Chapitre trois

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« Capheus t'attends. »

Je relève la tête vers Amelia, qui me lance un grand sourire que je ne lui rends pas. Je n'ai jamais pu supporter cette connasse en hauts talons et robes moulantes, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer, qu'elle soit le bras droit de Capheus ou non. Je passe les doigts dans ma botte pour ranger le couteau que je faisais virevolter entre mes doigts pour passer le temps, avant de me lever du fauteuil dans lequel j'étais assise pour suivre Amelia. Ses longs cheveux blonds se balancent dans son dos au rythme du bruit de ses escarpins sur le marbre du couloir que nous empruntons, et enfin, on arrive au bureau de Capheus. Elle toque deux coups contre la lourde porte en chêne, avant de pousser le battant et de se décaler pour me laisser entrer. Elle ferme la porte derrière moi, et j'attends alors, droite comme un i, le regard fixé sur le fauteuil en cuir tourné vers les grandes fenêtres qui occupent tout le mur du fond. Finalement, après une minute de silence, le fauteuil se tourne et Capheus m'apparaît. Il se lève lentement, arrangeant du bout des doigts son costume bleu nuit parfaitement taillé qui contraste divinement avec sa peau claire, avant d'afficher un sourire.

« M, me salue-t-il de sa voix mielleuse. Approche. »

J'obéis, toujours aussi silencieuse, et m'avance jusqu'à son bureau en bois noir, les mains croisés dans le dos. Il se penche vers moi, et m'attrape alors par la nuque pour poser violemment ses lèvre sur les miennes. Cela ne dure que quelques secondes durant lesquelles je ne réagis pas, le laissant prendre possession de ma bouche en anesthésiant toute pensée ou réaction qui pourrait le vexer, et finalement il se recule, ses yeux noirs, comme d'ordinaire, toujours aussi vides d'émotions. Il passe une main dans ses courts cheveux blonds, avant de finalement m'inviter à m'asseoir sur l'un des fauteuils en face du sien en affichant son éternel sourire sournois.

« Je t'écoute, m'invite-t-il enfin à parler en s'asseyant à son tour.

- La cible a été éliminée comme prévu, et je me suis débarrassé du corps sans aucun problème.

- Des témoins ? questionne-t-il même s'il connaît déjà la réponse.

- Deux. Il n'y a pas à s'en faire pour eux, je m'en suis occupé.

- Bien. »

Il accompagne ce simple mot d'un hochement de tête imperceptible, avant de se basculer dans son large fauteuil en cuir pour s'installer plus confortablement. Ses yeux scrutateurs balayent alors mon visage, avant de descendre et de s'arrêter fixement sur ma poitrine. Je sais d'ors et déjà les prochains mots qui seront les siens, et j'annihile instantanément toute pensée rebelle de mon esprit. Je n'ai aucune envie de donner à Capheus une raison de me punir, pas aujourd'hui.

« Debout, dit-il soudain d'une voix sèche. Et mets-toi à l'aise. »

J'obéis sans protester, laissant choir pull, débardeur et soutien-gorge au sol avant de me tenir debout devant lui, les bras le long du corps en fixant un point à l'horizon pour oublier cette situation humiliante. J'ai beau la subir assez souvent, je ne m'y habituerais jamais. Soudain, Capheus agrippe mon poignet, et me tire d'un coup à lui sans une once de douceur, me forçant à m'asseoir sur ses genoux, mes jambes de part et d'autre des siennes. Il attrape mon menton et m'oblige à regarder droit dans ses yeux froids et vides de toute émotion, passant son autre main dans mon dos et frôlant du bout des doigts les traces marquant ma peau pour l'éternité, s'éternisant notamment sur les quelque unes qu'il m'a lui-même infligé. Il remonte vers mes omoplates, son regard toujours rivé dans le mien que je tâche de garder neutre, avant d'arriver jusqu'à ma nuque. Là, il attrape sans crier gare ma chaîne avant de tirer violemment, la faisant remonter de l'autre côté autour de mon cou.

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