Chapitre 21

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Je me réveillai au moment où Esteban ouvrit la porte à la volée. J'eus peur d'être encore en retard donc je me dépêchai de m'habiller. Je revins vers lui et lui dis :

- Je suis prêt ! Désolé d'être en retard !

Il resta silencieux pendant un moment. Je commençai à me demander ce que j'avais bien pu faire de mal... Finalement, il éclata de rire.

- Euh... J'ai raté quelque chose ? lui demandai-je.

- C'est la réaction que tu as eu quand je suis rentré dans ta chambre qui m'a fait rire. Si tu avais vu la tête que tu faisais...

C'était rare de le voir rire, surtout pour quelque chose dans ce genre. Comme quoi, rien n'est impossible...

- Allez viens, c'est l'heure de ton entraînement, me fit-il.

Je passai devant lui, nous sortîmes tranquillement. Il semblait de bonne humeur mais quelque chose clochait. Je n'arrivais pas à savoir quoi... J'arrêtai d'y penser pour me concentrer sur le chemin. J'étais pressé de commencer, j'accélérai le pas pour arriver plus vite.

Nous arrivâmes devant l'entrée du lac rapidement. Je me tournai vers Esteban, attendant ses instructions. Toute sa bonne humeur semblait avoir disparu.

- Nous allons reprendre ce que je t'ai appris hier, me dit-il, sauf que tu vas apprendre à le faire avec d'autres éléments que l'air.

Esteban s'éloigna, sous prétexte que je me débrouillerai très bien tout seul. Il me fallut du temps pour ressentir ce que ressentais chacun des autres éléments, mais j'y parvins. Trouver la limite pour chacun d'entre eux n'était pas facile. Les sensations que j'éprouvais me paraissaient différentes qu'avec l'air mais je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui avait changé. Je fis signe à Esteban que j'avais fini. Il me rejoignit. Il avait l'air soucieux.

- Tu as réussi à ressentir ce que ressentent tous tes éléments ? s'enquit-il.

J'acquiesçai.

- Très bien. Tu n'as pas ressenti comme une sorte de gêne avec certains d'entre eux ?

- Si, mais je n'arrive pas à savoir d'où elle provient.

- C'est normal, tu vas comprendre pourquoi. Lève-toi.

Je m'exécutai.

- Maintenant, ressens ce que ressent la terre et ferme les yeux !

Je fis ce qu'il me demandait. Je le sentis, quelques mètres devant moi. Il marcha vers la droite puis disparut subitement. C'était comme s'il avait cessé d'exister. J'eus beau me concentrer, je ne retrouvai sa trace nulle part.

- Ouvre les yeux, m'ordonna-t-il.

J'obéis. Il volait juste devant moi. Pourtant je ne l'avais pas ressenti avec la terre. Comment était-ce possible ?

- Tu te demandes comment j'ai fait pour disparaître n'est-ce pas ? Hé bien je me suis tout simplement envolé !

Je me demandai s'il se moquait de moi. S'il avait simplement volé, je l'aurais senti ! Soudain, une idée me traversa la tête.

- Je présume que la terre ne peut ressentir que ce qui la touche, c'est bien ça ? m'enquis-je.

- Exactement !

- Mais alors pour l'eau, quel est le problème ? Il y en a partout autour de nous !

- Tu ne devines pas ?

- Pas vraiment...

- Il n'y en a pas assez autour de nous. Ce que l'eau ambiante ressent est, je dirais... incomplet. Il faut que tu sois dans un milieu uniquement composé d'eau pour que tu puisses te servir de ce qu'elle ressent. Un peu comme la terre d'ailleurs.

Histoire d'un élémentariste 1 - RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant