Chapitre deux

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« Je peux savoir à quoi tu joues ? hurle Peeta en arrivant à grandes enjambées. »

Je soupire et me renfonce dans mon fauteuil. Je patiente depuis plus d'une dizaine de minutes, et voir mon frère débouler aussi furax me donne déjà la migraine. La porte claque, puis il contourne son bureau et s'assoit en face de moi, les sourcils froncés et les bras croisés en signe de colère.

« Mais qu'est-ce qui a bien pu te passer par la tête putain ? »

Il crie, jure et gesticule, mais je ne l'écoute pas vraiment. Sa colère m'est totalement indifférente, tout comme ses menaces de punition.

« Tu m'écoute quand je te parle Mika ? »

Je secoue la tête en retenant un sourire. J'aime bien le provoquer, c'est facile de le mettre en rogne et c'est bien la seule distraction un tant soit peu amusante qui rythme désormais mon quotidien.

« Non, pas vraiment en fait, je réponds en soutenant son regard.

- Ne commence pas, lâche-t-il à voix basse. Je peux savoir ce qui t'as pris de frapper Kyle ? »

Je soupire, n'ayant pas vraiment envie de parler de ça avec lui. Je connais Peeta, les seules choses qu'il trouvera à me dire sont toujours les mêmes : je suis inconsciente, je le déçois, je suis une gamine immature, et j'en passe des meilleures.

« Il m'a provoqué, je réponds.

- C'est un professeur, Mika. Un professeur ! »

Que Kyle soit prof, qu'il ait cent ans de plus que moi ou que je lui doive le respect m'importent peu. Il méritait mon poing dans sa tronche tout comme n'importe quelle personne qui m'aurait volontairement cherché.

« Des conneries tu m'en as fait, mais là, t'as atteint les limites. Je sais plus quoi faire de toi. Enfin, regarde-toi un peu ! Depuis que t'es rentrée de Bruxelles, c'est n'importe quoi ! »

Comme si je ne le savais pas. Comme si je ne savais pas que mon comportement est totalement autodestructeur. Comme si je ne savais pas que je suis en train de tout gâcher.

Je me rends compte de tout ce que je fais, de tout ce que je dis, et c'est ça le pire. C'est que plus rien ne m'importe vraiment, comme si j'étais spectatrice de ma propre chute plus bas que terre.

« Si tu continues comme ça, non seulement tu vas te mettre à dos la totalité des personnes qui peuvent te former pour être Chasseuse, continue de crier mon frère, mais en plus ça, tu pourras carrément dire adieu à cet avenir ! Tu capte ce que je te raconte ou pas ? Tu comprends que t'es en train de creuser ta propre tombe ? »

Je ne réponds rien, détournant le regard, préférant m'enfermer dans le mutisme. Je ne supporte pas que Peeta, le parfait grand frère qui a tout bien réussi, me fasse la leçon. Je peux très bien gérer toute seule et je n'ai pas besoin de lui pour me dire ce que je dois faire ou pas.

« Ça suffit maintenant, soupire Peeta en se basculant en arrière. Faut que t'arrêtes. J'ai compris, ça va pas, ce qui s'est passé en Belgique, tout ça, ça t'as touché. Mais passe à autre chose, avance. Tu ne peux pas te permettre de péter les plombs maintenant. Il te reste trois mois à tirer Mika, trois mois et tout ça sera fini. »

Même si je nourris depuis des années une profonde rancœur à l'égard de mon grand frère, l'entendre essayer d'être compatissant ne m'aide pas à l'ignorer. Ça me touche en plein cœur, et il me faut toute la volonté du monde pour ne pas essayer de le regarder dans les yeux et continuer de fixer les fenêtres derrière lui, pour lui prouver que je suis hermétique à tout ce qu'il peut bien me dire.

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