Chapitre quatre

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A la mi-octobre, Dimitri nous fait travailler pour la première fois avec des armes dans le cours de Défense. C'est l'évènement de la semaine ; mes camarades en parlent depuis des jours et des jours. Dans les vestiaires, les filles n'arrêtent pas de jacasser. C'est à celle qui parlera le plus fort. Même Ambre, installée à côté de moi sur le banc, débat avec sa voisine, Faustin, de la meilleure arme selon elle.

« Mikaela, me prend-elle tout à coup à parti. Dis-moi, c'est quoi le mieux pour toi ? »

De nombreuses conversations s'arrêtent. Ambre a parlé fort, et d'un coup, elles s'intéressent toutes à mon expérience.

Je sens le rouge me monter aux joues, mais je ne me démonte pas.

« L'arc. »

Plusieurs regards surpris se posent sur moi. Les armes à feu sont de loin les préférées de la plupart des Chasseurs, tout le monde sait cela. Mais moi, un bon arc et des flèches font mon bonheur. J'apprécie la fluidité des mouvements que l'on a avec.

« Un arc ? Sérieux ? crache Meredith. »

C'est la première fois qu'elle m'adresse la parole ; d'habitude, elle se contente des regards venimeux. J'aurais préféré qu'elle s'en contente, ça m'aurait évité l'ennui de l'écouter me parler avec suffisance.

« Oui. Après, un choix d'arme est totalement subjectif, ajouté-je. Vous verrez bien dans quelques minutes. »

Puisque je suis prête, je mets fin à ces regards posés sur moi en sortant du vestiaire. A côté du tableau blanc, au fond du gymnase, Dimitri a disposé tout un arsenal sur une table. Un troupeau de garçons est déjà là-bas, mourant d'envie de commencer l'entraînement.

Je repère tout de suite l'objet de ma convoitise. Il n'y a que quatre arc de disponibles, les professeurs sachant très bien que peu des élèves s'entraînent dessus.

Avant de nous laisser avec les instruments mortels entre les mains, Dimitri nous fait tout un discours sur le danger des armes, et nous énonce quelques règles rudimentaires.

« Vous ne tirez jamais si quelqu'un se trouve dans le champ de tir, même s'il se trouve à plusieurs mètres de vous. Vous ne visez jamais quelqu'un d'autre, seulement les cibles. Je ne veux pas voir de blagues, de plaisanteries idiotes, ou autres conneries si vous avez une arme entre les mains. Le premier qui joue au con sera viré de mon cours pour durée indéterminée et aura un zéro dans sa moyenne générale. Compris ? »

La plupart de mes camarades n'écoutent déjà plus depuis longtemps. Ils n'attendent qu'une chose : que Dimitri lance le feu vert, pour se précipiter sur une arme et commencer la séance.

Je me sers la dernière, et comme prévu, personne n'a choisi le tir à l'arc. J'en prends un, me saisis d'un carquois contenant une cinquantaine de flèches, ainsi que d'une palette que je glisse sur mes doigts.

Je repère Jason, et me mets entre lui et Ambre. A environ vingt mètres devant moi, une cible à la forme humanoïde est posée sur un trépied.

Jason a choisi un revolver, et Ambre des couteaux.

« Qu'est-ce que c'est ? me demande-t-elle en fixant le morceau de cuir sur mes doigts. »

Elle dévisage ce petit bout de tissu noir, indispensable à un archer émérite. Il est retenu à ma main droite par un anneau autour de mon majeur, et une pièce allongée est placée entre lui et mon index afin d'éviter que je pince la flèche. Celui-ci a également une cale, que je placerai entre mon index et ma mâchoire au moment de tirer.

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