(Réécriture) Reality - Tome 3 - Abby et son Prince Charmant...

01 - It's A Beautiful Day - Part 1

PDV Abby

Bon Abby, tu vas y arriver ! Il n'y a pas de raison ! De toute façon, c'est ton premier jour, ils ne verront pas tout de suite que tu es incompétente...

Voilà comment je me sermonnais à mesure que je me dégonflais, mes pas se faisant de plus en plus hésitant marche après marche. Je fixais cette grande porte avec son énorme plaque dorée sur le côté gauche parfaitement identique à celle posée à droite de l'entrée. «Multiverse Music» ! L'une des plus grosses maisons de production de musique à New York, reconnue dans le monde entier...

Rien que ça !

Et puis, Nell et Drew n'avaient pas tout à fait tort lorsqu'elles m'avaient rappelé qu'ils ne seraient pas venus me chercher jusqu'en France s'ils me pensaient incompétente. En plus, ils devaient bien avoir conscience qu'il s'agissait là de mon premier boulot, puisqu'ils m'avaient cueillie toute fraîchement sortie de mon école française, juste diplômée avec mention. Bon, certes une mention « excellente », mais la théorie restait de la théorie, et j'ignorais tout de la pratique au quotidien sans le soutien d'un professeur. J'étais totalement terrorisée. Au point d'avoir mis une tonne de déodorant et même envisagé de mettre une serviette hygiénique sous mes aisselles déjà couvertes de talc ! Le stress m'avait tenue éveillée une grande partie de le nuit, sans compter mon estomac noué qui m'avait fait renoncer à mon petit-déjeuner.

Et si je n'y arrive pas ? Et si je passe pour une incompétente ? Et si je me plante complètement ? Et mes collègues ? Vont-ils m'apprécier ? Sont-ils plutôt gentils ou plutôt du genre charogne qui t'use jusqu'à la moelle en s'attirant les mérites de ton travail ou de tes idées ? Le manager est-il un tyran ou quelqu'un d'humain ? Et mon intégration ? Comment allait-elle se faire ? Seule comme une grande fille jetée en pâture dans la jungle sans filet, ou accompagnée par une sorte de mentor ?

Des questions anxiogènes, j'en avais des dizaines qui me hantaient en permanence depuis le jour où j'avais reçu réponse pour ce poste.

Aller aujourd'hui, je fête mes 25 ans, rien ne peux me résister !

Voilà ce que je ne cessais de me répéter pour lutter contre mes doutes. Pour paraphraser un de mes groupes musicaux que j'idolâtre plus que tout, le groupe magique qu'est Queen : « c'est une journée magnifique. Le soleil n'est pas encore tout à fait levé, mais il va briller. Je me sens bien, je me sens en pleine forme. Et plus personne ne va m'arrêter maintenant, oh ouais ! »

Il fallait que je positive, pour tout bonnement ne pas me planter. J'avais lu quelque part que notre pensée pouvait influer sur nos actes. Donc si je me mettais dans un état d'esprit positif et assuré, j'avais plus de chance que cette première journée se passe bien. Après tout, j'étais de retour aux États-Unis depuis peu, et cette vie à New York se profilait bien. La preuve, ce matin-même, j'avais pris le métro pour la première fois depuis des années et je ne m'étais ni perdue, ni fait éjectée contre le mur par un type pressé.

Oui, j'ai matière à positiver, alors positivons !

Après avoir jeté un dernier coup d'œil dans la vitrine d'un magasin, alors que j'arrivais au pied de l'immense escalier de l'immeuble de mon futur emploi, je pus constater avec soulagement que mes cheveux n'avaient pas trop souffert de cette épreuve.

Cette journée est décidément bénie des Dieux ! Alors pourquoi stresser ? Et puis, après tout, on ne va pas me mettre au bûcher dès le premier jour. Non ?

J'ajustai le trench crème que je portais sur la tenue que Sean m'avait préparée et remis la veille dans une housse toute fraîchement sortie du pressing. Car, dois-je préciser, qu'à peine avais-je remis un pied sur le continent, j'avais reçu un appel de sa part pour me faire part du planning shopping qu'il m'imposait.