comme à chaque fois, je réplique d'une voix amer. »

Les médecins, voulant absolument comprendre le fonctionnement de la possession, ne cessent de me plonger artificiellement dans le sommeil pour observer le moindre de mes faits et gestes, et pour pouvoir mesurer tout plein de choses de médecins auquel je ne comprends que dalle. Mais à chaque fois, je m'active pendant quelques minutes apparemment, avant de stopper toute activité et de rester impassible, alors que je crapahutais dans tous les sens lors de mes premières crises.

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